Anniversaire de Boutcha: Zelensky promet au «Mal russe» un «nouveau Nuremberg»

Des personnes assistent à une veillée marquant le premier anniversaire de la libération de la ville de Boutcha, à l'extérieur de Kiev, en Ukraine, le 31 mars 2023 (Photo, Reuters).
Des personnes assistent à une veillée marquant le premier anniversaire de la libération de la ville de Boutcha, à l'extérieur de Kiev, en Ukraine, le 31 mars 2023 (Photo, Reuters).
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Publié le Samedi 01 avril 2023

Anniversaire de Boutcha: Zelensky promet au «Mal russe» un «nouveau Nuremberg»

  • Les violations des droits humains sont devenues «scandaleusement routinières» en Ukraine, a dénoncé le Haut-Commissaire des droits de l'homme, Volker Türk
  • Emmanuel Macron a été plus loin, accusant les dirigeants russes d'avoir «laissé faire, voire encouragé» les crimes de guerre

BOUTCHA: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est engagé vendredi à vaincre le "Mal russe" et promis un "nouveau Nuremberg" à l'occasion du premier anniversaire du retrait russe de Boutcha, ville martyre devenue un symbole criant "des atrocités" imputées aux troupes de Moscou en treize mois d'offensive meurtrière.

De son côté, le président russe Vladimir Poutine a signé un décret validant une nouvelle doctrine de politique étrangère, qui selon son chef de la diplomatie Sergueï Lavrov souligne "la nature existentielle des menaces" occidentales visant la Russie.

Les violations des droits humains sont devenues "scandaleusement routinières" en Ukraine, a dénoncé depuis Genève le Haut-Commissaire des droits de l'homme, Volker Türk.

Le président français Emmanuel Macron a été plus loin, accusant les dirigeants russes d'avoir "laissé faire, voire encouragé" les crimes de guerre qui ont été "systématisés" en Ukraine.

«Nous ne pardonnerons jamais»

"Nous ne pardonnerons jamais", a juré Volodymyr Zelensky à Boutcha. "Il y aura un nouveau Nuremberg", a-t-il encore dit dans une vidéo publiée dans la soirée, en référence à la ville allemande qui accueillit en 1945-46 les procès des dirigeants nazis.

Le massacre de Boutcha n'était pas un cas isolé mais "de la violence génocidaire systémique qui constitue le coeur des actions russes sur tous les territoires ukrainiens occupés", a accusé le président ukrainien.

"Nous devons tout entreprendre pour faire de Boutcha un symbole de justice", a-t-il lancé. "Nous voulons que chaque meurtrier, chaque bourreau, chaque terroriste russe soit tenu pour responsable de chaque crime contre notre peuple", a-t-il ajouté, devant les Premiers ministres croate Andrej Plenkovic, slovaque Eduard Heger, slovène Robert Golob, et la présidente moldave Maia Sandu.

"Nous allons gagner c'est certain, le Mal russe tombera, justement ici en Ukraine et ne pourra plus se relever", a-t-il martelé.

L'Ukraine évalue à plus de 1 400 le nombre des civils morts dans le district de Boutcha pendant l'occupation russe, dont 37 enfants. Parmi eux, 637 ont été tués dans la ville-même.

Le 31 mars 2022, l'armée russe se retirait de la région de Kiev, un peu plus d'un mois après avoir lancé l'invasion du pays sur ordre du président Vladimir Poutine. Deux jours après le retrait, le massacre était connu.

Des journalistes de l'AFP ont découvert à Boutcha le 2 avril des carcasses calcinées de véhicules, des maisons détruites et surtout, éparpillés sur plusieurs centaines de mètres, les cadavres de vingt hommes en civil, dont l'un avait les mains liées dans le dos.

Ces scènes ont choqué dans le monde entier, Kiev et les Occidentaux dénonçant des exécutions sommaires de civils. Le Kremlin dément toute implication et parle d'une mise en scène.

