Retraites: À Paris, un «pré-cortège» radical et une soirée chaotique

Un habitant et un pompier tentent d'éteindre un feu lors d'une manifestation à Paris, le 23 mars 2023 (Photo, AFP).
Un habitant et un pompier tentent d'éteindre un feu lors d'une manifestation à Paris, le 23 mars 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 24 mars 2023

Retraites: À Paris, un «pré-cortège» radical et une soirée chaotique

  • De nombreux incendies – 140 feux avaient été recensés à 22h – ont visé des poubelles, quelques kiosques à journaux ou encore un chantier d'immeuble
  • Une forte présente policière a rapidement poussé les manifestants à se disperser

PARIS: Des départs de feu et incidents nombreux : la manifestation contre la réforme des retraites jeudi à Paris, émaillée d'incidents en tête de défilé, s'est transformée en cortèges "sauvages" dans certains quartiers, où la situation est restée chaotique une partie de la soirée.

Jets de projectiles contre grenades lacrymogènes... L'intégralité de la manifestation parisienne a vu s'affronter en tête de cortège forces de l'ordre et manifestants "casseurs" vêtus de noir et équipés de masques et lunettes, dans un va-et-vient incessant de manœuvres offensives et de reculades.

Parmi les habituels slogans anti-police ("Acab", "police partout justice nulle part", "tout le monde déteste la police"...), se sont glissés des chants réclamant la démission d'Emmanuel Macron, au lendemain de l'intervention télévisée durant laquelle il a jugé "la foule" pas "légitime".

Plusieurs supérettes, fast-food et banques ont été dégradés. De nombreux incendies – 140 feux avaient été recensés à 22h – ont visé des poubelles, quelques kiosques à journaux ou encore un chantier d'immeuble.

Prompts à intervenir, les pompiers ont eux été acclamés par des manifestants lors de leurs interventions.

La tête du cortège a été rapidement séparée du reste de la manifestation par les forces de l'ordre. Les "casseurs" ou "black blocs", au nombre de 1 500 selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, sont presque les seuls à avoir pu rallier le point final du parcours, la très huppée place de l'Opéra.

Là, la confusion a régné pendant plus de deux heures, pendant lesquelles les forces de l'ordre bloquaient tous les accès de la place, bouclant le périmètre. Attaques et répliques, brèves mais régulières entre les deux parties, se sont succédé, jusqu'à l'évacuation de la place vers 20h.

Essuyant pavés et autres projectiles, les forces de l'ordre ont chargé à de nombreuses reprises, distribuant de temps à autre quelques coups de matraque, alors que depuis plusieurs jours les témoignages de manifestants contre les "violences policières" se multiplient.

Dispersion par grappes

Les "casseurs", pour la plupart des jeunes, se sont peu à peu dispersés par grappes, certains affichant ouvertement l'envie de rejoindre des "manifestations sauvages" dans d'autres quartiers de la capitale.

De petits groupes se sont retrouvés après 20h sur la place de la République, où un feu a été allumé au pied de la statue. Ils ont été rapidement rejoints par des manifestants scandant "Paris ! Debout ! Soulève-toi !".

Igor, qui ne souhaite pas donner son nom, 27 ans, fait toutes les manifestations depuis deux mois. Celles de l'intersyndicale mais aussi les actions spontanées.

Jeudi soir, après une après-midi à défiler, il a rejoint la place de la République où quelque 200 manifestants ont déambulé et chanté au milieu d'un ballet impressionnant des forces de l'ordre.

"Je suis là le plus possible. On montre pas assez les violences policières à la télé et on a des sacré-belles images en ce moment ! Mais les gens n'ont plus peur", affirme le francilien, alors que derrière lui un homme est interpellé de manière musclée par plusieurs policiers.

"L'ambiance aujourd'hui était assez spéciale. On est revenu aux méthodes du préfet Lallement, ça charge facilement. C'est assez flippant mais en même temps c'est galvanisant !", concède-t-il.

Une forte présente policière a rapidement poussé les manifestants à se disperser.

Ceux-ci ont ensuite convergé vers la place de la Bastille pour rejoindre d'autres manifestants.

Ils se sont éclatés en dizaines de petits groupes dans ce quartier jonché de poubelles renversées et d'ordures incendiées, afin d'échapper aux policiers verbalisant les manifestants sauvages pour participation à un rassemblement illégal. Peu après 22h30, de nombreuses grenades lacrymogènes ont été lancées par les forces de l'ordre pour achever de disperser les récalcitrants.

A 22h15, les forces de l'ordre avaient procédé à 103 interpellations, selon la préfecture de police.


