« Justice de proximité et police du quotidien », annonce Jean Castex en visite à Nice

Le Premier ministre Jean Castex accompagné par le maire de Nice Christian Estrosi et le garde des sceaux Eric Dupond-Moretti à Nice, lors d’une visite axée sur la sécurité. (Yann Coastsaliou/AFP)
Le Premier ministre Jean Castex accompagné par le maire de Nice Christian Estrosi et le garde des sceaux Eric Dupond-Moretti à Nice, lors d’une visite axée sur la sécurité. (Yann Coastsaliou/AFP)
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Publié le Samedi 25 juillet 2020

« Justice de proximité et police du quotidien », annonce Jean Castex en visite à Nice

  • Le Premier ministre a annoncé le déploiement prochain de 60 policiers supplémentaires dans Nice
  • Après avoir déambulé aux Moulins, quartier gangréné par le trafic de drogue, Jean Castex a appelé à "stopper l'ensauvagement d’une certaine partie de la société"

NICE : "La seule loi qui vaille, c'est celle de la loi républicaine et de l’État de droit": en visite à Nice, Jean Castex a affiché samedi sa détermination à lutter contre l'insécurité et annoncé des mesures de "proximité", dont l'expérimentation de l'extension des compétences de la police municipale. Aux côtés des ministres de l'Intérieur Gérald Darmanin et de la Justice Eric Dupond-Moretti, le Premier ministre a aussi annoncé, lors d'un discours prononcé en préfecture, la généralisation à la rentrée des amendes forfaitaires pour consommation de drogue. Elle doit permettre, selon le Premier ministre, de "lutter contre les points de vente qui gangrènent les quartiers".

Les trois membres du gouvernement avaient justement déambulé auparavant dans un de ces quartiers gangrénés par le trafic de drogue : celui des Moulins, où des coups de feu avaient notamment éclaté en plein jour lundi devant un supermarché.

Là, le chef du gouvernement a été interpellé par des habitants. "Pourquoi c'est nous qui trinquons ? Pourquoi on libère si rapidement les trafiquants ?", lui a lancé Véronique, 40 ans.

"Incertitude"

"La justice a trop longtemps été délaissée", a reconnu dans son discours un peu plus tard le Premier ministre : "L'important dans une peine, ce n'est pas sa sévérité mais sa certitude, disait déjà au XVIIIe siècle le philosophe (italien) Cesare Beccaria. L’État, faute de moyens suffisants, a laissé s'installer l'incertitude". Pour y remédier, Jean Castex a annoncé la création de 150 emplois supplémentaires fin 2020 pour "renforcer l'action pénale de proximité pour la répression de la délinquance du quotidien". "La sécurité, c'est aussi et d'abord la proximité", a poursuivi le Premier ministre : "Les ministres vont redéployer des moyens sur le terrain pour la justice de proximité et la police du quotidien".

Saluant notamment l'action des maires, il a donné satisfaction à son hôte du jour Christian Estrosi (LR), farouche partisan d'une telle mesure, en annonçant l'expérimentation prochaine à Nice de l'extension des compétences de la police municipale.

"Il nous appartient de prouver que cette confiance est bien placée", s'est félicité aussitôt Christian Estrosi, qui a par ailleurs annoncé le recrutement de 80 policiers municipaux supplémentaires. Autre satisfaction pour l'élu : 60 policiers seront prochainement déployés dans la capitale azuréenne, a annoncé M. Castex, le projet d'hôtel des polices de la ville, regroupant polices nationale et municipale, "bénéficiera des crédits du plan de relance de la rentrée", et la création d'un nouvel établissement pénitentiaire de 650 places "sera priorisée", a précisé l'entourage du garde des Sceaux.

"Ne rien laisser passer"

Avant sa déambulation dans le quartier des Moulins et son discours, le Premier ministre avait observé avec MM. Darmanin et Dupond-Moretti une minute de silence en hommage aux 86 victimes de l'attentat commis sur la Promenade des Anglais le 14 juillet 2016 à la Villa Masséna. "Nous assistons à une crise de l’autorité. Il faut stopper l'ensauvagement d’une certaine partie de la société. Il faut réaffirmer l’autorité de l’État, et ne rien laisser passer", avait insisté avant cette visite M. Darmanin dans une interview au Figaro. Déjà venu dans la capitale azuréenne jeudi, le ministre de l'Intérieur avait adopté la même posture martiale en promettant de "faire plier ceux qui veulent faire plier la République".

Dès sa déclaration de politique générale, le 15 juillet, M. Castex avait promis "une réponse ferme et sans complaisance" à des "faits inacceptables qui exaspèrent les Français", évoquant plusieurs épisodes récents, dont les violences commises à Dijon ou "l'attaque ignoble" contre un chauffeur de bus à Bayonne.

Le chef de l’État Emmanuel Macron a enfoncé le clou mardi en assurant qu'il serait "intraitable" sur les incivilités à l'égard notamment des forces de l'ordre et des pompiers.

Jean Castex, qui avait réservé l'une de ses premières visites de terrain à un commissariat de la Courneuve (Seine-Saint-Denis) est très attendu sur ces sujets, qui offrent un angle d'attaque aux oppositions de gauche comme de droite, critiques sur la stratégie de l'exécutif face aux questions régaliennes.

Samedi, pendant sa visite, le corps d'un jeune homme, sans doute tué par arme blanche, a été découvert dans les parties communes d'un autre quartier sensible de Nice, l'Ariane. Et à Nîmes, c'est une fusillade, sans doute un règlement de comptes, qui a fait un mort et 3 blessés dans la nuit de vendredi à samedi.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.