Géothermie au Japon: un potentiel élevé mais délicat à exploiter

Sur cette photo prise le 8 décembre 2022, des plats sont cuits à la vapeur provenant d'une source d'eau chaude naturelle à Hyotan Onsen, dans la ville de Beppu, préfecture d'Oita. L'utilisation des ressources géothermiques pour produire de l'électricité est une perspective qui divise au Japon, mais il n'y a guère de désaccord sur une autre utilisation de l'énergie : la vapeur naturelle pour la cuisine. (AFP).
Sur cette photo prise le 8 décembre 2022, des plats sont cuits à la vapeur provenant d'une source d'eau chaude naturelle à Hyotan Onsen, dans la ville de Beppu, préfecture d'Oita. L'utilisation des ressources géothermiques pour produire de l'électricité est une perspective qui divise au Japon, mais il n'y a guère de désaccord sur une autre utilisation de l'énergie : la vapeur naturelle pour la cuisine. (AFP).
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Publié le Mardi 14 mars 2023

Géothermie au Japon: un potentiel élevé mais délicat à exploiter

  • Nichée au creux de montagnes verdoyantes le long d'une rivière sinueuse près de la ville de Fukushima (nord-est), la modeste station thermale de Tsuchiyu-onsen est un cas plutôt exceptionnel au Japon
  • Très endommagé par le terrible séisme de 2011 dans la région, qui a aussi provoqué sur la côte un tsunami mortel et l'accident nucléaire de Fukushima, ce village d'à peine 300 habitants a décidé de miser sur l'énergie géothermique pour se relever

TSUCHIYU-ONSENMACHI : Avec sa centaine de volcans actifs, le Japon dispose des troisièmes plus importantes ressources géothermiques au monde. Mais leur exploitation énergétique est très faible, du fait d'opposants de taille: les propriétaires des "onsen", les bains d'eau chaude omniprésents dans l'archipel.

Nichée au creux de montagnes verdoyantes le long d'une rivière sinueuse près de la ville de Fukushima (nord-est), la modeste station thermale de Tsuchiyu-onsen est un cas plutôt exceptionnel au Japon.

Très endommagé par le terrible séisme de 2011 dans la région, qui a aussi provoqué sur la côte un tsunami mortel et l'accident nucléaire de Fukushima, ce village d'à peine 300 habitants a décidé de miser sur l'énergie géothermique pour se relever.

"Les gens d'ici savaient depuis toujours que les sources d'eau chaude pouvait servir à autre chose" qu'aux bains, mais ils ignoraient comment faire, raconte à l'AFP Takayuki Kato, le président de Genki Up Tsuchiyu, l'entreprise de la commune gérant ses activités dans les énergies renouvelables.

Tout a changé après 2011. Grâce notamment à des fonds publics pour sa reconstruction, Tsuchiyu-onsen a pu se doter en 2015 d'une petite centrale géothermique, construite en amont du village, au-dessus d'un puits d'eau chaude préexistant et idéalement accessible.

Des conditions "miraculeuses", estime M. Kato. Autre prodige selon lui, la centrale "n'a pas changé la qualité ni la quantité de l'eau" pour les onsen, les principales craintes des hôteliers vis-à-vis de la géothermie au Japon.

Avant la pandémie, la centrale géothermique du village attirait environ 2 500 visiteurs par an, dont des professionnels des onsen de tout l'archipel intrigués par ce succès. Mais "très peu ont réussi" à l'imiter, tant l'alignement des planètes était exceptionnel à Tsuchiyu-onsen, relève M. Kato.

Nombreuses embûches

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Cette photo prise le 28 novembre 2022 montre une vue générale de la centrale géothermique de Tsuchiyu Onsen, une ville de sources thermales dans la préfecture de Fukushima. (AFP). 

Sur son exercice budgétaire annuel 2021/22 (clos au 31 mars dernier), le Japon n'a produit que 0,3% de son électricité avec la géothermie et l'objectif 2030 du gouvernement reste très modeste: 1%.

Une situation paradoxale vu que les ressources nationales potentielles en la matière, les plus importantes au monde après les Etats-Unis et l'Indonésie, sont estimées à 23 gigawatts - l'équivalent d'une vingtaine de réacteurs nucléaires - et que le Japon souffre actuellement de sa grande dépendance aux importations énergétiques.

Le principal frein vient des onsen, un secteur "tellement puissant au Japon", explique Kasumi Yasukawa, une responsable de la division géothermie de l'agence publique japonaise JOGMEC, spécialisée dans la sécurité énergétique du pays.

