Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, revient sur sa décision de s’emparer du pouvoir judiciaire

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, assiste à une réunion à la Knesset (Parlement israélien) à Jérusalem, sur fond de manifestations après le limogeage du ministre de la Défense, le 27 mars. (Reuters)
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, assiste à une réunion à la Knesset (Parlement israélien) à Jérusalem, sur fond de manifestations après le limogeage du ministre de la Défense, le 27 mars. (Reuters)
Des milliers d’Israéliens ont envahi les rues du pays pour manifester leur colère après que le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, a limogé son ministre de la Défense pour s’être prononcé contre la réforme de la justice proposée par le dirigeant israélien. (AP)
Des milliers d’Israéliens ont envahi les rues du pays pour manifester leur colère après que le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, a limogé son ministre de la Défense pour s’être prononcé contre la réforme de la justice proposée par le dirigeant israélien. (AP)
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Publié le Jeudi 15 juin 2023

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, revient sur sa décision de s’emparer du pouvoir judiciaire

  • Sur fond de chaos et de manifestations massives en Israël, le Premier ministre israélien a reporté l’examen de ce projet de loi en attendant que le Parlement reprenne ses travaux, le 30 avril prochain
  • Des milliers d’Israéliens ont envahi les rues du pays pour manifester leur colère après que le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, a limogé son ministre de la Défense pour s’être prononcé contre la réforme de la justice proposée par le dirigeant israél

