Retraites: un militant de Sud-Rail «éborgné» en manifestation, le syndicat interpelle les autorités

Des policiers du Corps de sécurité républicain français montent la garde à côté de manifestants lors d'une manifestation devant la raffinerie de Gronfreville-l'Orcher, dans le nord de la France, le 24 mars 2023 (Photo, AFP).
Des policiers du Corps de sécurité républicain français montent la garde à côté de manifestants lors d'une manifestation devant la raffinerie de Gronfreville-l'Orcher, dans le nord de la France, le 24 mars 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 25 mars 2023

Retraites: un militant de Sud-Rail «éborgné» en manifestation, le syndicat interpelle les autorités

  • «Les grenades de désencerclement sont répertoriées en catégorie matériel de guerre par le Code la Sécurité Intérieure», affirment les syndicats
  • Interrogé sur les suites judiciaires qu'il entendait donner à cette affaire, Sud-Rail a indiqué que «des plaintes vont être déposées»

PARIS: Le militant de Sud-Rail blessé jeudi lors de la manifestation parisienne contre la réforme des retraites, a été "éborgné" par l'usage d'une grenade de désencerclement, a indiqué samedi le syndicat, qui demande au gouvernement et au préfet de police de Paris de "rendre des comptes".

"Sébastien, un syndicaliste de SUD-Rail, cheminot dans un atelier Matériel depuis plus de 25 ans et père de trois enfants, a été éborgné par la police", indique le syndicat dans un communiqué de presse co-signé avec Solidaires, précisant qu'il a "perdu son oeil suite à l’éclat de grenade de désencerclement".

Retraites: Roussel (PCF) accuse Macron de «créer un climat de guerre civile»

Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a accusé samedi Emmanuel Macron de créer un climat de "guerre civile", et de compter sur les violences dans les cortèges contre la réforme des retraites pour "retourner l’opinion".

"Le président de la République, droit dans ses bottes, a provoqué les Français, suscité beaucoup de colère", a accusé le leader communiste, interrogé sur RMC, fustigeant la décision de recourir au 49.3 pour faire passer la réforme, et une allocution télévisée "décalée, méprisante, pleine de morgue" mercredi.

"Malheureusement ça a suscité une colère violente de la part de quelques-uns. Quand il y a 1 000 individus violents sur 3,5 millions de manifestants et bien on parle des dégradations et des 1 000 individus", a regretté le député du Nord.

La contestation dans la rue a rassemblé jeudi entre 1,089 million de manifestants (Intérieur) et 3,5 millions (CGT). Les violences, relativement sporadiques dans les précédentes marches, sont montées d'un cran.

"Je me demande si ce n’est pas ce que cherche le Président de la République, tout faire pour radicaliser le mouvement, pour susciter tant de colère qu’elle déborde (...) et retourner l'opinion contre les manifestations", a fustigé M. Roussel.

"On est passé de manifestations pacifistes aux gueules cassées", a déploré M. Roussel. "Je pense autant à ces manifestants qu’aux policiers (...) Le Président créé un climat de guerre civile".

"Les grenades de désencerclement sont répertoriées en catégorie matériel de guerre par le Code la Sécurité Intérieure", affirment les syndicats, qui évoquent le cas d'une manifestante au doigt arraché le même jour à Rouen par une grenade et "condamnent avec la plus grande fermeté ces violences disproportionnées et illégales".

Les deux syndicats, "en lien et soutien avec la famille de notre militant, mettront tout en oeuvre afin que cet acte soit puni à la hauteur de son niveau de violence" et appellent à la mobilisation.

Interrogé sur les suites judiciaires qu'il entendait donner à cette affaire, Sud-Rail a indiqué à l'AFP que "des plaintes vont être déposées", sans plus de précisions à ce stade.

Une nouvelle journée de manifestations doit avoir lieu mardi.


Restrictions d'accès par la France : l'Algérie exprime sa « surprise » selon le ministère

Drapeau de l'Algérie (Photo, AFP)
Drapeau de l'Algérie (Photo, AFP)
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  • Alger n'a « aucunement été informé » de ces mesures visant des « ressortissants algériens titulaires de documents de voyage spéciaux les exemptant de formalités de visa », a indiqué le ministère algérien des Affaires étrangères.
  • Le minstre algérien a également souligné que « toute mesure attentatoire aux intérêts de l'Algérie fera l'objet de mesures réciproques, strictes et immédiates ».

ALGER : L'Algérie a fait part mercredi de sa « surprise » et de son « étonnement » après l'annonce la veille par Paris de mesures de restriction d'accès à la France pour certains dignitaires algériens, en dénonçant une nouvelle « provocation ».

Alger n'a « aucunement été informé » de ces mesures visant des « ressortissants algériens titulaires de documents de voyage spéciaux les exemptant de formalités de visa », a indiqué le ministère algérien des Affaires étrangères dans un communiqué cité par l'agence APS.