Le gouvernement annule 3 milliards d'euros de crédits dans le cadre de l'effort budgétaire

La ministre française en charge des comptes publics Amélie de Montchalin (G) et le ministre français de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique Eric Lombard tiennent une conférence de presse après une réunion hebdomadaire du cabinet au palais présidentiel de l'Elysée à Paris, le 16 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
La ministre française en charge des comptes publics Amélie de Montchalin (G) et le ministre français de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique Eric Lombard tiennent une conférence de presse après une réunion hebdomadaire du cabinet au palais présidentiel de l'Elysée à Paris, le 16 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, avait alors expliqué que ces 5 milliards d'euros devaient permettre de respecter les objectifs de déficit public cette année, dans un contexte de croissance moindre.
  • « Ces 5 milliards d'euros que nous allons soit annuler, soit reporter, soit réorienter, c'est notre réponse à un monde instable. C'est la manière de faire face quoi qu'il arrive à ce monde instable », avait-elle déclaré.

PARIS : Le gouvernement a acté dans le Journal officiel des annulations de crédits à hauteur de 3,1 milliards, dans le cadre de l'effort supplémentaire de 5 milliards d'euros déjà annoncé par Bercy début avril.

La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, avait alors expliqué que ces 5 milliards d'euros devaient permettre de respecter les objectifs de déficit public cette année, dans un contexte de croissance moindre.

« Ces 5 milliards d'euros que nous allons soit annuler, soit reporter, soit réorienter, c'est notre réponse à un monde instable. C'est la manière de faire face quoi qu'il arrive à ce monde instable », avait-elle déclaré.

Une partie de cette somme a été concrétisée par le décret publié au Journal officiel.

« Afin de prévenir une détérioration de l'équilibre budgétaire sur le budget de l'État », selon le Journal officiel, « le présent décret porte des annulations de crédits à hauteur de 3,1 milliards d'euros en autorisations d'engagement ». 

« Cet effort porte essentiellement sur les crédits hors masse salariale mis en réserve en début d'année », est-il précisé, « ces annulations ne devraient ainsi pas remettre en cause de façon significative la capacité d'exécution des politiques publiques, selon les termes de la loi de finances initiale pour 2025 ».

Parmi les annulations de crédits, sont concernées la mission « écologie, développement et mobilité durable » (549,6 millions d'euros), la mission « économie » (517,7 millions d'euros), la mission « recherche et enseignement supérieur » (493,3 millions d'euros) ou encore la mission « agriculture, alimentation et affaires rurales » (140 millions d'euros).

« La dégradation récente des perspectives macroéconomiques conduit à anticiper de moindres recettes publiques, en lien notamment avec une révision à la baisse de la prévision de croissance à 0,7 %. Ces risques sont également renforcés par le contexte géopolitique incertain », souligne le décret.

« Dans ce cadre, un effort supplémentaire de maîtrise de la dépense est nécessaire pour respecter la trajectoire de redressement des comptes publics sur laquelle le gouvernement s'est engagé », ajoute le décret. 


France: prières et recueillement pour le pape François à Paris et Marseille

Des fidèles participent à un défilé aux flambeaux et à un service de prière après la mort du pape François, devant le sanctuaire Notre-Dame à Lourdes, dans le sud de la France, le 21 avril 2025. (AFP)
Des fidèles participent à un défilé aux flambeaux et à un service de prière après la mort du pape François, devant le sanctuaire Notre-Dame à Lourdes, dans le sud de la France, le 21 avril 2025. (AFP)
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  •  De nombreux fidèles se sont à nouveau déplacés vendredi pour le pape François, lors d'une messe à Notre-Dame à Paris puis d'une veillée de prières à Notre-Dame de la Garde à Marseille dans le sud de la France
  • A Paris, le Premier ministre français François Bayrou a assisté à la messe dans la cathédrale, chef d'oeuvre de l'art gothique récemment rénové après l'incendie de 2019

PARIS: De nombreux fidèles se sont à nouveau déplacés vendredi pour le pape François, lors d'une messe à Notre-Dame à Paris puis d'une veillée de prières à Notre-Dame de la Garde à Marseille dans le sud de la France, à la veille de ses funérailles au Vatican.

A Paris, le Premier ministre français François Bayrou a assisté à la messe dans la cathédrale, chef d'oeuvre de l'art gothique récemment rénové après l'incendie de 2019.

"J'ai vu les foules de la place Saint-Pierre et du parvis (de Notre-Dame) depuis lundi. Je me réjouis beaucoup de l'attachement des catholiques, du peuple d'une façon générale, à cette personnalité qui nous a marqués et a fait bouger les lignes dans l'Eglise et dans la société", a salué Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, auprès de journalistes.

"La transformation des coeurs humains a pu s'opérer sous son aura", a poursuivi le prélat, qui a présidé la messe solennelle "d'action de grâce et pour le repos de l'âme du Saint Père" décédé lundi à Rome.

Une heure avant l'office, une queue de plusieurs centaines de mètres composée de fidèles attendait déjà de pouvoir entrer dans l'édifice.

