Pourquoi tant de personnes au Moyen-Orient souffrent-elles de troubles du sommeil?

En Arabie saoudite, les problèmes de sommeil semblent être bien plus graves que dans de nombreux autres pays (Photo, Shutterstock).
En Arabie saoudite, les problèmes de sommeil semblent être bien plus graves que dans de nombreux autres pays (Photo, Shutterstock).
Short Url
Publié le Vendredi 17 mars 2023

Pourquoi tant de personnes au Moyen-Orient souffrent-elles de troubles du sommeil?

  • À l'occasion de la Journée mondiale du sommeil, des médecins d'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis expliquent pourquoi un repos suffisant et de qualité est essentiel pour la santé
  • L'anxiété, le temps passé devant un écran et les conséquences de la pandémie de la Covid-19 ont tous eu un impact sur la qualité du sommeil

DUBAÏ: Une personne passe en moyenne près d'un tiers de sa vie à dormir – une fonction biologique nécessaire qui permet à notre corps de se reposer et de récupérer, de favoriser une bonne santé mentale, de reconstituer notre système immunitaire et de réguler notre métabolisme.

Cependant, l'une des plaintes les plus courantes chez les personnes de tous horizons est un sentiment persistant de fatigue et l'impression de ne pas jouir d'un sommeil de qualité suffisant, nous empêchant donc de nous concentrer, de contrôler nos émotions, de lutter contre les maladies ou de réguler notre appétit.

Depuis des décennies, les études sur le sommeil confirment la prévalence croissante des troubles du sommeil qui menacent la santé et la qualité de vie d'au moins 45% de la population mondiale.

À l'occasion de la Journée mondiale du sommeil, célébrée le 17 mars de chaque année, les experts soulignent l'importance de dormir au moins sept à huit heures par nuit. Cette année, des campagnes de sensibilisation à la santé du sommeil sont organisées sous le thème «Le sommeil est essentiel à la santé.»

L'anxiété, le temps excessif passé devant un écran et, plus récemment, les conséquences de la pandémie du coronavirus ont tous été cités comme des causes courantes de troubles du sommeil et de nuits blanches.

La Dr Racha Mahmoud, cheffe de l'unité de pneumologie et de sommeil du groupe d'hôpitaux Almana en Arabie saoudite, a déclaré à Arab News: «Environ 40% de la population du Moyen-Orient souffre de troubles du sommeil, le syndrome d'apnée obstructive du sommeil (SAOS) étant le trouble le plus courant.»

Une étude sur la prévalence mondiale et le poids du SAOS, publiée en juin par la Bibliothèque nationale de médecine des États-Unis, a montré que près d'un milliard de personnes dans le monde étaient touchées par ce trouble du sommeil, avec une prévalence supérieure à 50% dans certains pays.

1

Le SAOS se produit lorsque les muscles de la gorge se relâchent par intermittence et bloquent les voies respiratoires pendant le sommeil, obstruant la respiration normale pendant environ 10 secondes avant que la personne ne se réveille en sursaut.

«Les symptômes de ce trouble comprennent le ronflement, la somnolence diurne excessive et les maux de tête matinaux», a expliqué Mahmoud.

En Arabie saoudite, les problèmes de sommeil semblent bien plus graves que dans de nombreux autres pays.

Selon un rapport de 2015 de l'application mobile Sleep Cycle, l’Arabie saoudite se classe deuxième, derrière le Japon, dans la liste des cinq pires pays du monde pour le nombre moyen d'heures de sommeil.

La revue médicale saoudienne a confirmé que la courte durée de sommeil par nuit était répandue en Arabie saoudite et qu'elle affectait un adulte saoudien sur trois.

«De multiples facteurs influent sur la qualité et la durée du sommeil, à commencer par l'anxiété et les maladies liées au mode de vie sédentaire», a ajouté Mahmoud.

Les emplois spécifiques qui exigent des horaires de travail longs ou non fixes et les quarts de nuit sont un autre facteur ayant un impact sur la qualité du sommeil des Saoudiens.

Mahmoud a affirmé: «Un temps d'écran élevé, que ce soit sur les réseaux sociaux ou même les jeux, peut également affecter la qualité du sommeil, entraînant divers troubles du sommeil.»

Le Royaume se classe au troisième rang mondial pour l'utilisation des smartphones, avec 24,2 millions d'utilisateurs, près de 75% de la population utilisant des smartphones et plus de 95% l'internet.