RAMALLAH: Benjamin Netanyahou a décidé lundi de reporter la réforme controversée de la justice, un projet qui a plongé Israël dans le chaos et que ses détracteurs considèrent comme un coup de force. Le Premier ministre israélien a donc reporté l’examen de ce projet de loi en attendant que le Parlement reprenne ses travaux, le 30 avril prochain.
«Je donne une chance à un dialogue afin d’empêcher le déclenchement d’une guerre civile et, en tant que Premier ministre, j’ai décidé d’une pause pour dialoguer», a déclaré M. Netanyahou. Il a exprimé sa détermination à faire adopter la réforme de la justice et il a appelé à «parvenir à un large accord».
À la suite de cette annonce, le chef de la première centrale syndicale israélienne a annoncé la fin de la grève générale qui menaçait de paralyser l’économie du pays. Ce sont des dizaines de milliers d’Israéliens qui avaient manifesté devant la Knesset, ce qui a exacerbé le mouvement de protestation de masse dénonçant les réformes.
Le chaos qui s’en est suivi a bloqué la plus grande partie du pays. Ainsi, les départs de l’aéroport international principal ont été suspendus. Les centres commerciaux et les universités ont fermé leurs portes. Les diplomates en poste à l’étranger ont interrompu leurs activités et le travail du personnel médical dans les hôpitaux s’est limité aux services d’urgence.
La réforme de la justice proposée par Benjamin Netanyahou s’est heurtée à une résistance grandissante qui s’est déclenchée quelques heures après que des dizaines de milliers de personnes ont envahi les rues du pays pour exprimer leur indignation à l’égard de la décision du Premier ministre de limoger le ministre de la Défense. Ce dernier s’était prononcé pour une pause de la réforme de la justice. Ils ont mis le feu à l’autoroute principale de Tel-Aviv en scandant «le pays est en flammes». La circulation a donc été interrompue pendant des heures sur cette route, ainsi que sur de nombreuses autres routes à travers le pays.
Les manifestants se sont à nouveau rassemblés lundi devant la Knesset. Les drapeaux israéliens bleu et blanc ont envahi les rues menant à la Cour suprême et au siège de la Knesset. Des milliers d’Israéliens ont manifesté à Tel-Aviv, Haïfa et dans d’autres villes encore.
«C’est la dernière chance d’empêcher cette évolution vers une dictature», déclare Matityahu Sperber, un manifestant de 68 ans qui a rejoint la foule se dirigeant vers la Knesset. «Je suis venu pour me battre jusqu’au dernier souffle.»
La volte-face de M. Netanyahou semble atténuer quelque peu les tensions. Pour les organisateurs des manifestations populaires hostiles au gouvernement, le report ne suffit pas.
«Une pause temporaire ne suffit pas. Les manifestations nationales ne cesseront pas de croître tant que la Knesset n’aura pas rejeté ce projet de loi», affirment les organisateurs.
La plupart des citoyens arabes d’Israël ont largement ignoré les manifestations. Pour eux, la démocratie en Israël est déjà ternie en raison de la suprématie de l’armée sur la Cisjordanie occupée et de la discrimination que subissent les Arabes à l'intérieur même d'Israël.
Dans un entretien accordé à Arab News, un responsable palestinien de haut rang a fait la déclaration suivante: «Je pense qu’il nous incombe, en tant que Palestiniens, d’aggraver la crise qui sévit en Israël. En d’autres termes, il ne faut pas soutenir l’opposition, mais plutôt affaiblir les deux camps. Ils vont en effet rivaliser pour savoir qui peut nuire le plus aux Palestiniens.»
«La réforme de la justice est loin d’être un sujet d’ordre interne. Son objectif est de prendre le contrôle de la Cisjordanie. S’ils cherchent à réformer la Cour suprême, c’est parce qu’elle met à mal la politique d’occupation raciste qu’ils appliquent à l’encontre des Palestiniens.»
Alors qu'Israël est dans la tourmente, les Palestiniens observent et s’interrogent sur l’impact de ce chaos sur leur vie à court terme comme à long terme. Pour certains d’entre eux, la crise confirme la conviction suivante: démocratie et occupation sont incompatibles. D’autres Palestiniens suggèrent que les manifestations à Tel-Aviv et à Jérusalem préoccupent tellement les services de sécurité israéliens que ceux-ci pourraient relâcher leur emprise sur les Palestiniens vivant en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
Une autre conviction se fait jour: les manifestations affaibliront Israël et profiteront au peuple palestinien. La plupart des gens considèrent cependant que si la résistance palestinienne s’aventurait à l’intérieur d’Israël en ce moment, elle ne ferait que consolider la position de Benjamin Netanyahou et des membres de la coalition gouvernementale de droite, dirigée par Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir. Ces derniers parviendraient ainsi à détourner l’attention des difficultés politiques auxquelles ils sont confrontés.
