PARIS: Au lendemain de l'adoption de la réforme des retraites en France, l'Assemblée nationale devrait largement adopter en première lecture mardi le projet de loi de relance du nucléaire, amputé d'une réforme controversée de la sûreté.
Le vote solennel est prévu en fin d'après-midi après la séance de questions au gouvernement. Et il n'y a guère de suspense autour de ce texte que Les Républicains (LR, droite), le Rassemblement National (RN, extrême droite), voire certains communistes s'apprêtent à soutenir.
Cette adoption intervient alors que s'est achevé lundi le combat parlementaire autour de la réforme des retraites: le gouvernement s'est maintenu à neuf voix près et le texte phare du second quinquennat d'Emmanuel Macron a été définitivement adopté.
Technique, le projet de loi réduit les procédures et les délais pour concrétiser les promesses du président français de bâtir six nouveaux réacteurs EPR à l'horizon 2035, et lancer des études pour huit d'autres.
Limité à de nouvelles installations situées sur des sites nucléaires existants ou à proximité, il avait déjà reçu un large soutien du Sénat fin janvier.
Après le vote de l'Assemblée, il doit poursuivre son parcours parlementaire.
Face aux énergies fossiles, "accélérer les énergies renouvelables, c'est être écologiste. Relancer notre filière nucléaire, c'est être écologiste", avait insisté la ministre française de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher au coup d'envoi des débats la semaine dernière.
En pleine crise énergétique, une majorité de l'hémicycle soutient le nucléaire, "décarboné" et gage de "souveraineté".
Dans le sillage du Sénat, l'Assemblée nationale a ainsi fait sauter l'objectif de réduction à 50% de la part de l'énergie nucléaire dans le mix électrique français d'ici à 2035, un "verrou" introduit sous François Hollande, alors président de la République.
Agnès Pannier-Runacher ne veut "ni plafond ni plancher" sur le sujet, alors que l'énergie nucléaire représente environ 70% de la production d'électricité habituellement, mais seulement 63% en 2022 en raison des arrêts de plusieurs réacteurs pour corrosion.
Les députés ont aussi validé un durcissement des peines en cas d'intrusions dans les centrales, sous les protestations de la gauche, qui redoute un frein aux actions militantes anti- nucléaires.
Le gouvernement a en revanche été mis en échec sur son projet de réforme de la sûreté, objet de vives critiques jusque dans la majorité.
L'exécutif voudrait fondre l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), expert technique, au sein de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le gendarme des centrales. Mais les députés ont voté pour préserver "l'organisation duale" actuelle.
L'exécutif n'entend pas pour autant désarmer et pourrait remettre le sujet sur la table durant la suite de la navette parlementaire.