Le plan « inhumain » de l’Iran contre les migrants indigne Kaboul

L’Afghanistan a condamné le plan iranien imposant des peines d’emprisonnement à tout « migrant clandestin » et autorisant les responsables à tirer sur les véhicules soupçonnés de transporter des demandeurs d’asile. (Photo/AFP)
L’Afghanistan a condamné le plan iranien imposant des peines d’emprisonnement à tout « migrant clandestin » et autorisant les responsables à tirer sur les véhicules soupçonnés de transporter des demandeurs d’asile. (Photo/AFP)
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Publié le Dimanche 29 novembre 2020

Le plan « inhumain » de l’Iran contre les migrants indigne Kaboul

  • Un nombre inconnu d’exilés afghans ne possèdent pas de pièces d’identité telles que des passeports, des visas et des permis
  • S’il est approuvé par le parlement iranien, ce plan pourrait affecter environ 2,5 millions d’Afghans

KABOUL : L’Afghanistan a condamné le plan iranien imposant des peines d’emprisonnement de 25 ans à tout « migrant clandestin » et autorisant les responsables à tirer sur les véhicules soupçonnés de transporter des demandeurs d’asile.

S’il est approuvé par le parlement iranien,  ce plan pourrait affecter environ 2,5 millions d’Afghans qui ont fui leur pays  depuis le début du conflit il y a plus de quatre décennies et qui vivent aujourd’hui en Iran.

Un nombre inconnu d’exilés afghans ne possèdent pas de pièces d’identité telles que des passeports, des visas et des permis.

« Nous sommes très préoccupés par cela, Nous espérons que l’Iran n’aura pas recours à un tel plan », a déclaré le conseiller au ministère afghan des Réfugiés, Abdel Basit Ansari, à Arab News.

« Nous pouvons travailler ensemble pour résoudre ce problème, et nous insistons à rapatrier les Afghans volontairement », a-t-il ajouté. Le quotidien iranien Sharq, citant le Conseil islamique du pays, a récemment indiqué que le parlement oeuvrait  pour « réglementer les migrants illégaux » et soumettrait ses propositions à l’approbation « très bientôt ».

En vertu de ce plan, ceux qui entrent ou vivent en Iran sans un permis seront emprisonnés pour 25 ans, et devront payer de lourdes amendes. Leurs biens seront également saisis.

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères afghan a mentionné que Kaboul avait fait part de ses préoccupations aux autorités iraniennes à travers son ambassadeur à Téhéran.

« Des efforts sérieux sont déployés pour résoudre ce problème par voie diplomatique », a affirmé Hamid Tehzeb à Arab News.

Le plan proposé intervient au moment où les attaques violentes se multiplient en Afghanistan et où le nombre de réfugiés afghans augmentera probablement dans la région après que les États-Unis achèvent le retrait de leurs troupes au printemps prochain.

Si elles sont approuvées, les propositions de l’Iran pourraient nuire davantage aux relations déjà tendues entre les deux pays voisins en raison d’une série d’incidents plus tôt dans l’année.

Les relations entre Kaboul et Téhéran sont particulièrement tendues depuis le 1er mai, lorsque 13 migrants afghans se sont noyés après avoir été apparemment forcés de traverser une rivière, sous la menace d’une arme, par les forces iraniennes.

Dans un autre incident, qui a eu lieu dans la ville iranienne de Yazd le 5 juin, trois Afghans sont morts après que leur véhicule a été criblé de balles par des policiers.

La police a expliqué que le véhicule ne s’était pas arrêté pour un contrôle de routine.

Ces deux incidents ont indigné Kaboul. Cependant, l’Iran a ensuite promis de mieux traiter les migrants afghans et de prolonger leurs permis de résidence.

Selon Aryan Youn, député de la province afghane de Nangarhar, la dernière décision de Téhéran s’inscrit dans le cadre de sa politique de pression « plus large » sur le gouvernement afghan pour abandonner la construction de barrages qui réduiront éventuellement le débit d’eau vers l’Iran.

Les deux pays sont engagés dans un conflit sur l’eau depuis les années 1990.

« Nos deux voisins, l’Iran et le Pakistan, utilisent la question des réfugiés pour exercer une pression sur notre gouvernement lorsqu’ils estiment que leurs intérêts sont menacés en Afghanistan », a expliqué M. Youn à Arab News.

Mirwas Khadem, député de la province Sud de Helmand, a qualifié le plan de « choquant, inhumain et anti-islamique ».

« Même un grand criminel ne devrait pas être puni de la sorte. Ces personnes-là ont fui leur pays à cause de la guerre et ne méritent pas une telle punition. Il n’existe aucun précédent pour une telle chose dans le monde entier », a-t-il déclaré.

Les experts accusent Téhéran de « profiter » des questions intérieures de Kaboul.

« L’Iran fait tout ce qu’il peut pour effrayer ou chasser les réfugiés », a indiqué l’analyste politique Fazl Rahman Orya à Arab News.