Taysir Khaled, membre du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), estime que la situation en Israël représente une occasion en or pour les Palestiniens: ils peuvent désormais adopter une nouvelle approche politique et plonger Israël dans un isolement plus prononcé, aussi bien dans la région qu’à l’échelle internationale. Pour y parvenir, les Palestiniens doivent insister sur le fait que les politiques d’occupation, de discrimination, d’apartheid et de purification ethnique menées par Israël sont incompatibles avec les fondements mêmes de la démocratie.
Bien que les Palestiniens aient connu un succès limité lorsqu'ils ont plaidé leur cause devant la Cour suprême d'Israël, n'ayant pas réussi à empêcher les autorités israéliennes d'annexer davantage de terres palestiniennes, si M. Netanyahou et son gouvernement parvenaient finalement à prendre le contrôle de la Cour, les Palestiniens n'auraient plus d'autre refuge que la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye.
L’analyste politique palestinien Ghassan al-Khatib confie à Arab News que la vague de protestations israéliennes contre le gouvernement, si elle se poursuit, risque d’affaiblir la droite israélienne et de servir de ce fait les intérêts du peuple palestinien.
Les manifestations se sont toutefois soldées par la fermeture du pont Allenby, le seul point de passage terrestre reliant la Cisjordanie à la Jordanie, dans le sillage de la grève des agents des douanes. Cette fermeture a bloqué les échanges commerciaux entre la Palestine et la Jordanie et elle a interrompu les déplacements à destination et en provenance de la Cisjordanie.
Un scénario inquiétant se dessine: le gouvernement de Benjamin Netanyahou pourrait entreprendre une action en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza afin d’amener les Palestiniens à réagir; la gauche et la droite s’uniront donc pour faire face à la menace qui pèse sur la sécurité de leur pays. Cependant, selon des analystes et des spécialistes interrogés par Arab News, les dirigeants des services de sécurité israéliens ne risquent pas de s’aventurer dans cette voie et de mener délibérément des attaques provocatrices à l’heure actuelle.
Le colonel à la retraite David Hacham occupait le poste de conseiller pour les affaires arabes au ministère israélien de la Défense. Il ne s’attend pas à ce que M. Netanyahou lance une campagne militaire en Cisjordanie afin de détourner l’attention de la situation difficile qu’il traverse. Toutefois, si le Hamas devait attaquer Tel-Aviv, il mettrait la sécurité au cœur des préoccupations: les politiciens de gauche et de droite pourraient mettre de côté leurs divergences, poursuit-il.
Dana Ben Shimon, correspondante du journal Israel Today, partage l’avis de M. Hacham et elle précise que «Hassan Nasrallah (chef du Hezbollah) et Yahya Sinwar (chef du Hamas) contemplent le chaos qui règne actuellement en Israël et murmurent: “Nous n’offrirons pas à Benjamin Netanyahou et à son gouvernement le cadeau d’attaquer Israël – qu’ils se détruisent par eux-mêmes.”»
Arab News s’est également entretenu avec Shawan Jabarin, directeur de l’organisation de défense des droits de l’homme Al-Haq, à Ramallah. Ce dernier s’est exprimé en ces termes: «Il appartient aux Palestiniens de faire le lien entre la crise que traverse Israël et l’occupation. En ce qui concerne les Palestiniens, la droite et la gauche sont deux faces de la même pièce.»
Mohammed Darawsheh, directeur stratégique du centre Givat Habiba et analyste politique vivant en Israël, explique à Arab News que les Arabes du pays n’ont pas participé aux manifestations contre la réforme de la justice, car «nous n’avons pas confiance en la Cour suprême et nous ne faisons pas partie des citoyens israéliens qui manifestent sous le drapeau d’Israël».
Pour les Palestiniens d’Israël, la Cour suprême israélienne se montre assez libérale en ce qui concerne les litiges civils impliquant des Arabes. Cependant, elle reste un élément constitutif de l’État dans la mesure où elle confère une légitimité à l’occupation et au racisme exercé à l’encontre des Arabes.
Selon M. Darawsheh, les Arabes vivant en Israël se trouveront dans une situation bien plus difficile si la réforme de la justice finit par être introduite. Ainsi, les écoles arabes qui sensibilisent leurs élèves à la nakbacatastrophe»: désigne pour les Palestiniens l'exode de 800 000 d'entre eux, au lendemain de la création d'Israël) seront privées de 30% de leur financement. Les partis politiques arabes ne seront probablement pas représentés au sein du Parlement israélien et les budgets alloués aux services dont bénéficient les citoyens arabes seront réduits. L’argent servira alors à financer les activités des colons et des juifs orthodoxes.
Les dirigeants arabes devraient organiser leurs propres manifestations parallèles contre les réformes proposées, explique Mohammed Darawsheh. Cette démarche infligera à M. Netanyahou et à son gouvernement une plus forte pression. «Renoncer à nos droits sans nous battre est une erreur monumentale.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