Cette annonce « s'inscrit dans la longue liste des provocations, des intimidations et des menaces dirigées contre l'Algérie », a-t-il affirmé.

Mardi soir, en pleine crise avec Alger, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a révélé que des « mesures de restriction de circulation et d'accès au territoire national pour certains dignitaires algériens » avaient été prises.

M. Barrot s'est également dit « prêt à en faire davantage » si la coopération franco-algérienne « n'est pas relancée ».

Les relations avec Alger, déjà très tendues, se sont encore dégradées après l'attentat meurtrier commis samedi à Mulhouse, dans l'est de la France. Un Algérien de 37 ans en situation irrégulière est accusé d'avoir tué à l'arme blanche un Portugais de 69 ans et d'avoir blessé sept autres personnes.

Les déclarations de M. Barrot interviennent alors que la position à adopter vis-à-vis d'Alger divise profondément le gouvernement français, entre les partisans du « rapport de force », comme le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, et ceux qui plaident pour la voie diplomatique, comme Jean-Noël Barrot.

Le ministère algérien des Affaires étrangères a estimé que l'Algérie était « manifestement devenue l'enjeu de querelles politiques intra-françaises où tous les coups bas politiciens sont permis dans le cadre d'une compétition, dont l'extrême droite est l'instigateur, le référent et le donneur d'ordres ».

Le ministère a déclaré que cela pourrait « avoir des conséquences incalculables sur la relation algéro-française dans toutes ses dimensions ». Il a également souligné que « toute mesure attentatoire à ses intérêts (de l'Algérie, ndlr) fera l'objet de mesures réciproques, strictes et immédiates ».


Algérie : le ministre de la Fonction publique favorable à la révision du traité de 1968

Le ministre français de l'Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification, Laurent Marcangeli, quitte le palais présidentiel de l'Élysée après le conseil des ministres hebdomadaire, à Paris, le 19 février 2025. (Photo : Ludovic Marin / AFP)
Le ministre français de l'Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification, Laurent Marcangeli, quitte le palais présidentiel de l'Élysée après le conseil des ministres hebdomadaire, à Paris, le 19 février 2025. (Photo : Ludovic Marin / AFP)
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  • Le ministre de la Fonction publique, Laurent Marcangeli, s'est prononcé mercredi pour une révision du traité franco -algérien de 1968.
  • « Évidemment qu'il va être question notamment de notre rapport avec l'Algérie », a indiqué M. Marcangeli.

PARIS : Le ministre de la Fonction publique, Laurent Marcangeli, s'est prononcé mercredi pour une révision du traité franco -algérien de 1968, alors qu'un conseil interministériel sur l'immigration se tiendra dans la journée autour de François Bayrou.

Ce traité établit entre autres un régime des visas favorable pour l'Algérie.

« Évidemment qu'il va être question notamment de notre rapport avec l'Algérie », a indiqué M. Marcangeli sur France Info.

« Il y a peu de temps, j'étais encore parlementaire, président du groupe Horizons (à l'Assemblée nationale, NDLR), proche d'Édouard Philippe et je fais partie de ceux qui pensent qu'il faut revoir le traité franco-algérien de 1968 », a affirmé le ministre.

Certains politiques ont régulièrement souhaité ces derniers mois la remise en cause du traité de 1968, à la suite de différentes affaires, comme l'incarcération en Algérie depuis mi-novembre de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal ou la tentative avortée de renvoi en Algérie de l'influenceur algérien Doualemn en janvier, aussitôt renvoyé en France par les autorités algériennes.

Samedi, un Algérien faisant l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF), que le Premier ministre, François Bayrou, a dit avoir été refusé par Alger à dix reprises, est accusé d'avoir tué à l'arme blanche une personne et d'en avoir blessé sept autres à Mulhouse.

Mardi, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a indiqué que « des mesures de restriction de circulation et d'accès au territoire national pour certains dignitaires algériens avaient été prises ».

« Les dignitaires algériens se caractérisent souvent par des prises de positions particulièrement dures à l'égard de la France, qui peuvent également entraîner des réactions de la France », a commenté M. Marcangeli.

« Il y a le traité, qui n'a pas été revu depuis plus de 24 ans, il y a la question des dignitaires, la question des visas, bref, toute une panoplie de mesures. À la fin du comité interministériel, le Premier ministre fera un certain nombre d'annonces qui concerneront très certainement l'Algérie », a déclaré le ministre.

Par ailleurs, interrogé sur la réforme des retraites, M. Marcangeli a estimé que « remettre en cause un certain nombre d'équilibres définis par la loi Borne de 2023 ne lui semblait pas être une bonne politique ».