Moscou a «encouragé»

"L’agression russe a conduit à une systématisation des crimes de guerre contre l'Ukraine et contre sa population", a dit Emmanuel Macron dans un message vidéo diffusé à Boutcha. "Et loin de sanctionner ces crimes contraires à toutes les lois de la guerre, les dirigeants russes ont laissé faire, voire les ont encouragés, au mépris du droit international et avec pour objectif clair de soumettre la nation ukrainienne par la violence", a-t-il ajouté.

Lors de sa visite sur place deux jours après la découverte, le président Zelensky, visiblement bouleversé, avait dénoncé "des crimes de guerre" qui seront "reconnus par le monde comme un génocide".

Des journalistes de l'AFP ont constaté jeudi des travaux de reconstruction dans cette cité qui comptait 37 000 habitants avant la guerre.

Plusieurs dizaines d'ouvriers s'affairaient au milieu de pelleteuses, de tractopelles et de camions-benne, pour reconstruire les maisons et refaire la chaussée.

Il faut "continuer à vivre" malgré le traumatisme, ont confié des habitants à l'AFP.

"Il faut non seulement gagner, vaincre les occupants (...) Il faut que les criminels soient condamnés, que le mal soit puni", a dit l'archiprêtre Andriï, qui gère la paroisse orthodoxe locale.

Les forces russes ont été accusées de multiples exactions par les autorités ukrainiennes après la découverte de centaines de corps à Boutcha et dans d'autres villes, de tombes près d'Izioum (est) ou de "salles de torture" dans des villes reprises, selon Kiev.

La Cour pénale internationale a émis en mars un mandat d'arrêt contre Vladimir Poutine pour la "déportation" de milliers d'enfants ukrainiens vers la Russie.

«Une guerre totale»

Le président russe, qui n'a pas réagi à ces accusations, a adopté vendredi une nouvelle doctrine diplomatique qui, selon son chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, prend acte de la "nature existentielle des menaces" occidentales.

"Les dispositions de la doctrine prévoient de réprimer systématiquement et, si nécessaire sévèrement, les mesures antirusses des pays inamicaux", a souligné M. Lavrov.

Dans l'immédiat, c'est un journaliste américain du Wall Street Journal que le FSB russe a annoncé jeudi avoir arrêté dans l'Oural, l'accusant d'espionnage. Ce cas sans précédent dans l'histoire récente du pays, dans un contexte de répression croissante et de confrontation de plus en plus frontale avec les Occidentaux, a suscité nombre de protestations et la "préoccupation" des Etats-Unis qui ont appelé leurs citoyens à quitter la Russie.

Le Bélarus, pays voisin de l'Ukraine où Vladimir Poutine vient d'annoncer s'apprêter à installer des missiles nucléaires tactiques, a lui aussi fait monter encore la tension en proposant vendredi d'accueillir en outre des armes nucléaires stratégiques russes.

"A cause des Etats-Unis et de leurs satellites une guerre totale a été déclenchée", a affirmé le président bélarusse Alexandre Loukachenko.

Sur le front, les combats font toujours rage avant tout à l'Est, autour de Bakhmout, que les Russes tentent de prendre depuis des mois au prix de pertes colossales. La présidence ukrainienne a indiqué que des bombardements russes sur la ville d'Avdiivka, dans la même zone, avaient fait deux morts dont un nourrisson vendredi.

Kiev a admis jeudi ne contrôler plus qu'un tiers de Bakhmout, mais espère que les dommages infligés aux forces de Moscou affaibliront les lignes russes lorsque l'armée ukrainienne lancera la contre-offensive qu'elle prépare, dans l'attente de nouvelles armes occidentales.

À Boutcha, ne pas oublier, reconstruire et rendre la justice

Un an après sa libération par l'armée ukrainienne, Boutcha n'oublie pas les atrocités imputées aux forces russes, mais la ville se reconstruit, "la douleur s'atténue" et il faut "continuer à vivre" selon ses habitants.

Méconnaissable, la rue Vokzalna est un chantier à ciel ouvert: plusieurs dizaines d'ouvriers du bâtiment s'affairent au milieu de pelleteuses, de tractopelles et de camions-benne, pour reconstruire les maisons et refaire la chaussée.

C'est dans cette longue artère droite qu'une colonne de véhicules blindés russes avait d'abord été anéantie par les forces ukrainiennes.