Le Dr Vishwanath Gowraiah, chef du département de médecine pédiatrique du sommeil à l'hôpital Danat al-Emarat d'Abu Dhabi, a déclaré à Arab News: «À l'échelle mondiale, nous constatons une augmentation des troubles du sommeil en raison de plusieurs changements de mode de vie.

1
La Dr Racha Mahmoud, cheffe de l'unité de pneumologie et de sommeil du groupe d'hôpitaux Almana en Arabie Saoudite (Photo fournie).

«Cela a eu un impact sur la qualité et la quantité de sommeil que les individus reçoivent.»

Il a mentionné que les troubles du sommeil pouvaient affecter les jeunes enfants dès la naissance et persister jusqu'au milieu de l'enfance et au-delà.

Ces troubles comprennent le SAOS, les parasomnies telles que le grincement des dents et le somnambulisme, les terreurs du sommeil, les éveils confusionnels connus sous le nom d’«ivresse du sommeil» et les cauchemars, ainsi que le syndrome de retard de phase de sommeil (SRPS), souvent observé chez les adolescents.

Quant aux adultes, ils souffrent généralement de troubles du sommeil tels que le SAOS lié à l'obésité, l'insomnie, la narcolepsie, qui rend les gens très somnolents pendant la journée, le trouble du sommeil lié au travail posté et les troubles du mouvement liés au sommeil.

Gowraiah a indiqué: «Le sommeil permet à l'organisme de prendre des mesures réparatrices pour nous aider à nous sentir mieux, plus alertes, plus énergiques et plus éveillés.

«Le sommeil nous aide à accomplir nos tâches quotidiennes et nous protège contre d'éventuels déclencheurs de troubles mentaux. Il permet à l'organisme d'effectuer un entretien vital pour réparer et régénérer les tissus, construire les os et les muscles, tout en rétablissant le système immunitaire», a-t-il ajouté.

«Le sommeil nous aide à accomplir nos tâches quotidiennes et nous protège contre d'éventuels déclencheurs de santé mentale. Il permet à l'organisme d'effectuer un entretien vital pour réparer et régénérer les tissus, construire les os et les muscles, tout en rétablissant le système immunitaire», a-t-il ajouté.

En fait, il a été prouvé que le sommeil profond favorisait la libération d'hormones de croissance, réparait les dommages subis par l'organisme et permettait à divers systèmes de se rétablir.

Le manque de sommeil, quant à lui, affecte tout, depuis la mémoire, l'apprentissage et le rendement jusqu'à l'appétit et la capacité à penser clairement.

«Si une personne est privée de sommeil de façon chronique, elle peut même éprouver des problèmes neurologiques tels que des sautes d'humeur et des hallucinations», a avisé Gowraiah.

CONSEILS POUR MIEUX DORMIR

Régulez vos horaires de sommeil: Essayez de vous coucher et de vous réveiller à la même heure, même le week-end. Cette régularité aidera votre corps à développer un cycle veille-sommeil.

Les habitudes alimentaires: Évitez les repas lourds quelques heures avant l'heure prévue du coucher. Les stimulants tels que la nicotine, la caféine et l'alcool peuvent également perturber votre sommeil.

Créez un environnement paisible: Le fait de vous calmer avant de vous coucher vous aidera à approfondir votre sommeil. Évitez d'utiliser des écrans lumineux juste avant le coucher. Intégrez des activités apaisantes telles que le bain ou la lecture.

Activités physiques pendant la journée: Des activités physiques régulières peuvent favoriser un meilleur sommeil. 

Gestion du stress: Essayez de régler vos soucis ou votre stress avant de vous coucher en vous organisant ou en fixant vos priorités quotidiennes.

Source: La Dr Racha Mahmoud, cheffe de l'unité de pneumologie et de sommeil du groupe d'hôpitaux Almana en Arabie saoudite.

En outre, le risque de développer divers problèmes de santé ou des problèmes de santé chroniques tels que l'obésité, le diabète, les maladies cardiaques, l'hypertension artérielle ou l'apnée du sommeil est plus élevé.

«Certaines études ont montré que la privation de mouvements oculaires rapides (MOR) raccourcissait la durée de vie et diminuait la fonction immunitaire», a-t-il indiqué.

Le MOR est l'une des nombreuses étapes de l'architecture du sommeil. Il se produit environ une heure après l'endormissement et c'est à ce moment-là que nous avons tendance à faire nos rêves les plus vifs. Si l'architecture du sommeil à MOR et à mouvements oculaires non rapides est perturbée, nous pouvons nous réveiller mal reposés.