Un autre analyste politique, Shafiq Hapal, a souligné que la décision de l’Iran pourrait être le résultat d’une « plus grande crainte » à Téhéran de l’intensification des combats en Afghanistan après le retrait des troupes, ce qui obligera des centaines de milliers de personnes à demander refuge en Iran.

« Je pense que l’Iran se prépare à éviter une vague soudaine de migration incontrôlée vers l’Iran. Il veut effrayer tous les Afghans qui envisagent de se réfugier dans le pays », a-t-il souligné.


La Turquie cherche à renforcer son ancrage sur le continent africain

Cette photo prise et diffusée par le bureau de presse de la présidence turque le 12 avril 2025 montre le président turc Recep Tayyip Erdogan (R) rencontrant le président somalien Hassan Sheikh Mohamud lors de la 4e édition du Forum diplomatique d'Antalya (ADF2025) à Antalya. (Photo by Handout / Turkish Presidency Press Office / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le bureau de presse de la présidence turque le 12 avril 2025 montre le président turc Recep Tayyip Erdogan (R) rencontrant le président somalien Hassan Sheikh Mohamud lors de la 4e édition du Forum diplomatique d'Antalya (ADF2025) à Antalya. (Photo by Handout / Turkish Presidency Press Office / AFP)
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  • La Turquie cherche désormais à y étendre son influence en proposant sa médiation dans des conflits.
  • Très impliqué sur les dossiers syrien et ukrainien, le président turc Recep Tayyip Erdogan a renforcé son image d'interlocuteur clé en Afrique en négociant, il y a quelques mois, un accord de paix entre la Somalie et l'Éthiopie.

ANTALYA, TURQUIE : La Turquie, qui pousse ses pions en Afrique depuis plusieurs années, cherche désormais à y étendre son influence en proposant sa médiation dans des conflits, à la faveur notamment du retrait de la France et des États-Unis.

Témoignage des efforts d'Ankara pour consolider son ancrage sur le continent, un forum diplomatique organisé ce week-end à Antalya, dans le sud de la Turquie, a réuni, aux côtés du président syrien Bachar el-Assad, des ministres russe et ukrainien des Affaires étrangères, ainsi que de nombreux responsables africains, dont le chef de l'État somalien.

« Les pays africains cherchent des alternatives et la Turquie en représente une », a affirmé à l'AFP Eghosa Osaghae, directeur général de l'Institut nigérian des affaires internationales (NIIA), présent à Antalya. 

Très impliqué sur les dossiers syrien et ukrainien, le président turc Recep Tayyip Erdogan a renforcé son image d'interlocuteur clé en Afrique en négociant, il y a quelques mois, un accord de paix entre la Somalie et l'Éthiopie.

Selon M. Osaghae, la capacité d'Ankara à combler le vide laissé par la France, dont de nombreuses anciennes colonies se sont détournées ces dernières années, « dépendra en grande partie de l'attrait des offres turques ».

« Nous entretenons avec la France des relations dont nous sommes très fiers, mais la France ne nous empêche pas d'avoir d'autres partenariats », a déclaré à l'AFP Léon Kacou Adom, le ministre ivoirien des Affaires étrangères, lors du forum d'Antalya.

Le pays d'Afrique de l'Ouest, ancienne colonie française, souhaite collaborer avec la Turquie dans tous les secteurs, notamment le commerce, la communication, la sécurité, l'éducation et la formation, a-t-il souligné.

« Tout cela nous intéresse (...). La Turquie nous fait des offres que nous étudions », a-t-il ajouté.

- « Solutions aux problèmes africains » -

De nombreux pays africains sont confrontés à des menaces sécuritaires, émanant de groupes comme Boko Haram ou les shebab somaliens.

« Si la Turquie peut apporter son aide dans ces domaines, pourquoi pas ? », estime M. Osaghae. « Le point positif est que de nombreux pays africains coopèrent déjà militairement avec la Turquie. Cela peut être la pierre angulaire de l'influence turque », relève-t-il.

La Turquie, qui a proposé en janvier sa médiation entre le Rwanda et la République démocratique du Congo, a signé ces dernières années des accords de défense avec plusieurs États africains dont la Somalie, la Libye, le Kenya, le Rwanda, l'Éthiopie, le Nigeria et le Ghana.

Ces accords ont ouvert des marchés à l'industrie de défense turque, notamment pour ses drones réputés fiables et bon marché.

« Nous nous efforçons de faire en sorte que l'Afrique trouve ses propres solutions aux problèmes africains », affirme Alp Ay, diplomate turc et représentant spécial d'Ankara dans les négociations entre la Somalie et la région séparatiste du Somaliland.

Selon un haut diplomate somalien, Ankara a joué « un rôle très utile en parvenant à réunir les deux pays pour résoudre ce problème ». « L'Afrique a désespérément besoin de médiateurs », résume pour sa part le politologue nigérian Eghosa Osaghae.