Après le retrait le 31 mars 2022 des troupes de Moscou qui avaient échoué à prendre Kiev, des carcasses calcinées des véhicules militaires jonchaient la rue de cette banlieue au nord-ouest de la capitale ukrainienne et la plupart des habitations qui la bordaient étaient détruites.

Anatoly Ievdokimenko est heureux de montrer sa maison totalement refaite. "Le toit était troué, les portes et les fenêtres étaient cassées. Les obus frappaient n'importe où", raconte à l'AFP l'homme âgé de 60 ans.

"Des bénévoles ont commencé à venir, et à restaurer. Plus tard, il y a eu un programme de restauration de Boutcha, en particulier de la rue Vokzalna", explique-il.

Pendant l'occupation, débutée dès le 27 février, "les Russes vivaient dans notre cave et préparaient leur nourriture dans la cour", dit-il, précisant avoir pu quitter la ville par un couloir humanitaire le 12 mars.

Un peu plus loin, Natalia Zelinska bénéficie aussi du programme de reconstruction. Elle habite au croisement des rues Vokzalna et Iablounska.

C'est dans cette dernière rue que le 2 avril 2022, des journalistes de l'AFP avaient découvert, éparpillés sur plusieurs centaines de mètres, les cadavres de 20 hommes en civil, dont l'un avait les mains liées dans le dos.

Des exécutions sommaires de civils et des crimes de guerre, selon Kiev, et des images qui choquèrent le monde.

"Avec ma mère et ma fille nous étions là quand les combats ont commencé fin février, et au début de l'occupation", raconte-elle à l'AFP, précisant avoir aussi pu quitter la ville avant la mi-mars.

"Nous n’avons rien vu, nous avons eu la chance de ne rien voir", dit-elle.

Elle se considère aussi "très heureuse d'avoir été intégrée dans le programme de reconstruction" pour sa maison. Elle confesse toutefois avoir besoin de consulter "un psychologue militaire pour lui parler de l'occupation" parce que "parfois quand je m'endors, je me souviens de cette période et c'est horrible".

Dans l'enceinte de l'église Saint-André, près de la mairie de Boutcha, de petits engins de chantier sont aussi à l'oeuvre. Des employés municipaux posent des planches et une estrade pour des cérémonies officielles prévues vendredi dans la ville.

«Punir le mal»

Une fosse commune avait été creusée à côté de l'édifice pour enterrer à la hâte les cadavres des personnes victimes de l'occupation.

"Il y a un an, lorsque les Russes étaient là, les habitants ne pouvaient s'asseoir que dans les sous-sols. C'était dangereux pour eux, ils étaient persécutés et volés", dit à l'AFP l'archiprêtre Andriï, qui gère la paroisse.

Selon lui, "il est très important que nous n'oublions pas les personnes qui, malheureusement, ne sont pas avec nous aujourd'hui".

"Mais il est important aussi pour nous de ne pas vivre dans le passé, mais dans l'avenir. Pour vivre dans l'avenir, il faut non seulement gagner, vaincre les occupants (...) mais il est très important que le mal soit condamné (...) Il faut que les criminels soient condamnés, que le mal soit puni", insiste le religieux.

Au cimetière de la ville, Natalia Plessa, 47 ans, est venue en famille pour se recueillir sur la tombe de sa mère, décédée il y peu et qui a vécu toute l'occupation russe.

Au fond du cimetière se trouvent près de 80 tombes anonymes d'habitants morts pendant l'occupation et dont l'identité n'a pas pu être établie.

Natalia et son mari eux, sont restés deux semaines sous occupation avant de quitter la ville par un corridor humanitaire. "C'était une période terrible. C'était très effrayant de partir par le corridor", se souvient-elle.

"Avec le temps, la douleur s'atténue et on l'oublie, on continue à vivre. Il y a de nouveaux modes de vie, le travail, les enfants, les petits-enfants, pour lesquels vous continuez à vivre", explique-t-elle.

"Je suis sûre que Boutcha sera une ville encore plus belle qu'elle ne l'était avant l'occupation", espère-t-elle.


