Le budget des armées françaises poursuivra sa hausse jusqu'en 2030

Des soldats français débarquent d'un navire de transport alors qu'ils participent à un exercice militaire à grande échelle à Frontignan, dans le sud de la France, le 26 février 2023 (Photo, AFP).
Des soldats français débarquent d'un navire de transport alors qu'ils participent à un exercice militaire à grande échelle à Frontignan, dans le sud de la France, le 26 février 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 04 avril 2023

Le budget des armées françaises poursuivra sa hausse jusqu'en 2030

  • L'enveloppe consacrée aux armées s'élèvera à 413 milliards d'euros sur sept ans – dont 13 milliards de recettes extra-budgétaires
  • L'aide militaire française à l'Ukraine ne sera pas incluse dans cette somme, précise le ministère des Armées

PARIS: Le projet de Loi de programmation militaire français (LPM) 2024-2030, présenté mardi en Conseil des ministres, prévoit des hausses annuelles "sans précédent" de 3 à 4 milliards d'euros du budget des armées, sur fond de retour de la guerre en Europe.

"Cette LPM acte une hausse du budget défense sans précédent" pour atteindre 69 milliards d'euros en 2030 contre 32 milliards en 2017, fait valoir l'entourage du ministre des Armées Sébastien Lecornu, qui admet toutefois avoir priorisé certains programmes d'armement au détriment d'autres.

L'enveloppe consacrée aux armées s'élèvera à 413 milliards d'euros sur sept ans – dont 13 milliards de recettes extra-budgétaires. L'aide militaire française à l'Ukraine ne sera pas incluse dans cette somme, précise le ministère des Armées.

Un effort conséquent qui se justifie par "la dégradation très rapide du contexte géopolitique" marquée par la guerre en Ukraine, mais aussi "l'apparition de nombreux sauts technologiques qui ont un coût", explique-t-on au ministère.

Le budget des armées va augmenter de 3,1 milliards d'euros en 2024 puis de 3 par an de 2025 à 2027, avant des "marches" de 4,3 milliards par an à partir de 2028, soit au-delà du quinquennat en cours.

Une "trajectoire plancher" à laquelle "il faudra éventuellement prévoir des compléments" en fonction de la menace, souligne le ministère, qui espère une adoption de la LPM par le Parlement avant le 14 juillet.

Sébastien Lecornu souhaite par ailleurs solliciter une dépense supplémentaire de 1,5 milliard d'euros en 2023, en sus d'un budget annuel de 43,9 milliards.

Objectif : parer aux "urgences opérationnelles", notamment en matière de drones et de lutte anti-drones, une des faiblesses du dispositif militaire français révélées par l'Ukraine, mais aussi amortir les effets de l'inflation.

La hausse des prix rogne en effet mathématiquement l'augmentation du budget défense. Son effet est estimé à trente milliards d'euros sur sept ans, reconnaît le ministère.

Et malgré des moyens en nette hausse, tous les besoins prévus ne seront pas satisfaits.

"Il n'y a pas de renoncement dans cette LPM, il y a des révisions de cadencement, quelques matériels pourront ne pas arriver en nombre aussi important que prévu à l'horizon 2030", explique l'entourage du ministre.

Programme Scorpion en recul

Le programme Scorpion de renouvellement de la composante blindée de l'armée de Terre par des engins connectés entre eux en fera les frais, avec "de l'ordre d'une centaine de Jaguar en moins" en 2030 sur les 300 initialement prévus et "quelques centaines" de blindés Griffon et Serval également décalés post-2030, en contrepartie d'un prolongement de la vie des VAB et AMX-10RC, dont quelques dizaines ont été promis à l'Ukraine.

De même, les livraisons de 42 avions de combat Rafale prévues entre 2027 et 2030 sont étirées jusqu'à 2032. En 2030, l'armée de l'Air disposera de 137 Rafale contre une cible initiale de 185. Et la Marine ne pourra compter en 2030 que sur trois des cinq frégates de défense et d'intervention.