Ces piliers du tourisme au Japon "refusent parfois même de discuter" de la possibilité d'un projet géothermique dans leur voisinage, se désole Mme Yasukawa.

Ces projets impliquent aussi des coûts initiaux importants, beaucoup d'incertitudes au départ et de longues procédures administratives.

Certaines restrictions ont toutefois été levées ces dernières années par le gouvernement, qui permet désormais d'explorer le potentiel géothermique dans les parcs nationaux, où résident 80% de ces ressources.

Quand géothermie rime avec gastronomie

Les Japonais raffolent des "onsen tamago" proposés dans de nombreuses stations thermales de l'archipel: des oeufs cuits longtemps à basse température (autour de 65 degrés) pour obtenir un jaune relativement ferme dans un blanc encore crémeux.

Et les "onsen manju", petits gâteaux ronds cuits à la vapeur et souvent fourrés à la pâte de haricots rouges, font partie des indispensables souvenirs que les visiteurs des quelque 2 900 établissements thermaux du pays achètent pour leurs proches.

Mais à Beppu, petite ville côtière de l'île méridionale de Kyushu prisée pour son abondance exceptionnelle de sources d'eau chaude, la célèbre cuisine locale traditionnelle "jigoku mushi" (cuisson à la vapeur des enfers) va au-delà des oeufs et des pâtisseries.

Divers établissements thermaux de Beppu proposent à leurs hôtes d'expérimenter eux-mêmes cette cuisine. Au Hyotan Onsen par exemple, on peut cuire viandes, poissons et légumes achetés sur place, en déposant les aliments dans des cuves directement reliées aux vapeurs émanant d'une source d'eau chaude naturelle à proximité.

"Cette technique de cuisson était déjà mentionnée dans des documents historiques locaux il y a 200 ans", rappelle à l'AFP Hitoshi Tanaka, le président du Hyotan Onsen.

Avec des vapeurs de 100-110 degrés Celsius, la cuisson ne prend généralement que "cinq à dix minutes", permettant aux aliments de "garder toutes leurs couleurs" d'origine, explique-t-il.

Quant au goût, la présence de soufre dans les vapeurs donne aux plats une saveur d'"umami", ce puissant exhausteur de goût omniprésent dans la gastronomie japonaise, ajoute M. Tanaka. Les vapeurs contiennent par ailleurs du fer, un oligo-élément indispensable à l'organisme.

"Vous savourez des yeux, vous sentez l'odeur des vapeurs, vous entendez le son de la source d'eau chaude: donc vous appréciez de tout votre corps la nourriture cuisinée ici", vante encore l'hôtelier, en bon commerçant.

Cerise sur le gâteau, la cuisine "jigoku mushi" ne coûte évidemment rien en termes d'électricité ou de gaz: ce qui est toujours bon à prendre par les temps qui courent au Japon, où les tarifs de l'énergie ont flambé depuis l'an dernier.

Craintes d'interférences

"Pour être honnête, nous souhaiterions si possible que la dynamique pour développer l'énergie géothermique soit stoppée" au Japon, déclare à l'AFP Yoshiyasu Sato, vice-président de l'association japonaise des onsen.

Il refuse de la considérer comme une "énergie renouvelable", invoquant des exemples de centrales géothermiques du pays dont la capacité de production a diminué au fil du temps.

Par ailleurs, les sources d'eau chaude alimentant les onsen sont fragiles, leur débit et leurs températures pouvant ainsi baisser en cas de surexploitation, souligne-t-il.

"Il semble que les craintes des propriétaires des onsen ne reposent que sur des rumeurs", estime pour sa part Mme Yasukawa. Si les projets géothermiques exploitent des réservoirs d'eau souterraine (aquifères) profonds, il n'y a "pas d'interférence" avec les onsen, dont les eaux proviennent de réservoirs distincts, proches de la surface, assure-t-elle.

Quant au déclin de la production de certaines anciennes centrales géothermiques du pays, il provient du fait que leurs promoteurs avaient "surestimé" le potentiel énergétique, faute de connaissances scientifiques suffisantes à l'époque sur les aquifères profonds, selon Mme Yasukawa.

Jogmec et d'autres partisans nippons de la géothermie espèrent aussi faire évoluer les mentalités en faisant valoir ses retombées positives pour les communautés locales.

Grâce à la vente de l'électricité générée par sa centrale géothermique, Tsuchiyu-onsen offre un accès gratuit au bus local pour les enfants et les seniors, soutient ses artisans et rénove des bâtiments désaffectés.