La Corée du Nord affirme que tout nouveau comité de surveillance des sanctions est voué à l'échec

L'ambassadeur de la Corée du Nord auprès des Nations Unies, Kim Song, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale des Nations Unies après que la Chine et la Russie ont opposé leur veto à de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord au Conseil de sécurité de l'ONU, au siège de l'ONU à New York, New York, États-Unis, le 8 juin. , 2022 (Photo, Reuters).
L'ambassadeur de la Corée du Nord auprès des Nations Unies, Kim Song, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale des Nations Unies après que la Chine et la Russie ont opposé leur veto à de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord au Conseil de sécurité de l'ONU, au siège de l'ONU à New York, New York, États-Unis, le 8 juin. , 2022 (Photo, Reuters).
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  • La Corée du Nord est soumise depuis 2006 à des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU liées à son programme nucléaire
  • Séoul et Washington affirment que Pyongyang envoie des armes à la Russie, possiblement en échange d'une aide technique

SEOUL: Les efforts visant à mettre en place un nouveau comité d'experts pour surveiller l'application des sanctions internationales visant la Corée du Nord sont voués à l'échec, a déclaré son ambassadeur à l'ONU dans des propos rapportés par un média d'Etat dimanche.

"Les forces hostiles pourraient installer (un) deuxième et (un) troisième comités d'experts à l'avenir mais ils sont tous destinés à connaître l'autodestruction", a lancé l'ambassadeur Kim Song dans un communiqué en langue anglaise diffusé par l'agence de presse officielle KCNA.

En mars, la Russie a mis son veto au Conseil de sécurité de l'ONU à un projet de résolution prolongeant d'un an le mandat du comité d'experts chargé de surveiller l'application des sanctions des Nations Unies visant Pyongyang.

Cette dissolution est un "jugement historique à l'encontre d'une organisation illégale et fomenteuse de complots (...) en vue d'éliminer le droit à l'existence d'un Etat souverain", selon Kim Song.

La Corée du Nord est soumise depuis 2006 à des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU liées à son programme nucléaire, renforcées plusieurs fois en 2016 et 2017. Depuis 2019, la Russie et la Chine, mettant notamment en avant la situation humanitaire en Corée du Nord, réclament l'allègement de ces sanctions, qui n'ont pas de date de fin.

Armes 

N'ayant pas obtenu gain de cause, Moscou a pris pour cible le comité d'experts chargé de surveiller l'application de ces mesures, comité dont les rapports font référence.

Séoul et Washington affirment que Pyongyang envoie des armes à la Russie, possiblement en échange d'une aide technique pour son programme de satellites espions.

Lors d'une visite en Corée du Sud en avril, l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, a souligné l'importance de garantir l'application des sanctions en Corée du Nord.

D'après l'ambassadrice, Washington travaille avec Séoul, Tokyo et d'autres capitales à trouver "des moyens créatifs" pour reprendre la surveillance des sanctions.

En 2023, la Corée du Nord a conduit un nombre record d'essais de missiles en dépit des sanctions. L'année précédente, Pyongyang a déclaré son statut de puissance nucléaire "irréversible".


Attaque au couteau en Australie, un adolescent de 16 ans «radicalisé» abattu par la police

La police pense que l'adolescent a envoyé des messages à des membres de la communauté musulmane qui ont immédiatement prévenu la police (Photo, AFP).
La police pense que l'adolescent a envoyé des messages à des membres de la communauté musulmane qui ont immédiatement prévenu la police (Photo, AFP).
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  • L'homme «d'âge mûr» blessé par un unique coup de couteau lors de l'attaque se trouve dans un état «grave» mais stable
  • Deux jours après cette attaque dans un centre commercial, un évêque d'une église assyrienne avait également été poignardé

SYDNEY: Un adolescent de 16 ans "radicalisé" et atteint de troubles mentaux a été abattu samedi soir par la police dans la banlieue de Perth, dans l'ouest de l'Australie, après avoir blessé une personne lors d'une attaque au couteau, ont rapporté les autorités dimanche.

L'adolescent, armé d'un couteau, "s'est précipité" sur les forces de l'ordre et a été mortellement touché par le tir d'un agent, a indiqué le Premier ministre de l'Etat d'Australie-Occidentale Roger Cook lors d'une conférence de presse.