Les problèmes de sommeil étant de plus en plus fréquents chez les adultes, les experts souhaitent que le public comprenne mieux les causes d'un sommeil perturbé, et qu'une meilleure connaissance des remèdes disponibles puisse contribuer à réduire le fardeau des troubles du sommeil sur la société.

1
Le Dr Vishwanath Gowraiah, chef du service de médecine pédiatrique du sommeil à l'hôpital Danat al-Emarat d'Abu Dhabi (Photo fournie).

Une étude publiée par l'American Journal of Managed Care en 2007 a estimé le coût annuel de l'insomnie entre 92,5 et 107,5 milliards de dollars (1 dollar américain = 0,94 euro). Ce chiffre est probablement beaucoup plus élevé aujourd'hui.

Une autre étude publiée par le Journal of Occupational and Environmental Medicine en 2010, basée sur des questionnaires destinés au personnel de quatre entreprises américaines, a indiqué que les pertes de productivité liées à la fatigue résultant d'un mauvais sommeil sont estimées à 1 967 dollars par employé par an.

Alors pourquoi tant de gens sous-estiment-ils encore le pouvoir du sommeil et son impact sur leur bien-être et leur qualité de vie?

La Dr Saliha Afridi, directrice générale de The LightHouse Arabia, une clinique de santé mentale et de bien-être basée à Dubaï, a déclaré à Arab News: «Les gens pensent que le sommeil est synonyme de repos, mais ils ne réalisent pas qu'un mauvais sommeil a un impact sur tous les aspects de leur santé physique et mentale, même au niveau cellulaire.»

La plupart des gens fonctionnaient «à partir d'un manque de sommeil», a-t-elle expliqué, tout en ne comprenant pas qu'apprendre à passer une bonne nuit de sommeil était un moyen important de gérer le stress et d'acquérir des compétences pratiques.

«Le sommeil se fait la nuit mais se crée le jour. Tout ce que vous faites entre le moment où vous vous réveillez et celui où vous vous couchez aura un impact sur la profondeur de votre sommeil cette nuit-là.»

Afridi a souligné que le risque de maladie cardiaque augmentait de 45% en cas de manque de sommeil, tandis que les personnes qui dormaient six heures par nuit ou moins étaient cinq fois plus susceptibles de subir une crise cardiaque que celles qui dormaient huit heures.

Le même risque accru s'applique à des affections telles que le diabète, l'hypertension artérielle, les accidents vasculaires cérébraux, le cancer et l'hyperglycémie.

«Tous les types de sommeil ne se valent pas. Vous avez besoin de suffisamment de sommeil profond la nuit pour que votre corps récupère et pour que l'apprentissage se consolide», a ajouté Afridi.

Les adultes en bonne santé devraient dormir entre sept et huit heures par nuit, entre 22h00 et 5h00. «S'ils se réveillent au milieu de la nuit, ils doivent pouvoir se rendormir en une vingtaine de minutes», a-t-elle précisé.

1
La Dr Saliha Afridi (Photo fournie).

Les siestes diurnes ne sont pas recommandées pour les personnes qui essaient de réguler leur sommeil, a-t-elle ajouté.

Atteindre le nombre d'heures de sommeil requis a été un défi particulier pour de nombreuses personnes pendant la pandémie. En fait, les experts ont inventé le terme «Covid-somnie» en 2020 pour décrire les difficultés à s'endormir ou à rester endormi en raison de facteurs de stress ou d'inquiétudes liés à la pandémie.

Afridi a signalé: «L'incertitude et la volatilité que les gens ont connues pendant la pandémie se sont poursuivies depuis et ont eu des répercussions sur leur santé mentale.»

Elle a constaté que presque tous les diagnostics de santé mentale avaient une composante sommeil, ce qui signifie que la psychologie d'une personne a un impact important sur son sommeil.

Elle a également souligné l'altération de la santé physique causée par un long Covid ou les séquelles du virus, le stress sur le lieu de travail dû au travail hybride et l'épuisement des soignants et des travailleurs essentiels qui se sont surmenés pendant la pandémie. Tous ces facteurs ont eu un impact sur la qualité et la quantité de sommeil de beaucoup de personnes.

«Nous constatons également que de nombreuses personnes souffrent d'un sommeil insuffisant en raison de problèmes de santé mentale tels que l'anxiété et la dépression.