Et les surplus d'eau chaude de la centrale ont permis de créer une nouvelle attraction touristique: un petit élevage de crevettes d'eau douce, que l'on peut pêcher avant de les déguster grillées.

Mais ces arguments ne pèsent pas lourd auprès des onsen. Si les promoteurs de la géothermie "avaient de nouvelles méthodes scientifiques de forage qui lèveraient nos inquiétudes, ce serait très bien. Mais ils ne les ont pas", tacle M. Sato.


Goodbye Julia, grand gagnant des Prix de la critique pour les films arabes à Cannes

La 8e édition des Prix de la critique pour les films arabes s’est déroulée en marge du Festival de Cannes. (Instagram)
La 8e édition des Prix de la critique pour les films arabes s’est déroulée en marge du Festival de Cannes. (Instagram)
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  • Le documentaire hybride Les Filles d’Olfa, de la réalisatrice tunisienne Kaouther ben Hania, a remporté trois prix
  • Inchallah un fils, d’Amjad al-Rasheed, a remporté le prix de la meilleure actrice pour la star palestinienne Mouna Hawa et celui de la meilleure photographie pour Kanamé Onoyama

DUBAÏ: Goodbye Julia, du réalisateur soudanais Mohamed Kordofani, a remporté les prix du meilleur long métrage et du meilleur scénario lors de la 8e édition des Prix de la critique pour les films arabes, qui s’est déroulée samedi en marge du festival du Festival de Cannes.

Le compositeur franco-tunisien Amin Bouhafa, qui a travaillé sur Hajjan, a remporté le prix de la meilleure musique pour ce film qui se déroule en Arabie saoudite.

Le documentaire hybride Les Filles d’Olfa, de la réalisatrice tunisienne Kaouther ben Hania, qui n’a pas remporté le prix du meilleur documentaire aux Oscars cette année, a remporté trois récompenses: meilleure réalisatrice pour Ben Hania, meilleur documentaire et meilleur montage.

Inchallah un fils, d’Amjad al-Rasheed, a remporté le prix de la meilleure actrice pour la star palestinienne Mouna Hawa et celui de la meilleure photographie pour Kanamé Onoyama.

L’acteur palestinien Saleh Bakri a décroché le prix du meilleur acteur pour son rôle dans The Teacher, tandis que I Promise You Paradise, du cinéaste égyptien Morad Mostafa, est arrivé premier dans la catégorie du meilleur court métrage.

La cérémonie de remise des prix est organisée par le Centre du cinéma arabe (Arab Cinema Center, ACC), situé au Caire. Les vainqueurs sont élus par un jury de 225 critiques venus de plus de 70 pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Paul Kupelian, artiste informel et chroniqueur du côté coloré de la vie

L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. (fournie)
L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. (fournie)
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  • A force de peindre son quotidien, ses lieux familiers et le chaos de Beyrouth, il devient le chroniqueur visuel d'événements importants, tout comme de sa propre évolution
  • Sa signature artistique se caractérise par un style vibrant et coloré, joyeux et dynamique, ce qui ne l’empêche pas de trouver, dans les infinies nuances de sa palette lumineuse, une harmonie chromatique qui se révèle au premier coup d’œil

BEYROUTH : Figuratif ? Naïf ? L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. Né en 1975, cet artiste autodidacte de nationalité libanaise et française dont les racines remontent à l'Arménie, a grandi dans une famille d'artistes. Il n’a que 7 ans quand sa grand-tante l’initie à la technique reine, et donc complexe, de la peinture à l’huile. Dès lors, le reste de son enfance est ébloui par d’innombrables heures passées à dessiner et à peindre tout ce qui l’entoure. Il met toute sa passion à se perfectionner, aborde de nouveaux médiums tels que l'encre de Chine, l'acrylique, le pastel gras, le fusain ou la sanguine. Savait-elle, cette bienveillante aïeule, qu’elle lui offrait à travers l'art l'exutoire thérapeutique suprême, un moyen d'exprimer ses émotions et d'affronter les complexités de la vie ?  A force de peindre son quotidien, ses lieux familiers et le chaos de Beyrouth, il devient le chroniqueur visuel d'événements importants tout comme de sa propre évolution, projetant ses troubles sur la toile et y gagnant en retour paix intérieure et stabilité.

Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Sa signature artistique se caractérise par un style vibrant et coloré, joyeux et dynamique, ce qui ne l’empêche pas de trouver, dans les infinies nuances de sa palette lumineuse, une harmonie chromatique qui se révèle au premier coup d’oeil. Il y a dans ses oeuvres une joie contagieuse que confirme le sourire spontané de tout spectateur qui y est confronté. Ce pouvoir n’échappe pas au regard avisé de la galeriste Nadine Begdache, commissaire de l’espace Janine Rubeiz, à Beyrouth. En 2016, elle lui offre son exposition inaugurale : "Looking at the Bright Side" (Regard sur le côté lumineux de la vie). Une présentation saluée par les critiques d'art et les collectionneurs.

Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Qu’on ne se trompe pas sur la « naïveté » de cet artiste autodidacte. Sa profonde compréhension des proportions, de la perspective et des détails complexes n’échappe pas à un regard averti.  Ses peintures, bien que légères, servent de canal à ses émotions. Dans ses œuvres récentes, Paul Kupelian utilise principalement la peinture acrylique à grande échelle, un médium dont il apprécie la polyvalence et le potentiel expressif.

Chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Bien qu’il n’ait pas donné d’exposition depuis un certain temps, il confie à Arab News en français qu’il vit à présent à Dubai où il occupe un poste de direction dans le retail.  « Je peins dès que j’en ai le temps, le soir et surtout les weekends » poursuit-il. « La peinture est mon exutoire, je peux y passer des heures sans voir le temps passer. Cela me permet de tout oublier et m’apporte énormément de joie » ajoute Paul Kupelian qui affirme que, comme pour beaucoup d’artistes, son art est sa thérapie. Ajoutez à cette passion celle de l’histoire, la géopolitique, la philosophie, la musique, les voyages, le sport, vous obtenez, dans chaque toile, une nouvelle fenêtre ou un nouveau miroir où chacun peut trouver une réponse à ses propres questionnements.

 


Deuxième jour de la RSFW: défilé historique de maillots de bain et dentelle élégante

La collection d’EAU comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. (Photo fournie)
La collection d’EAU comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. (Photo fournie)
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  • Certains looks élégants étaient associés à des couvre-chefs soyeux et à des sacs à main sophistiqués
  • La collection de Sara Altwaim, comprenait un certain nombre de robes blanches fluides en dentelle et en mousseline

MER ROUGE: La marque marocaine EAU a marqué l’histoire en lançant, vendredi, la deuxième série de défilés de la Red Sea Fashion Week. En effet, c’est la première fois que des maillots de bain font leur entrée sur un podium saoudien.

Avec la piscine scintillante de St. Regis et les palmiers ondulants en arrière-plan, la deuxième RSFW a mis en valeur l’une des pièces incontournables de l’été.

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EAU. (Photo fournie)

La collection comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. Bleu roi, jaune moutarde, vert chasseur et rouge marron dominaient la collection, créant une palette d’automne plutôt singulière, mais bienvenue, pour la saison estivale à venir.

Certains looks élégants étaient associés à des couvre-chefs soyeux et à des sacs à main sophistiqués, notamment des paniers tressés parsemés de strass, des sacs de plage en paille et des pochettes à franges.

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Sarah Altwaim. (Photo fournie)

La mode affluait à mesure que la mer Rouge brillait. La collection de Sara Altwaim comprenait un certain nombre de robes blanches fluides en dentelle et en mousseline. Chacune des pièces est attrayante, grâce à une touche individuelle, de subtiles perles, des coupes superposées ou un mélange de tissus.

Altwaim a présenté un tissu en mousseline d’inspiration sous-marine présentant des croquis de créatures des fonds marins, comme les poissons, les crevettes et les crabes, qui ont fait leur apparition dans une variété d’ensembles.

Les cols de perles très superposés, les jupes en forme de paréo, les résilles ornées de bijoux, les tissus métalliques et les vêtements fluides étaient également inspirés de la vie marine.

La créatrice saoudienne Yasmina Q a introduit les vêtements d’intérieur, clôturant les défilés avec une collection de robes en tricot effet côtelé dans des tons vert menthe, bleu écume de mer, jaune vif, corail et bien plus encore.

Il y avait aussi des manches évasées et une taille ajustée qui se transformait en une forme trapèze. Certaines pièces étaient également sans manches pour un look estival plus décontracté. La collection, composée de lunettes de soleil et de chapeauxestivaux, présentait également une gamme de vêtements d’intérieur, allant des bas côtelés aux hauts ajustés simples, en passant par les chemises côtelées, les hauts kimonos et les pulls amples.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com