CLAREFONTAINE-EN-YVELINES: Le nouveau sélectionneur Hervé Renard s'est plongé dans le grand bain lundi avec la découverte de ses joueuses et le maintien de Wendie Renard comme capitaine, rare signe de continuité dans une équipe de France féminine en pleine transformation à quatre mois du Mondial.
Premier discours au groupe, première séance d'entraînement sous le soleil du centre d'entraînement de Clairefontaine, premier point presse et première décision forte sur le capitanat...
Le charismatique entraîneur de 54 ans a fait entrer les Bleues dans une nouvelle ère, après cinq ans et demi de rassemblements dirigés par Corinne Diacre, écartée le 9 mars.
Pour ce baptême du feu aux commandes d'une équipe féminine, Renard a eu les mots et les regards.
Les mots ? Dans le secret du château des Yvelines, qu'il découvrait, il a demandé à ses joueuses "une cohésion totale" et "un état d'esprit irréprochable" après plusieurs mois de tensions avec l'ancienne sélectionneuse, comme il l'a relaté plus tard en conférence de presse.
Les regards ? Sur le terrain en fin de journée, le "Sorcier blond" est essentiellement resté dans l'observation, laissant les ateliers techniques à ses adjoints Eric Blahic et Laurent Bonadéi et préférant scruter, à distance, les performances de ses troupes.
«Vie de groupe»
"C'est habituel pour moi en début de semaine. On s'aperçoit de beaucoup de choses quand on a un rôle d'observateur. Au fur et à mesure, on rentrera dans un travail tactique et je prendrai les choses en main", a-t-il expliqué.
Pour Renard, la prise en main d'une des sélections favorites pour la Coupe du monde en Australie et en Nouvelle-Zélande, du 20 juillet au 20 août, ressemble à une mission commando : seuls quatre matches amicaux sont au programme avant l'entrée en lice des Bleues au Mondial.
Les deux premiers ont lieu ces prochains jours, contre la Colombie vendredi (21h10) à Clermont, puis face aux championnes olympiques canadiennes quatre jours plus tard au Mans.
Il ne fallait donc pas traîner pour établir une hiérarchie au sein du groupe. Et sans surprise, il a choisi son homonyme, Wendie Renard, pour conserver le brassard de capitaine.
Première joueuse de l'effectif à s'être mise "en retrait" de la sélection pour demander des changements dans le management, la Lyonnaise sera assistée par deux vice-capitaines, Grace Geyoro et Eugénie Le Sommer. En froid avec Diacre, cette dernière a fait son retour pour la première fois depuis deux ans.
"Je voulais leur adhésion totale, je suis ravi qu'elles aient accepté. Chacun doit tenir son rôle, la vie de groupe est importante pour mener un groupe vers un succès. On n'a plus qu'à aller de l'avant", a développé Hervé Renard.
Le sélectionneur n'a pas hésité à mettre la pression sur les frondeuses: "On va les attendre au tournant. Mais je suis sûr qu'elles sont prêtes", a-t-il lancé. Marie-Antoinette Katoto et Kadidiatou Diani, rebelles comme Wendie Renard, sont toutefois blessées pour ce rassemblement.
Majri avec sa fille
L'entraîneur double vainqueur de la Coupe d'Afrique des Nations saura-t-il rapidement s'adapter à un monde qu'il connaît peu ? Il n'a pas chômé ces derniers jours, faisant une apparition dans trois stades franciliens de D1 féminine ce week-end, à Fleury, au Paris FC et au Paris SG... Des images rares d'un sélectionneur en tribunes sous le mandat de Corinne Diacre.
Le travail peut commencer pour l'ancien défenseur, et plusieurs chantiers l'attendent. Il lui faut notamment trouver une animation offensive en l'absence des deux attaquantes phares des Bleues, Katoto et Diani.
Le début de mandat d'Hervé Renard est aussi marqué par un virage à 180 degrés dans la composition de l'effectif. Outre le retour de Le Sommer, meilleure buteuse de l'histoire (86 buts), plusieurs fidèles de Diacre sont absentes, comme les Montpelliéraines Charlotte Bilbault et Marion Torrent.
La jeune maman Amel Majri retrouve, elle aussi, le centre d'entraînement des Yvelines, et sera accompagnée pendant le stage de sa petite fille de neuf mois, une première dans l'histoire de la sélection.
Hasard du calendrier, cette nouvelle ère s'accompagne également d'un nouveau maillot pour les Bleues, présenté par la Fédération et son équipementier lundi matin. Pas de doute, une page s'est tournée.