«Le sommeil n'est pas seulement un repos. C'est la chose la plus efficace que vous puissiez faire pour votre cerveau et votre corps», a assuré Afridi.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Nouvelles frappes israéliennes sur Gaza, cinq morts selon les autorités locales

Cinq personnes dont un bébé ont été tuées jeudi dans la bande de Gaza, selon les autorités locales, au lendemain de la reprise de bombardements israéliens dans le territoire palestinien où Israël et le Hamas s'accusent de violer mutuellement la trêve. (AFP)
Cinq personnes dont un bébé ont été tuées jeudi dans la bande de Gaza, selon les autorités locales, au lendemain de la reprise de bombardements israéliens dans le territoire palestinien où Israël et le Hamas s'accusent de violer mutuellement la trêve. (AFP)
Short Url
  • Le bilan de ce nouvel accès de violence s'élève à 32 morts, selon les annonces des autorités locales confirmées par les hôpitaux
  • Dans la bande de Gaza, la reprise des bombardements fait peur aux habitants

GAZA: Cinq personnes dont un bébé ont été tuées jeudi dans la bande de Gaza, selon les autorités locales, au lendemain de la reprise de bombardements israéliens dans le territoire palestinien où Israël et le Hamas s'accusent de violer mutuellement la trêve.

Mercredi a été l'une des journées les plus meurtrières à Gaza depuis le 10 octobre et l'entrée en vigueur du cessez-le-feu.

Le bilan de ce nouvel accès de violence s'élève à 32 morts, selon les annonces des autorités locales confirmées par les hôpitaux.

Dans la bande de Gaza, la reprise des bombardements fait peur aux habitants.

"Ma petite fille n'a cessé de me demander toute la nuit : la guerre va-t-elle revenir ?" a déclaré à l'AFP Lina Karaz à Gaza-ville.

"Nous sommes inquiets [...] Cette nuit, le bruit des bombardements et des explosions [...] était terrifiant", a-t-elle ajouté, "quand ce cauchemar prendra-t-il fin ?"

Pour Mohammed Hamdouna, déplacé de 36 ans vivant dans un camp de tentes dans la région de Khan Younès, dans le sud de la bande, "rien n'a changé, concrètement", depuis le 10 octobre.

 "Toujours sous la tente" 

"Les villes sont en ruines (et) nous vivons toujours sous la tente malgré le froid et la pluie qui a inondé (les tentes) il y a deux jours", déplore-t-il alors que la situation humanitaire reste catastrophique, selon l'ONU.

Selon la Défense civile de Gaza, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du Hamas, cinq personnes ont été tuées dans des bombardements israéliens sur le sud du territoire, dans la partie du territoire restant sous le contrôle israélien à ce stade de la mise en oeuvre de l'accord de trêve.

L'hôpital Nasser de Khan Younès a confirmé avoir enregistré le décès de trois personnes de la même famille, dont une fillette d'un an.

"Nous dormions paisiblement, nous sommes pacifiques et nous ne voulons pas la guerre", a dit à l'AFP Sabri Abou Sabt, qui a perdu son fils et sa petite-fille dans une frappe à l'est de Khan Younès.

Sollicitée par l'AFP, une porte-parole de l'armée israélienne a confirmé que l'armée avait mené une frappe visant à "démanteler des infrastructures terroristes". "Rien d'inhabituel", a-t-elle affirmé.

"Israël a pris la décision de mener ces frappes aériennes de manière indépendante", a précisé la porte-parole du Premier ministre israélien, Shosh Bedrosian lors d'un point presse jeudi.

Néanmoins, "les Etats-Unis ont été prévenus (par Israël) avant les frappes", a indiqué un responsable américain à l'AFP sous le couvert de l'anonymat.

"Nous sommes profondément préoccupés par les frappes aériennes israéliennes que nous avons vues, au cours desquelles des civils auraient été tués et blessés hier, y compris des enfants", a déclaré jeudi soir Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

"Cela rappelle de façon frappante à quel point le cessez-le-feu est fragile. Nous avons besoin que chacun veille à ce que le cessez-le-feu tienne et continue de tenir", a-t-il ajouté.

"Escalade dangereuse" 

"Israël est sous pression internationale, les Américains mobilisent toute la région, liant la question de Gaza à celle de la normalisation et des accords d'Abraham avec l'Arabie Saoudite", a noté Eran Ortal, chercheur au Centre d'études stratégiques de Bar Ilan.