Si la responsabilité du respect de l'accord incombe désormais aux deux parties, la Turquie continuera toutefois de jouer son rôle de facilitateur, souligne le diplomate turc Alp Ay, qui envisage l'avenir avec « espoir ».

Recep Tayyip Erdogan s'est entretenu avec son homologue somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, samedi à Antalaya.

Au cours de leur rencontre, les deux hommes ont promis d'« accroître la coopération » entre les deux États, selon Ankara, qui dispose déjà d'un droit d'exploration des ressources énergétiques le long des côtes somaliennes. 


Zelensky exhorte Trump à se rendre en Ukraine pour voir les ravages de la guerre

Le président américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky se rencontrent dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 28 février 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky se rencontrent dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 28 février 2025. (AFP)
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  • « Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a exhorté son homologue américain, Donald Trump, à se rendre dans son pays pour prendre conscience de l'étendue des dégâts causés par l'invasion de la Russie. 
  • En se rendant en Ukraine, M. Trump « comprendra ce que Poutine a fait ».

WASHINGTON : le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté dimanche son homologue américain Donald Trump à se rendre dans son pays pour mieux comprendre la dévastation causée par l'invasion russe. 

« Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a exhorté son homologue américain, Donald Trump, à se rendre dans son pays pour prendre conscience de l'étendue des dégâts causés par l'invasion de la Russie. 

En se rendant en Ukraine, M. Trump « comprendra ce que Poutine a fait ».

Cette invitation intervient alors que M. Trump fait pression pour mettre rapidement un terme à ce conflit qui dure depuis plus de trois ans, les États-Unis ayant engagé des discussions directes avec la Russie malgré ses attaques incessantes contre l'Ukraine.

Washington a également discuté d'une éventuelle trêve avec des responsables ukrainiens.

Cette invitation fait suite à la vive polémique qui a éclaté à la Maison Blanche fin février entre le président ukrainien, M. Zelensky, et le vice-président américain, M. JD Vance, devant la presse.

M. Vance avait alors accusé l'Ukraine d'accueillir des dirigeants étrangers pour faire de la propagande en vue de gagner leur soutien. 

M. Zelensky a nié une nouvelle fois cette allégation et a déclaré à la chaîne CBS que si M. Trump décidait de se rendre en Ukraine, « nous ne préparerons rien, ce ne sera pas du théâtre ». Ce ne sera pas du théâtre. » 


La rencontre entre Poutine et l'Américain Witkoff a été qualifiée d'« extrêmement utile et efficace » par le Kremlin

Dans cette photo de pool distribuée par l'agence d'État russe Sputnik, le président russe Vladimir Poutine serre la main de l'envoyé du président américain Donald Trump, Steve Witkoff, lors d'une réunion à Saint-Pétersbourg, le 11 avril 2025. (Photo Gavriil Grigorov / POOL / AFP)
Dans cette photo de pool distribuée par l'agence d'État russe Sputnik, le président russe Vladimir Poutine serre la main de l'envoyé du président américain Donald Trump, Steve Witkoff, lors d'une réunion à Saint-Pétersbourg, le 11 avril 2025. (Photo Gavriil Grigorov / POOL / AFP)
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  • « De tels contacts sont extrêmement utiles et très efficaces », a déclaré à la presse Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin.
  • Depuis plusieurs semaines, l'administration de Donald Trump organise des pourparlers séparés avec des hauts responsables russes et ukrainiens.  

MOSCOU : La rencontre entre le président russe Vladimir Poutine et l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, qui a eu lieu vendredi à Saint-Pétersbourg, en Russie, était « extrêmement utile et efficace », a assuré lundi le Kremlin.

« De tels contacts sont extrêmement utiles et très efficaces », a déclaré à la presse Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, en faisant l'éloge d'un canal de communication permettant aux dirigeants russe et américain d'échanger directement sur « différents éléments de leurs positions sur toutes sortes de questions ».

Cette rencontre entre MM. Poutine et Witkoff, la troisième depuis février, portait « sur les aspects du règlement ukrainien », selon le Kremlin, alors que Donald Trump prône la fin de ce conflit au plus vite depuis son arrivée à la Maison Blanche en janvier.

Depuis plusieurs semaines, l'administration de Donald Trump organise des pourparlers séparés avec des hauts responsables russes et ukrainiens.  

Ces discussions n'ont cependant pas abouti, pour l'heure, à une cessation des hostilités, ce qui a provoqué la frustration du dirigeant américain ces derniers jours.

« La Russie doit se bouger », a-t-il déclaré vendredi, déplorant sur son réseau Truth Social que « trop de gens meurent, des milliers par semaine, dans une guerre terrible et insensée ».

Selon Dmitri Peskov, lundi, une éventuelle rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump « n'a pas été évoquée » lors des pourparlers avec M. Witkoff.

« Toute rencontre doit être bien préparée », a-t-il souligné, en assurant que « le travail se poursuit », sans donner plus de précisions.