Les livraisons d'avions de transport A400M, essentiels pour déployer des moyens jusque dans la zone Pacifique, seront accélérées, passant de 20 appareils actuellement à 35 en 2030, mais l'objectif final de 50 appareils reste en discussion.

Sont en revanche préservés les programmes liés à la dissuasion nucléaire, gros poste de dépenses, ou le calendrier du porte-avions de prochaine génération, amené à faire la jonction avec le Charles-De-Gaulle à horizon 2038. La provision annuelle pour financer les opérations extérieures est fixée à 800 millions d'euros.

Dans le domaine spatial marqué une conflictualité grandissante, Paris financera les études de la prochaine génération de satellites Celeste de renseignement d'origine électromagnétique et le successeur du programme Yoda de satellite patrouilleur, destiné à tenir à distance des satellites français les engins spatiaux trop curieux.

Le troisième satellite Syracuse IV de communication est en revanche abandonné au profit d'une constellation dont les contours restent à définir.

Conséquence des enseignements tirés en Ukraine, Paris veut également augmenter son effort sur les munitions et l'artillerie avec les canons Caesar et le remplacement en 2027 des lance-roquette unitaires (LRU) par des lance-roquettes américains Himars ou une solution européenne, "ce sujet n'est pas tranché", selon le ministère.

La LPM prévoit enfin le financement du démonstrateur du Système de combat aérien futur (Scaf) et des études sur le futur char de combat franco-allemand MGCS.


Mandat d'arrêt de la CPI contre Netanyahu: la France «doit appliquer les règles», estime Braun-Pivet

Paris a "pris acte" jeudi de ces mandats d'arrêt, rappelant "son attachement au travail indépendant de la Cour" mais sans dire explicitement si la France procéderait à leur arrestation si ces personnes se rendaient sur son territoire.  L'Italie et le Royaume-Uni ont en revanche immédiatement annoncé qu'ils respecteraient leur engagement auprès de la CPI. (AFP)
Paris a "pris acte" jeudi de ces mandats d'arrêt, rappelant "son attachement au travail indépendant de la Cour" mais sans dire explicitement si la France procéderait à leur arrestation si ces personnes se rendaient sur son territoire. L'Italie et le Royaume-Uni ont en revanche immédiatement annoncé qu'ils respecteraient leur engagement auprès de la CPI. (AFP)
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  • La Cour pénale internationale, à laquelle Israël n'a pas adhéré et dont les États-Unis se sont retirés, a lancé jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de Benyamin Netanyahu et du chef de la branche armée du Hamas palestinien Mohammed Deif
  • "A partir du moment où la France est signataire, adhérente du statut de Rome et reconnaît la CPI, je pense qu'elle doit appliquer les règles qui en découlent, il n'y a pas de raison d'y déroger", a expliqué Yaël Braun-Pivet sur Sud radio

PARIS: La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (Renaissance) a estimé mardi qu'en tant que signataire du statut de la Cour pénale internationale, la France "doit appliquer les règles" et arrêter le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu s'il venait sur le territoire hexagonal.

"A partir du moment où la France est signataire, adhérente du statut de Rome et reconnaît la CPI, je pense qu'elle doit appliquer les règles qui en découlent, il n'y a pas de raison d'y déroger", a expliqué Yaël Braun-Pivet sur Sud radio.

La Cour pénale internationale, à laquelle Israël n'a pas adhéré et dont les États-Unis se sont retirés, a lancé jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de Benyamin Netanyahu et du chef de la branche armée du Hamas palestinien Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

"C'est toute la difficulté de la justice internationale (...), c'est quand même compliqué d'avoir une justice qui n'est pas reconnue par tous", a estimé la présidente de l'Assemblée française, défendant néanmoins "la stricte application du droit".

"En vertu de la séparation des pouvoirs, je n'ai pas d'injonction à faire au gouvernement et au pouvoir exécutif", a-t-elle précisé, "mais, en tout état de cause, il nous faut tirer les conséquences de cette adhésion à la CPI, évidemment".

Paris a "pris acte" jeudi de ces mandats d'arrêt, rappelant "son attachement au travail indépendant de la Cour" mais sans dire explicitement si la France procéderait à leur arrestation si ces personnes se rendaient sur son territoire.