Climat : les pays se préparent à une déception générale à Bakou

COP29 Azerbaïdjan 2024
COP29 Azerbaïdjan 2024
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  • L'Union européenne, premier bailleur mondial pour le climat, a relevé samedi son engagement financier pour les pays en développement.
  • Une première proposition des pays riches d'augmenter leur soutien financier pour les pays les plus pauvres de 100 milliards de dollars par an pour le porter à 250 milliards d'ici 2035 a été rejetée vendredi par la plupart des pays en développement.

BAKOU : L'Union européenne, premier bailleur mondial pour le climat, a relevé samedi son engagement financier pour les pays en développement. Mais quoi qu'il arrive d'ici la nuit, nombre de pays semblent résignés à repartir mécontents de la conférence sur le climat de l'ONU à Bakou.

La présidence azerbaïdjanaise de la COP29 prévoit de publier son ultime proposition de compromis vers 14 h 00 (10 h 00 GMT), avant de le soumettre à l'approbation des près de 200 pays réunis ici vers 18 h 00 (14 h 00 GMT), soit 24 heures après la fin théorique de la conférence.

La plupart des stands de nourriture ont fermé et le service de navettes entre le stade de la ville a cessé. Des délégués commencent à rejoindre l'aéroport.

Une première proposition des pays riches d'augmenter leur soutien financier pour les pays les plus pauvres de 100 milliards de dollars par an pour le porter à 250 milliards d'ici 2035 a été rejetée vendredi par la plupart des pays en développement.

« Mieux vaut un mauvais accord qu'aucun accord », dit à l'AFP le chef des négociateurs du groupe africain, le Kényan Ali Mohamed. Il exige d'aller plus loin que les 250 milliards, « sinon cela mènera à l'échec de la COP ».

« Personne ne sera satisfait de tout, c'est sûr », ajoute-t-il.

L'Union européenne soutient un relèvement à 300 milliards annuels, ont confirmé plusieurs sources au sein de délégations à l'AFP. Mais les Européens conditionnent ce chiffre à d'autres avancées dans le compromis final. L'UE pousse notamment pour une revue annuelle des efforts de réduction des gaz à effet de serre, ce qui la met en opposition avec des pays comme l'Arabie saoudite.

« Les Saoudiens ont fait un effort extraordinaire pour qu'on obtienne rien », s'étrangle un négociateur européen.

« Je ne suis pas optimiste », confie à l'AFP le ministre de l'Environnement de Sierra Leone, Joseph Abdulai.

Alden Meyer, expert qui a participé à presque toutes les COP, prédit que « les pays en développement ne seront pas contents, que ce soit du nouveau chiffre de 300 ou de 350 ».

La question sera alors : accepteront-ils ce qu'ils considéreront être un mauvais accord, ou bloqueront-ils tout texte final ? Aux COP, toute décision doit être prise par consensus des 198 membres.

- Pression des ONG -

Le premier chiffre publié vendredi a été jugé « inacceptable » par les pays africains au regard des catastrophes qu'ils subissent et de leurs énormes besoins d'investissement dans les énergies bas carbone. Les petits États insulaires ont dénoncé le « mépris » dont leurs « peuples vulnérables » font l'objet.

Ils ont calculé que, compte tenu de l'inflation, l'effort financier réel des pays concernés (Europe, États-Unis, Canada, Japon, Australie, Nouvelle-Zélande) serait bien inférieur, a fortiori si l'on tient compte des efforts déjà prévus par les banques multilatérales de développement.

« Si rien de suffisamment fort n'est proposé lors de cette COP, nous vous invitons à quitter la table des négociations pour vous battre un autre jour, et nous mènerons le même combat », ont écrit dans la nuit 335 organisations à une alliance de 134 pays regroupant les pays en développement et la Chine, appelée G77+Chine.

Une stratégie qui contredit le message d'urgence porté par de nombreux pays en développement. Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, qui a d'autres priorités en vue pour la COP30 de Belém l'an prochain, a insisté pour « ne pas repousser » à 2025 la tâche confiée à Bakou.

« Nous devons redonner espoir au monde et montrer que le multilatéralisme fonctionne », a déclaré à l'AFP le ministre irlandais Eamon Ryan.

Les pays en développement chiffrent leurs demandes à entre 500 et 1 300 milliards de dollars par an, afin de les aider à sortir des énergies fossiles et à s'adapter au réchauffement climatique.

Quel nouveau chiffre proposera la présidence azerbaïdjanaise samedi ?

Il faudrait monter à 390 milliards d'ici 2035, ont réagi des économistes mandatés par l'ONU, Amar Bhattacharya, Vera Songwe et Nicholas Stern.

Un chiffre également repris vendredi soir par le Brésil et sa ministre de l'Environnement, Marina Silva.

- Austérité occidentale -

Mais les Européens sont sous pression budgétaire et politique.

L'Europe veut « assumer ses responsabilités, mais doit faire des promesses qu'elle peut tenir », a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.