"Il y a des indications selon lesquelles il s'était radicalisé en ligne. Mais je tiens à rassurer la population, à ce stade il semble qu'il ait agi seul", a déclaré M. Cook.

La police a reçu un appel samedi soir de la part d'un homme avertissant qu'il allait commettre "des actes de violence" mais sans donner son nom ni sa localisation, a fait part aux journalistes le responsable de la police de l'Etat, Col Blanch.

Quelques minutes plus tard, a-t-il ajouté, la police a reçu un appel d'urgence pour les avertir qu'un "homme avec un couteau courait" au niveau d'un parking de Willetton, dans la banlieue sud de Perth.

L'individu était armé d'un couteau de cuisine de 30 centimètres de long et d'après des images d'une caméra-piéton de la police, l'adolescent a refusé de le poser à terre comme le demandaient les forces de l'ordre, a indiqué M. Blanch.

Les agents ont tiré au moyen de deux pistolets à impulsion électrique mais "aucun des deux n'a eu totalement l'effet escompté", a-t-il relaté.

"L'homme a continué à avancer vers (un agent) muni d'une arme à feu qui a tiré un seul coup et mortellement blessé" l'individu, a raconté le responsable de la police. L'adolescent est décédé à l'hôpital plus tard dans la nuit.

«Radicalisation en ligne»

L'homme "d'âge mûr" blessé par un unique coup de couteau lors de l'attaque se trouve dans un état "grave" mais stable, a dit le responsable policier.

La police pense que l'adolescent a envoyé des messages à des membres de la communauté musulmane qui ont immédiatement prévenu la police, a-t-il expliqué sans divulguer d'informations sur leur contenu.

L'adolescent avait "des problèmes de santé mentale mais aussi des problèmes de radicalisation en ligne", d'après la même source.

Ces dernières années, l'assaillant était suivi dans le cadre d'un programme de lutte contre la violence et l'extrémisme.

"Il ne s'agit pas d'une approche fondée sur la dimension criminelle, c'est un programme visant à aider des individus qui expriment des idéologies préoccupantes pour notre communauté", a expliqué M. Blanch.

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a expliqué avoir été tenu au courant des faits par la police et les services de renseignement selon qui il n'y a pas de "menace en cours".

"Nous sommes une nation attachée à la paix et il n'y a pas de place pour l'extrémisme violent en Australie", a écrit M. Albanese sur les réseaux sociaux.

Les crimes violents sont rares en Australie, mais cet incident survient moins d'un mois après une autre attaque au couteau qui a fait six morts dans un centre commercial de Sydney (sud-est).

L'auteur de cette attaque, Joel Cauchi, un homme de 40 ans souffrant de troubles mentaux, avait été abattu par la police. Ses parents ont indiqué que leur fils a été diagnostiqué schizophrène à l'âge de 17 ans, puis qu'il a quitté leur domicile du Queensland (nord-est) et abandonné son traitement.

Deux jours après cette attaque dans un centre commercial, un évêque d'une église assyrienne avait également été poignardé lors d'un sermon diffusé en direct dans une église de Sydney. La victime a survécu à ses blessures. Un adolescent de 16 ans a depuis été inculpé d'"acte terroriste".


Comme un «air de révolution» en Hongrie face au système Orban

Ervin Nagy lors d'un entretien avec l'AFP à Budapest, en Hongrie (Photo, AFP).
Ervin Nagy lors d'un entretien avec l'AFP à Budapest, en Hongrie (Photo, AFP).
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  • Jamais depuis le retour au pouvoir de Viktor Orban en 2010, la Hongrie n'avait connu pareil mouvement de contestation
  • Sans se laisser abattre, Peter Magyar a entamé depuis plusieurs semaines une tournée en province afin d'y récolter des voix

DEBRECEN: Acteur en vue en Hongrie, Ervin Nagy a délaissé les planches et studios de tournage pour battre le pavé. Comme des milliers d'autres, il est saisi par la fièvre Magyar, du nom de ce dissident qui défie Viktor Orban.