L'Italie et le Royaume-Uni ont en revanche immédiatement annoncé qu'ils respecteraient leur engagement auprès de la CPI.

A l'inverse, la Hongrie a invité le chef du gouvernement israélien en signe de défiance.


Budget: «pas de catastrophe annoncée» tempère Braun-Pivet face aux menaces de censure

La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a déclaré mardi ne pas envisager de "catastrophe annoncée", face aux menaces de censure qui planent sur le projet de budget de l'Etat pour 2025. (AFP)
La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a déclaré mardi ne pas envisager de "catastrophe annoncée", face aux menaces de censure qui planent sur le projet de budget de l'Etat pour 2025. (AFP)
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  • "J'entends tout et souvent n'importe quoi (...) Nos textes sont bien faits, notre Constitution et nos règles sont là, donc pas de catastrophe annoncée, pas de +shutdown+ à l'américaine (...) Il n'y a pas de scénario catastrophe"
  • Outre les oppositions, certains alliés de Michel Barnier font monter la pression pour limiter les hausses d'impôts

PARIS: La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a déclaré mardi ne pas envisager de "catastrophe annoncée", face aux menaces de censure qui planent sur le projet de budget de l'Etat pour 2025.

"J'entends tout et souvent n'importe quoi (...) Nos textes sont bien faits, notre Constitution et nos règles sont là, donc pas de catastrophe annoncée, pas de +shutdown+ à l'américaine (...) Il n'y a pas de scénario catastrophe", a déclaré Mme Braun-Pivet, invitée sur Sud Radio.

"Le gouvernement peut présenter au Parlement ce qu'on appelle une loi spéciale pour prélever les impôts à partir du 1er janvier, il peut y avoir reconduction des dépenses par décret pour pouvoir payer les fonctionnaires, les retraités, etc. (...) Je ne veux pas inquiéter nos compatriotes. Nous sommes en responsabilité réelle", a-t-elle ajouté.

Interrogée sur les pressions auxquelles est confronté le Premier ministre Michel Barnier - Marine Le Pen pour l'extrême droite puis Mathilde Panot au nom de la gauche ont fermement maintenu lundi leurs menaces de censure du gouvernement après leurs entretiens avec le locataire de Matignon - Yaël Braun-Pivet considère qu'il s'agit plutôt de "positions politiques".

"Le rôle du Premier ministre, lorsqu'il construit un budget, c'est de prendre en compte les expressions des parlementaires élus de la nation représentant les Français. (...) Il faut faire des choix et c'est justement ça qui lui incombe en tenant compte des opinions et des expressions politiques des uns et des autres".

Face à l'intention du RN de voter la censure si le budget restait "en l'état" selon Marine Le Pen, la présidente de l'Assemblée nationale a rappelé que la motion de censure est "un droit constitutionnel qui appartient aux parlementaires" et appelé à ce que "chacun se mette dans une position constructive pour le bien de notre pays".

Outre les oppositions, certains alliés de Michel Barnier font monter la pression pour limiter les hausses d'impôts.

Le chef des députés macronistes Gabriel Attal, qui était reçu mardi matin avec les autres dirigeants du "socle commun", a redit lundi ses "doutes" à ce sujet mais jugé Marine Le Pen "totalement irresponsable", en marge d'un déplacement dans l'Orne.


France: la menace de la censure s'accroît sur le gouvernement Barnier

Cette vue générale prise à Paris le 2 avril 2024, montre le Sénat français lors d'une session. (AFP)
Cette vue générale prise à Paris le 2 avril 2024, montre le Sénat français lors d'une session. (AFP)
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  • Formé le 21 septembre à l'issue de plusieurs semaines de crise politique suivant la dissolution inattendue de l'Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron, en juin, l'exécutif se sait bâti sur du sable, étant minoritaire
  • Le Premier ministre n'a visiblement pas davantage convaincu la cheffe de file des députés de la France insoumise

PARIS: Le risque de censure s'est accru lundi sur le gouvernement français: la cheffe de file de l'extrême droite Marine Le Pen et Mathilde Panot au nom de la gauche ont fermement maintenu leurs menaces en ce sens, après des entretiens avec le Premier ministre conservateur Michel Barnier.

