Devant la crise, Le Pen fait le service minimum mais espère des dividendes

Le Rassemblement national de Marine Le Pen, porté par de bons sondages, apparaît comme la force politique qui profite le mieux de la crise politique et sociale. (AFP).
Le Rassemblement national de Marine Le Pen, porté par de bons sondages, apparaît comme la force politique qui profite le mieux de la crise politique et sociale. (AFP).
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Publié le Vendredi 24 mars 2023

Devant la crise, Le Pen fait le service minimum mais espère des dividendes

  • "La véritable alternance, c'est le Rassemblement National. Après Emmanuel Macron, ce sera nous!", répète depuis plusieurs semaines Marine Le Pen
  • D'autre part, on note une prise de distance avec les cortèges, salués mais que les troupes frontistes rechignent à rejoindre, "sans que cela ne leur porte préjudice dans l'opinion"

PARIS: Le Rassemblement national de Marine Le Pen, porté par de bons sondages, apparaît comme la force politique qui profite le mieux de la crise politique et sociale, même si certains cadres mettent en garde contre tout péché d'orgueil.

Méthode Coué? "La véritable alternance, c'est le Rassemblement National. Après Emmanuel Macron, ce sera nous!", répète depuis plusieurs semaines Marine Le Pen, qui voit sa stratégie de normalisation porter ses fruits depuis le début de la crise née du projet de réforme des retraites.

Les "dirigeants du Rassemblement national" apparaissent désormais "crédibles" lorsqu'ils s'expriment sur le sujet pour 40% des Français, le meilleur score pour une formation politique, selon un sondage Harris Interactive pour Challenges paru en début de semaine.

"C'est loin d'être anodin", estime le patron de l'institut, Jean-Daniel Lévy, qui note que les RN arrivent à "embrasser un espace plus large que leur seul socle électoral", leur "crédibilité" étant reconnue par 39% des sympathisants de la France insoumise (LFI) et 37% de ceux du parti Les Républicains (LR).

En creux, c'est la ligne de crête tenue par les lepénistes depuis le début de l'année qui est validée: d'un côté, une notabilisation à l'Assemblée nationale, où les 88 députés plutôt disciplinés "font du RN l'une des forces politiques les plus appréciées pour son travail parlementaire", note M. Lévy, quand les coups d'éclat de la Nupes dans l'hémicycle l'ont a contrario fait dévisser dans les études d'opinion.

De l'autre, une prise de distance avec les cortèges, salués mais que les troupes frontistes rechignent à rejoindre, "sans que cela ne leur porte préjudice dans l'opinion".

« La dissolution, non »

Le Rassemblement national a-t-il gagné la bataille de l'incarnation de l'alternance?

"La Nupes, ça n'existe déjà plus", veut convaincre Marine Le Pen, en renvoyant les partisans de Jean-Luc Mélenchon - qui avait manqué de lui ravir son ticket d'accès au second tour de la dernière présidentielle à 420.000 voix près - à "ceux qui hurlent dans l'hémicycle, qui insultent les ministres, qui soutiennent ceux qui crament les voitures".

Après avoir longtemps réclamé un référendum sur la réforme des retraites, Marine Le Pen a appelé à la dissolution de la chambre basse après l'utilisation du 49.3 et le rejet de la motion de censure.

L'idée, bien que rapidement écartée par Emmanuel Macron, avait fait tiquer plusieurs cadres du RN, inquiets des risques d'élections législatives anticipées. En recueillant 22% d'intentions de vote, le parti d'extrême droite améliorerait certes de trois points son score de juin, selon une étude Harris Interactive réalisée début mars, mais il n'aurait gagné qu'une dizaine de députés, très loin de toute majorité, fût-elle relative.

Surtout, si les ambitions élyséennes de la fille de Jean-Marie Le Pen sont intactes, elles sont exclusives: en refusant de devenir une Première ministre de cohabitation, Marine Le Pen a contribué à instiller un flou certain en cas d'un improbable raz-de-marée RN à l'Assemblée. Quant à l'hypothèse que Jordan Bardella, 27 ans à peine, s'installe à Matignon, elle suscite des haussements de sourcils chez nombre de caciques RN.

"Le référendum, ça règlerait la situation politique; la dissolution, non", résume le député Jean-Philippe Tanguy.

Au-delà, l'équation dans laquelle se trouve le Rassemblement national le renvoie à ses éternels talons d'Achille: le plafond de verre électoral et son vivier de personnalités prêtes à exercer des responsabilités exécutives, alors que le parti vient de lancer une "école des cadres" destinée à former ses futurs dirigeants.

"Il y a une petite différence entre les gens qui connaissent bien le système et ceux qui le connaissent moins bien", euphémise Jean-Philippe Tanguy, qui prévient: "Dire que c'est tout cuit dans le bec pour les prochaines élections, c'est une connerie. Si on ne travaille pas, on n'y arrivera jamais".


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.