"Contrôler" l'immigration: Bayrou réunit ses ministres sur fond de tensions avec Alger

Le Premier ministre français François Bayrou (à droite) lors de sa visite au 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 24 février 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou (à droite) lors de sa visite au 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 24 février 2025. (AFP)
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  • Pour débattre des moyens visant à "reprendre le contrôle des flux migratoires" et définir ses "orientations" en la matière, François Bayrou réunit mercredi une partie de son gouvernement, divisé sur le sujet
  • A partir de 14H00, une dizaine de ministres seront rassemblés autour du Premier ministre pour un "Conseil interministériel de contrôle de l'immigration" (CICI)

PARIS: Pour débattre des moyens visant à "reprendre le contrôle des flux migratoires" et définir ses "orientations" en la matière, François Bayrou réunit mercredi une partie de son gouvernement, divisé sur le sujet, sur fond de tensions croissantes avec Alger.

A partir de 14H00, une dizaine de ministres seront rassemblés autour du Premier ministre pour un "Conseil interministériel de contrôle de l'immigration" (CICI). Ils discuteront notamment de "la maîtrise des flux migratoires" et des moyens "nationaux, européens et diplomatiques pour renforcer les contrôles", a appris l'AFP auprès de Matignon.

A l'issue de ce premier échange prévu pendant une bonne heure, François Bayrou prendra la parole, selon la même source.

Les ministres Bruno Retailleau (Intérieur), Jean-Noël Barrot (Affaires étrangères), Catherine Vautrin (Santé et Travail), Astrid Panosyan-Bouvet (Travail), Gérald Darmanin (Justice) et Yannick Neuder (Santé), entre autres, aborderont également la transposition du "Pacte européen asile et migration" - adopté en mai et censé entrer en vigueur mi-2026 -, qui prévoit un durcissement du "filtrage" aux frontières et un mécanisme de solidarité entre les 27.

Créé en 2005, le CICI a été réactivé par M. Retailleau "dans le contexte d’une immigration importante" et "pour répondre aux attentes des Français en faveur d'une plus grande maîtrise des flux migratoires", par un décret du 22 janvier.

Annoncé fin janvier puis reporté, ce rendez-vous se tiendra finalement après l'attaque survenue samedi à Mulhouse (Haut-Rhin), dans laquelle un Algérien de 37 ans en situation irrégulière est accusé d'avoir tué à l'arme blanche une personne et d'en avoir blessé sept autres.

"Il avait été présenté dix fois aux autorités algériennes pour que son pays d'origine accepte que nous le renvoyions chez lui. Les dix fois, la réponse a été non", a dénoncé lundi François Bayrou, jugeant "inacceptable" le refus d'Alger de reprendre son ressortissant, sous le coup d'une Obligation de quitter le territoire français (OQTF).

Cette nouvelle affaire vient aggraver un peu plus les tensions entre Paris et Alger, qui a refusé à de multiples reprises ces dernières semaines de laisser entrer sur son sol plusieurs de ses ressortissants expulsés de France.

- "Bras de fer" ou diplomatie -

Ainsi, la question algérienne devrait notamment être au menu des discussions du CICI, alors que Paris tente de trouver des réponses face à Alger. Plusieurs pistes ont été évoquées ces dernières semaines mais divisent profondément le gouvernement entre les partisans du "rapport de force", à l'instar de Bruno Retailleau, et ceux qui plaident pour la voie diplomatique comme Jean-Noël Barrot.

Ainsi, le ministre de l'Intérieur a récemment plaidé pour "priver un certain nombre de personnalités, de la nomenklatura, de diplomates" des "facilités" dont ils bénéficient actuellement.

Le chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot a, lui, annoncé mardi soir que des "mesures de restriction de circulation et d'accès au territoire national pour certains dignitaires algériens" avaient été prises, sans préciser depuis quand.

Mercredi il a indiqué sur France 2 qu'il allait proposer que les délivrances de visas soient réduites "par tous les pays européens en même temps" pour les Etats qui ne reprennent pas leurs ressortissants expulsés.

A l'inverse, il propose que l'UE baisse les droits de douanes pour les pays avec qui la coopération pour la reprise de leurs ressortissants s'améliore. "C'est un levier qui est particulièrement puissant", selon lui.

"On n'est pas obligé d'avoir des visas en quantité aussi importante", a pour sa part affirmé lundi la porte-parole du gouvernement Sophie Primas, suggérant de "cibler un certain nombre de personnes qui sont importantes dans les relations (franco-algériennes) et ne plus leur donner de visas".

Le ministre de l'Intérieur est allé plus loin suggérant, comme Edouard Philippe et Gabriel Attal, de "remettre en cause de façon plus générale des accords" avec l'Algérie de 1968.

"La question n'est pas forcément d'être aussi abrupt que ça, mais en tout cas la question doit être posée aux Algériens de la réciprocité", a jugé mardi Marc Fesneau (chef de file des députés Modem et proche du Premier ministre).

"Nous avons tendu beaucoup de fois la main auprès de nos amis algériens et beaucoup de fois cette main n'a pas été saisie", a-t-il encore relevé, estimant qu'"il faut peut-être changer de registre et de braquet".