Le précédent projet d'accord fixait séparément l'objectif de lever 1 300 milliards de dollars par an d'ici 2035 pour les pays en développement ; ce total inclurait la contribution des pays développés et d'autres sources de financement (multilatérales, privées, taxes, autres pays du Sud, etc.).

La Chine semble pour l'instant avoir obtenu ce qu'elle souhaitait : l'exemption d'obligations financières. Il n'est pas question de renégocier la règle onusienne de 1992 qui stipule que la responsabilité de la finance climatique incombe aux pays développés.

Dont acte : le texte de vendredi « invite » les pays en développement, dont la Chine fait officiellement partie, à contribuer.

- Organisation azerbaïdjanaise -

Des négociateurs et des ONG critiquent la gestion de la conférence par les Azerbaïdjanais, qui n'avaient jamais organisé un événement mondial d'une telle ampleur.

La COP s'est déroulée dans une atmosphère pesante. Le président Ilham Aliev a attaqué la France, alliée de son ennemi l'Arménie. Les deux pays ont alors convoqué leurs ambassadeurs respectifs.

Deux parlementaires américains disent avoir été harcelés à Bakou. Plusieurs militants environnementaux azerbaïdjanais sont actuellement détenus.

Pour Alden Meyer, personne ne souhaite suspendre la COP29 pour la reprendre plus tard : « Cela obligerait à travailler encore cinq mois sous cette présidence. »


Le dirigeant de l'OTAN, Mark Rutte, a rencontré Donald Trump aux États-Unis

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte participe à un sommet informel des dirigeants de l'Union européenne à Bruxelles, le 17 juin 2024. (Reuters)
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte participe à un sommet informel des dirigeants de l'Union européenne à Bruxelles, le 17 juin 2024. (Reuters)
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  • « Ils ont discuté de l'ensemble des problèmes de sécurité mondiale auxquels l'Alliance est confrontée » a indiqué la porte-parole de l'Alliance Atlantique.
  • Le soutien nord-coréen apporté à Moscou illustre la nécessité pour les États-Unis de soutenir leur allié, dont la propre sécurité est mise en cause, avait rappelé M. Rutte à Paris le 12 novembre.

BRUXELLES : Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, a rencontré vendredi le président américain élu Donald Trump à Palm Beach, en Floride, a annoncé samedi la porte-parole de l'Alliance Atlantique.

« Ils ont discuté de l'ensemble des problèmes de sécurité mondiale auxquels l'Alliance est confrontée », a-t-elle indiqué dans un court communiqué, sans plus de détail.

L'ancien Premier ministre néerlandais avait indiqué vouloir rencontrer Donald Trump deux jours après son élection, le 5 novembre.

Il avait alors affirmé vouloir discuter avec lui de la « menace » que représente le renforcement des liens entre la Russie et la Corée du Nord.

« J'ai hâte de m'asseoir avec le président Trump et de voir comment nous allons collectivement nous assurer que nous faisons face à cette menace », avait-il déclaré le 7 novembre, en marge d'un sommet de dirigeants européens à Budapest.

Depuis, il n'a cessé de mettre en garde contre les dangers d'un rapprochement entre la Chine, la Corée du Nord et l'Iran, trois pays accusés d'aider la Russie dans son effort de guerre contre l'Ukraine.

Le soutien nord-coréen apporté à Moscou illustre la nécessité pour les États-Unis de soutenir leur allié, dont la propre sécurité est mise en cause, avait rappelé M. Rutte à Paris le 12 novembre.

La Russie soutient financièrement Pyongyang et lui apporte son expertise en matière de technologie de missiles. « C'est très inquiétant. Ces missiles représentent une menace directe pour le territoire américain », avait-il plaidé.

De même, en collaborant avec la Corée du Nord, l'Iran et la Chine, la Russie « ne menace pas seulement l'Europe, mais aussi la paix et la sécurité dans l'Indo-Pacifique et en Amérique du Nord », selon lui.

Les pays européens s'inquiètent également de la promesse du milliardaire américain de mettre fin à la guerre en Ukraine en 24 heures, avec un accord allant à l'encontre des intérêts de Kiev et les laissant à l'écart.


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.