"Donc bien que le Hamas n'ait pas été désarmé, et qu'il y ait de fortes chances qu'il parvienne également à éviter le désarmement dans un avenir proche, le potentiel de reprise de la guerre à Gaza ne semble pas élevé", a-t-il estimé.

Deux autres personnes ont été tuées dans des frappes, également à l'est de Khan Younès, selon la Défense civile.

L'armée israélienne a affirmé jeudi avoir tiré jeudi en direction  de "deux terroristes" dans le sud de la bande de Gaza.

Le Hamas a dénoncé une "escalade dangereuse" et appelé les Etats-Unis, pays médiateur, à "exercer une pression immédiate" sur Israël.

Le Qatar, autre pays médiateur, a condamné "fermement les attaques brutales" qui menacent selon lui de compromettre la trêve.

La guerre à Gaza avait été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023 qui a entraîné la mort de 1.221 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Plus de 69.500 Palestiniens ont été tués par la campagne militaire israélienne de représailles selon le ministère de la Santé de Gaza, des chiffres fiables selon l'ONU.

 


Soudan: l'UE sanctionne le numéro deux des paramilitaires du FSR

L'Union européenne a annoncé jeudi des sanctions contre le numéro deux des Forces de soutien rapide (FSR), accusé d'exactions au Soudan, pays africain en proie à une guerre civile meurtrière entre ces paramilitaires et l'armée régulière. (AFP)
L'Union européenne a annoncé jeudi des sanctions contre le numéro deux des Forces de soutien rapide (FSR), accusé d'exactions au Soudan, pays africain en proie à une guerre civile meurtrière entre ces paramilitaires et l'armée régulière. (AFP)
Short Url
  • Le conflit au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts et déplacé près de 12 millions de personnes
  • Il a connu une nouvelle accélération avec la chute aux mains des FSR fin octobre de la ville d'El-Facher, dernier bastion de l'armée dans le Darfour

BRUXELLES: L'Union européenne a annoncé jeudi des sanctions contre le numéro deux des Forces de soutien rapide (FSR), accusé d'exactions au Soudan, pays africain en proie à une guerre civile meurtrière entre ces paramilitaires et l'armée régulière.

"Cela envoie un signal que la communauté internationale poursuivra ceux qui sont responsables", a affirmé la cheffe de la diplomatie de l'UE Kaja Kallas, à l'issue d'une réunion à Bruxelles des ministres des Affaires étrangères de l'UE.

Ces sanctions, qui prévoient une interdiction d'entrée dans l'UE et un gel des avoirs, ne concernent que ce responsable soudanais, Abdelrahim Hamdan Dagalo, frère du numéro un des FSR.

Elles ont volontairement été limitées afin de garder des canaux de communication ouverts, alors que l'UE dit être en mesure de parler aux deux parties, a expliqué un responsable européen.

Le conflit au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts et déplacé près de 12 millions de personnes. Il a connu une nouvelle accélération avec la chute aux mains des FSR fin octobre de la ville d'El-Facher, dernier bastion de l'armée dans le Darfour.

Depuis, des survivants décrivent massacres, violences à caractère ethnique, enlèvements, viols et agressions sexuelles.

"L'Union européenne condamne dans les termes les plus forts les atrocités graves et continues perpétrées par les Forces de soutien rapide au Soudan, notamment après la prise de la ville d'El Facher", a indiqué un communiqué des 27.

Les meurtres à motivation ethnique et les violences sexuelles systématiques sont susceptibles de "constituer des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité", a ajouté l'UE dans ce communiqué..


Gaza: 27 morts dans des frappes israéliennes, Israël et le Hamas s'accusent de violer la trêve

Des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ont tué 27 personnes mercredi selon les autorités locales, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s'accusant mutuellement d'avoir violé le fragile cessez-le-feu. (AFP)
Des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ont tué 27 personnes mercredi selon les autorités locales, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s'accusant mutuellement d'avoir violé le fragile cessez-le-feu. (AFP)
Short Url
  • Il s'agit de l'une des journées les plus meurtrières à Gaza depuis le 10 octobre et l'entrée en vigueur de la trêve à laquelle ont poussé les Etats-Unis après plus de deux ans de guerre
  • Israël a également mené mercredi des frappes dans le sud du Liban, après avoir lancé des appels à évacuer

GAZA: Des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ont tué 27 personnes mercredi selon les autorités locales, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s'accusant mutuellement d'avoir violé le fragile cessez-le-feu.

