PARIS: Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a appelé lundi le gouvernement à un "bougé très fort sur les retraites", ajoutant qu'il n’accepterait "la main tendue" d'Elisabeth Borne aux syndicats, que si la réforme était "mise de côté".
"Il faut un bougé très fort du gouvernement sur la question des retraites, c'est à dire qu'il faut qu'il dise 'les 64 ans ne s'appliqueront pas' ", a déclaré le responsable syndical, interrogé sur France 2, à la veille d'une nouvelle journée de mobilisation.
"Je suis préoccupé (par) la situation", a-t-il ajouté. "J'appelle le président de la République et la Première ministre à entendre qu'il y a une voie de sortie, mais que cela nécessite de faire un mouvement de leur côté", a-t-il affirmé, rappelant avoir proposé une "ouverture" en faisant une pause et en discutant "pendant six mois et du travail et des retraites."
« Mélenchon et ses amis sont les rentiers de la colère », accuse Véran
Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a dénoncé lundi l'attitude de Jean-Luc Mélenchon et de LFI, des "rentiers de la colère" selon lui, qui sont "prêts à saper nos institutions", après les violences à Sainte-Soline ce week-end ou dans les mobilisations contre la réforme des retraites.
"Jean-Luc Mélenchon, il est insoumis devant les violences policières, mais il est soumis devant toutes les autres formes de violence et vous savez pourquoi? Parce que Jean-Luc Mélenchon et ses amis, ce sont les rentiers de la colère, les rentiers de la misère des petites gens et ce sont les actionnaires de ces formes de violence", a attaqué le ministre sur BFMTV et RMC.
M. Véran les a accusés d'être "prêts à saper nos institutions pour les causes qu'ils servent".
Il a jugé "inacceptable" et irresponsable" la participation samedi à la manifestation interdite de Sainte-Soline (Deux-Sèvres), contre les mégabassines, d'élus "essentiellement d'extrême gauche, portant l'écharpe", qui "expliquent que le problème (des violences) c'est les policiers", malgré la "présence de centaines de personnes qui viennent de l'étranger pour casser du policier", selon lui.
Un manifestant est entre la vie et la mort après de violents affrontements avec les forces de l'ordre, dont autorités et organisateurs se rejettent la responsabilité sur fond d'opposition à un projet de retenues d'eau.
"Ce n'est pas un délit de participer à une manifestation interdite, chacun fait son choix, je pense que la cause est juste", a répondu sur RTL la députée Clémence Guetté, qui faisait partie des élus LFI présents samedi.
"Sans les BRAV-M, sans ce cirque, il ne se passerait absolument rien d'autre qu'une marche dans les champs", avait critiqué sur Twitter le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon.
"On respecte les institutions, là où certains essaient de les attaquer parfois à coups de boules de pétanque, parfois à coups de tweets rageurs ou parfois à coups de happenings dans l'hémicycle, avec un continuum entre la violence exprimée à l'Assemblée nationale et celle qu'on peut retrouver dans la rue", a déploré Olivier Véran.
Alors que la Première ministre Elisabeth Borne a tendu dimanche la main aux syndicats et aux partis politiques afin de "mettre de l'apaisement", M. Berger a interrogé: "C'est quelle main tendue ? Je suis désolé de le dire comme ça mais elle est où la main tendue, sur la question des retraites ? (Or) c'est le sujet actuel", a-t-il répondu.
"Si la main tendue c'est rediscutons et travail et des retraites, et en mettant de côté pour l'instant la réforme qui a été adoptée par le 49-3, qui n'est pas validée par le conseil constitutionnel (...), si ces deux sujets sont sur la table, on va discuter", a-t-il ajouté.
"Vous n'imaginez pas quand même qu'il y a deux millions de personnes dans la rue jeudi dernier", d'un côté et "qu'on (ne) va pas discuter des retraites si on est invités à discuter" d'un autre côté.
Alors que le recours du gouvernement au 49.3 pour faire adopter sa réforme au Parlement s'est traduit par un durcissement de la contestation, émaillée d'échauffourées quotidiennes, M. Berger a décrit : "un climat qui est dangereux" et "une colère qui monte". Il a appelé à "ne pas tomber dans la folie qui pourrait s'emparer de ce pays avec de la violence mais aussi un ressentiment social très profond".
"Il vaut mieux faire redescendre la température que d'attiser les choses", selon lui.
Quant à savoir si la journée de mobilisation mardi sera la dernière, il a répondu: "non, c'est pas forcément la dernière (...) On va au moins aller jusqu'au conseil constitutionnel". La décision de ce dernier est attendue d'ici à trois semaines.