Dimanche, il participera à un grand rassemblement dans la ville de Debrecen (est), bastion du parti Fidesz du Premier ministre nationaliste, à un mois des élections européennes.

Depuis l'irruption en février sur la scène politique de Peter Magyar, ex-haut fonctionnaire entré en rébellion, le comédien de 47 ans s'est lancé à ses côtés dans ce combat "pour un renouveau" du pays d'Europe centrale.

Il a même mis à disposition son camion à plateau d'où le tribun s'est adressé à la foule un soir, de manière spontanée.

"Nous n'avions pas le temps de trouver un podium", raconte Ervin Nagy à l'AFP. "Il flottait comme un air de la révolution de 1956", s'enflamme-t-il, en allusion au soulèvement de la Hongrie contre la mainmise soviétique.

«Galvanisés»

Jamais depuis le retour au pouvoir de Viktor Orban en 2010, la Hongrie n'avait connu pareil mouvement de contestation, de l'avis des experts, qui évoquent un défi sans précédent pour le dirigeant.

Après le scandale provoqué par la grâce accordée à un homme condamné dans une affaire de pédocriminalité, Peter Magyar a su capitaliser sur la colère pour drainer des dizaines de milliers de personnes dans les rues de Budapest.

"Apathiques et frustrés" par un pouvoir indéboulonnable, "ils ont été soudainement galvanisés par l'arrivée de cet homme sensé et téméraire", lance l'acteur.

S'il a adhéré par le passé à la cause des enseignants, il n'avait pas d'ambitions politiques jusqu'à ce que Peter Magyar le contacte. "Il m'a convaincu en une heure", se souvient-il.

En trois mois à peine, cette nouvelle figure de l'opposition a évincé les partis existants, avec son discours conservateur pourfendant la corruption qui ruine à ses yeux le pays.

Son mouvement Tisza (Respect et liberté), qui se veut "ni à gauche ni à droite", est désormais crédité de 25% d'intentions de vote auprès des électeurs sûrs de leur choix, selon un récent sondage réalisé par l'institut Median auprès de 1.000 personnes en vue du scrutin européen du 9 juin.

Sa force, pour ses partisans: connaître le système de l'intérieur. Longtemps diplomate à Bruxelles, le charismatique avocat de 43 ans a aussi partagé pendant des années la vie de Judit Varga, ancienne ministre de la Justice, avec laquelle il a eu trois enfants.

«Mini-dictature»

Si Viktor Orban balaie l'arrivée de ce concurrent d'un revers de la main, son parti "se démène pour tuer dans l'oeuf" cette vague de contestation, décrypte pour l'AFP l'analyste Zoltan Lakner.

Des affiches le taxant de "serviteur de Bruxelles" ont fleuri dans le pays, tandis que les journaux pro-gouvernementaux ont publié des dizaines d'articles pour salir sa réputation, d'accusations de violences conjugales - qu'il nie fermement - à des remarques sur ses "lunettes de soleil de femme".

Une nouvelle autorité de surveillance, créée pour prévenir "les interférences étrangères" dans le processus électoral, a également lancé une enquête à son encontre.

"Si Magyar parvient à unir les électeurs de l'opposition", aujourd'hui fragmentée en plusieurs partis sans envergure, il pourrait alors présenter un réel danger pour le pouvoir, estime le politologue.

Même si d'autres jugent le mouvement éphémère et incapable de déstabiliser la solide assise construite par le Premier ministre, qui a progressivement mis au pas les contre-pouvoirs en 14 ans et installé une redoutable propagande selon l'Union européenne, l'ONU et l'OSCE.

Sans se laisser abattre, Peter Magyar a entamé depuis plusieurs semaines une tournée en province afin d'y récolter des voix, son passage à Debrecen lui permettant tester sa popularité.

Sur scène, il sera entouré de plusieurs célébrités hongroises "suffisamment courageuses" pour s'afficher à ses côtés, souligne Ervin Nagy, qui affirme avoir été "placé sur une liste noire" pour avoir osé un jour critiquer un membre du Fidesz.

La Hongrie est devenue "une sorte de mini-dictature", assène-t-il. "Ils ne vous battent pas à mort, mais si vous vous élevez contre les autorités, il y aura des conséquences".