"Les institutions françaises ont le devoir d'être présentes chaque fois qu'une partie importante du peuple français est bouleversée, touchée, est en deuil", a estimé M. Bayrou, à l'issue de cette cérémonie, estimant que le pape François "était une figure que beaucoup de Français ressentaient comme de bonté, de générosité et du côté des plus faibles et des plus fragiles".

A Marseille, une centaine de personnes ont participé à une veillée de prière à la basilique Notre-Dame de la Garde, la "Bonne mère", symbole de la deuxième ville de France, juchée sur une colline face au soleil couchant.

Le pape François s'était rendu dans cette basilique néo-byzantine aux murs recouverts d'ex-votos lors d'un déplacement à Marseille en septembre 2023. Il y avait dénoncé le sort des migrants en Méditerranée, martelant son message de secours et d'accueil.

- "Valeurs d'humanité" -

A Marseille, la veillée a débuté par une procession sur l'esplanade de la basilique, jusqu'au mémorial aux marins et migrants disparus en mer. Ce même monument devant lequel le jésuite argentin avait souhaité "prier pour les morts en mer, particulièrement les migrants", a rappelé à l'AFP le recteur de la basilique, le père Olivier Spinosa.

"Nous ne pouvons plus assister aux tragédies des naufrages provoqués par des trafics odieux et le fanatisme de l'indifférence", avait lancé le pape à cet endroit, assurant que "les personnes qui risquent de se noyer, lorsqu'elles sont abandonnées sur les flots, doivent être secourues".

"C'est un devoir d'humanité, c'est un devoir de civilisation", avait-il insisté.

"Marseille est cosmopolite, le pape aimait cela, et il avait demandé à ce que la Méditerranée ne soit pas un cimetière", s'est remémoré Robert Olivieri, 73 ans, qui avait assisté à la messe du pape dans le stade de la ville, lors de ce déplacement orchestré par l'archevêque de Marseille, le cardinal Jean-Marc Aveline.

"J'aurais aimé pouvoir aller à Rome mais ce n'est pas possible. Je me sens proche des écrits de François, sa proximité avec les pauvres et les migrants. Ça me touche beaucoup plus que Benoît XVI qui était plus un théologien", a témoigné Sandrine Gougeon, 46 ans, auprès de l'AFP. Pour elle, "le décès de François rajoute de l'incertitude, une forme d'insécurité au monde".

Les funérailles du pape François, décédé lundi à 88 ans, se déroulent samedi. Après la messe en plusieurs langues, place Saint-Pierre, son cercueil sera transporté à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où il sera inhumé.


Arrivée de 115 personnes évacuées de Gaza à l'aéroport de Paris-Orly

Selon une source diplomatique, "500 personnes" ont été évacuées par la France depuis l'attaque du 7 octobre. (AFP)
Selon une source diplomatique, "500 personnes" ont été évacuées par la France depuis l'attaque du 7 octobre. (AFP)
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  • Le groupe est constitué de "ressortissants français et de leurs ayants droit, de personnels de l'Institut français de Gaza et leurs familles, de personnalités palestiniennes proches de notre pays"
  • La semaine dernière, 59 personnes étaient déjà arrivées en région parisienne, selon la même source

ORLY: Un groupe de 115 personnes évacuées de la bande de Gaza, à l'initiative de la France, est arrivé à l'aéroport de Paris-Orly vendredi, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Le groupe est constitué de "ressortissants français et de leurs ayants droit, de personnels de l'Institut français de Gaza et leurs familles, de personnalités palestiniennes proches de notre pays", a détaillé une source diplomatique, précisant que cette arrivée depuis Gaza est la plus importante depuis le début de la guerre lancée en représailles à l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

La semaine dernière, 59 personnes étaient déjà arrivées en région parisienne, selon la même source.

Les familles déjà présentes en France ont attendu en fin de matinée l'arrivée de leurs proches dans une ambiance joyeuse, ont constaté les journalistes de l'AFP.

Parmi les nouveaux arrivés, il y a "des étudiants, boursiers du gouvernement français, qui ont leur bourse depuis 15 ou 18 mois à peu près, mais qui n'avaient pas encore pu venir effectuer leurs études en France", ainsi que des "chercheurs et artistes", venus "pour la plupart avec leur famille", selon Annick Suzor-Weiner, professeure émérite à l'université Paris-Saclay, vice-présidente du réseau Migrants dans l'enseignement supérieur.

Selon une source diplomatique, "500 personnes" ont été évacuées par la France depuis l'attaque du 7 octobre.

Rompant une trêve de près de deux mois dans la guerre déclenchée il y a plus d'un an et demi, Israël a repris le 18 mars son offensive aérienne puis terrestre dans la bande de Gaza et au moins 1.978 Palestiniens ont été tués depuis, selon les chiffres publiés jeudi par le ministère de la Santé du Hamas.

Ce bilan porte à 51.355 le nombre de morts dans la bande de Gaza, selon la même source, depuis le début de la guerre.

Cette attaque sans précédent a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.