Il s'agit de l'une des journées les plus meurtrières à Gaza depuis le 10 octobre et l'entrée en vigueur de la trêve à laquelle ont poussé les Etats-Unis après plus de deux ans de guerre.

Israël a également mené mercredi des frappes dans le sud du Liban, après avoir lancé des appels à évacuer. L'armée israélienne a dit viser le mouvement islamiste Hezbollah qu'elle accuse de se réarmer en violation du cessez-le-feu en vigueur à sa frontière nord depuis bientôt un an.

"Les bombardements et les morts ont recommencé. Ils ne nous laissent même pas le temps de respirer", déplore auprès de l'AFP Ahraf Abu Sultan, 50 ans, tout juste rentré à Gaza-ville pour réparer sa maison détruite après avoir été déplacé un an dans le sud du territoire.

"Il n'y a aucun espoir pour la vie à Gaza", se lamente Nivine Ahmed, déplacée sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, évoquant le bruit des explosions, la fumée, les gens qui courent et les sirènes des ambulances.

"Nous n'en pouvons plus, nous voulons que la guerre se termine complètement ou que les passages soient ouverts" pour permettre à la population de fuir, a confié Noha Fathi, déplacée dans le sud de la bande de Gaza.

Selon la Défense civile de la bande de Gaza, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du Hamas, quatorze personnes ont été tuées mercredi à Gaza-ville, et 13 dans la région de Khan Younès. Deux hôpitaux contactés par l'AFP ont confirmé ce bilan.

"Escalade dangereuse" 

L'armée israélienne a affirmé "frapper des cibles terroristes du Hamas dans toute la bande de Gaza" en riposte à des tirs "en direction de la zone où [ses] soldats opèrent à Khan Younès".

Ces tirs n'ont fait aucun blessé a précisé l'armée mais constituent "une violation de l'accord de cessez-le-feu".

Rejetant une "piètre tentative pour justifier [...] des violations qui ne cessent jamais", le Hamas a dénoncé une "escalade dangereuse" et appelé les Etats-Unis à "exercer une pression immédiate et sérieuse pour [forcer Israël] à respecter le cessez-le-feu".

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

La trêve a déjà été marquée par plusieurs accès de violences dans le territoire palestinien dévasté par plus de deux ans d'hostilités déclenchées par l'attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

Depuis le 10 octobre, plus de 300 Palestiniens ont été tués par des frappes ou des tirs israéliens selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas. L'armée israélienne affirme ne frapper qu'en riposte à des violations de la trêve.

Les raids israéliens les plus meurtriers ont tué, le 29 octobre, plus de cent Gazaouis, selon la Défense civile et des données recueillies par l'AFP auprès de cinq hôpitaux.

Selon la Défense civile, qui ne fait jamais état de combattants tués, les bombardements de mercredi ont notamment tué un couple et ses trois enfants à Gaza-ville, et deux mineurs à Khan Younès.

Deuxième phase ? 

Le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, est apparu dans une vidéo exhibant les corps de trois jeunes enfants.

L'accord de cessez-le-feu a permis dans sa première phase le retour des vingt derniers otages vivants du 7-Octobre, en échange de la libération de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens, et le retour de 25 corps d'otages morts, sur 28 que le Hamas s'est engagé à rendre.

Israël réclame leur remise, en accusant de retard le mouvement islamiste, qui invoque la difficulté de les retrouver dans un territoire noyé sous des tonnes de décombres.

La mise en œuvre de la deuxième phase du plan du président américain Donald Trump n'a pas encore été approuvée. Elle prévoit notamment le désarmement du Hamas, la mise en place d'une autorité de transition pour gouverner le territoire et le déploiement d'une force internationale de stabilisation.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté lundi une résolution pour endosser ce plan Trump, mais le Hamas, écarté de tout rôle dans la gouvernance du territoire et qui refuse de désarmer aux conditions posées par Israël, a dénoncé un texte qui "ne répond pas aux exigences et aux droits politiques et humains" du peuple palestinien.

L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.221 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Plus de 69.500 Palestiniens ont été tués par la campagne militaire israélienne de représailles, selon le ministère de la Santé de Gaza. Le ministère, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU, ne précise pas le nombre de combattants tués mais ses données indiquent que plus de la moitié des morts sont des mineurs et des femmes.