Formé le 21 septembre à l'issue de plusieurs semaines de crise politique suivant la dissolution inattendue de l'Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron, en juin, l'exécutif se sait bâti sur du sable, étant minoritaire.

Une censure ne serait pas "le chaos", a souligné Mme Le Pen après avoir été reçue lundi par M. Barnier.

Alors que selon elle le Premier ministre a "campé sur ses positions", elle a affirmé que le RN ne "renoncer(ait) pas à défendre les Français", refusant de céder "à la petite musique (...) consistant à dire si jamais ce budget est refusé, s'il y a une censure, ça va être dramatique, ça va être le chaos".

Le RN est le parti comptant le plus grand nombre d'élus à l'Assemblée (125 sur 577 sièges).

Le Premier ministre n'a visiblement pas davantage convaincu la cheffe de file des députés de la France insoumise (gauche radicale), Mathilde Panot, qu'il a reçue ensuite.

A sa sortie de l'entretien, Mme Panot a appelé "l'ensemble des députés", y compris du RN, à voter la motion de censure. Elle a prévu de la déposer avec ses alliés du Nouveau front populaire (NFP) si le Premier ministre utilisait l'article 49.3 de la Constitution -qui lui permet de faire passer un texte sans vote- pour forcer l'adoption de son budget 2025 décrié.

Mme Panot a "acté des désaccords profonds" avec M. Banier, le budget étant selon elle "le plus violent socialement et écologiquement" de la Ve République.

Alors que la France est lourdement endettée et que le gouvernement veut faire voter de nombreuses économies, la gauche et l'extrême droite, qui s'y opposent, pourraient le faire tomber ensemble.

"Jusqu'à présent, on avait une opposition de style entre la gauche et le RN", observe le politologue du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Olivier Costa. "La gauche souhaitait censurer le gouvernement Barnier dès que possible, l'estimant illégitime, alors que l'extrême droite souhaitait le laisser œuvrer pour s'afficher en parti responsable".

Mais "pour la première fois depuis que Barnier est en poste, il y a un risque réel d'avoir une motion de censure contre lui", souligne-t-il.

- "Mort politique" -

Un raidissement attribué par nombre d'analystes aux ennuis judiciaires de Marine Le Pen, qui à l'instar de son parti est accusée de détournements de fonds publics européens, pour un préjudice de 4,5 millions d'euros.

Les réquisitions ont été lourdes à l'encontre de Mme Le Pen: cinq ans d'emprisonnement, dont deux ferme, 300.000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité avec exécution immédiate, ce qui signifie qu'elle deviendrait inéligible dès le prononcé du verdict, même en cas d'appel.

"C'est ma mort politique qui est réclamée", considère la candidate trois fois malheureuse à la présidentielle française, qu'une condamnation empêcherait de concourir à celle de 2027.

Alors que le RN refuse officiellement de lier une éventuelle censure à ses ennuis judiciaires, le chercheur Olivier Costa voit dans les déclarations à répétition de ses cadres une "stratégie d'agitation" médiatique.

"Si le gouvernement Barnier tombe, plus personne ne se souciera du procès des assistants parlementaires du RN, alors qu'ils sont actuellement sous le feu de la rampe", estime-t-il.

- "Chienlit" -

Le vote de la motion de censure pourrait intervenir dans la deuxième quinzaine de décembre, si le gouvernement a recours à l'article 49.3.

"Est-ce que le RN passera réellement à l'acte? Je ne sais pas", souligne toutefois le politologue Pascal Perrineau, professeur à Sciences Po Paris, interrogé par l'AFP. Car il y aura selon lui "un coût politique" pour ceux qui feront tomber l'exécutif.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", parce qu'"il n'existe aucune majorité alternative au socle qui soutient le gouvernement", a estimé le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot.

La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a elle évoqué le risque d'"un scénario à la grecque" pour la France, la censure du budget pouvant selon elle plonger le pays dans une crise financière.