Ukraine : intenses combats pour le contrôle du centre de Bakhmout

Des militaires ukrainiens tirent en direction des positions russes avec un obusier M777 de 155 mm sur la ligne de front, quelque part près de la ville de Bakhmut, le 11 mars 2023, lors de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP).
Des militaires ukrainiens tirent en direction des positions russes avec un obusier M777 de 155 mm sur la ligne de front, quelque part près de la ville de Bakhmut, le 11 mars 2023, lors de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP).
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Publié le Lundi 13 mars 2023

Ukraine : intenses combats pour le contrôle du centre de Bakhmout

  • «Des détachements d'assaut Wagner attaquent à partir de plusieurs endroits, tentant de percer la défense de nos troupes et d'avancer vers les quartiers centraux» de Bakhmout, a déclaré lundi le commandant des forces terrestres ukrainiennes
  • Sur le plan international, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Verchinine a déclaré, après des discussions à Genève, que Moscou «ne s'oppos(ait) pas à une nouvelle prolongation» de l'accord sur les céréales ukrainiennes

KIEV : D'intenses combats ont opposé lundi Russes et Ukrainiens pour le contrôle du centre de Bakhmout, une ville de l'est de l'Ukraine où se déroule la bataille la plus longue et la plus sanglante depuis le début de l'invasion russe.

Le même jour, la Russie a proposé de prolonger l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, qui expire le 18 mars, pour 60 jours seulement, une offre critiquée par Kiev qui y voit une remise en question de l'entente initiale.

"Des détachements d'assaut (du groupe paramilitaire russe) Wagner attaquent à partir de plusieurs endroits, tentant de percer la défense de nos troupes et d'avancer vers les quartiers centraux" de Bakhmout, a déclaré lundi le commandant des forces terrestres ukrainiennes Oleksandr Syrsky.

"Plus nous sommes proches du centre-ville, plus durs sont les combats, plus il y a d'artillerie", lui a fait écho Evguéni Prigojine, le patron de Wagner.

Ses hommes sont en première ligne dans les attaques que les Russes lancent depuis l'été dernier pour essayer de prendre cette cité devenue un symbole de la résistance acharnée des Ukrainiens qui espèrent quant à eux y épuiser les assaillants afin d'être en mesure de déclencher une vaste contre-offensive.

Situation «très difficile» 

Le général Syrsky a assuré que les soldats ukrainiens "infligeaient des pertes significatives à l'ennemi" dans ces affrontements.

"Avec le feu de l'artillerie, des chars (...), toutes les tentatives de s'emparer de la ville sont repoussées", a-t-il fait valoir.

M. Prigojine a reconnu que Wagner, qui a déjà réussi à couper plusieurs routes importantes pour le ravitaillement des militaires ukrainiens déployés sur place, se heurtait à une résistance acharnée.

"La situation à Bakhmout est difficile, très difficile. L'ennemi se bat pour chaque mètre", a-t-il noté dans un message sur les réseaux sociaux. "Les Ukrainiens jettent des réserves sans fin" dans la bataille.

Cette cité qui comptait 70 000 habitants avant l'invasion de février 2022 est depuis des mois l'épicentre des combats sur le front oriental, même si son importance stratégique est contestée par des experts et si sa défense implique aussi un grand nombre de morts et de blessés dans les rangs des forces ukrainiennes.

Quid de l'accord sur les céréales ?

Sur le plan international, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Verchinine a déclaré, après des discussions à Genève, que Moscou "ne s'oppos(ait) pas à une nouvelle prolongation" de l'accord sur les céréales ukrainiennes conclu en juillet dernier pour 120 jours entre l'ONU, l'Ukraine, la Russie et la Turquie.

"Mais seulement pour 60 jours", a-t-il précisé, soulignant que "notre position future sera déterminée par les progrès tangibles dans la normalisation de nos exportations agricoles, non pas en paroles mais en actes".

Selon Kiev, c'est une remise en question de l'entente initiale.

"L'accord sur +l'Initiative céréalière de la mer Noire+ implique au moins 120 jours de prolongation, la position de la Russie de le prolonger de seulement 60 jours contredit donc le document signé par la Turquie et l'ONU", a tweeté le ministre ukrainien des Infrastructures Oleksandre Koubrakov,

Un peu plus tard, Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, a assuré que "les Nations unies restaient complètement impliquées dans (cet accord) et pour s'efforcer de faciliter les exportations d'engrais et d'alimentation russes".

Cet accord, qui a eu pour effet d'atténuer la crise alimentaire mondiale provoquée par le conflit en Ukraine en permettant d'exporter plus de 24 millions de tonnes de céréales à partir des ports ukrainiens, selon les Nations unies, avait été reconduit en novembre pour quatre mois.

Vers des poursuites pour crimes de guerre 

De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) veut poursuivre des Russes pour crimes de guerre en Ukraine, a écrit lundi le New York Times, citant deux premiers dossiers : celui des enfants transférés en Russie et celui des frappes délibérées sur des infrastructures civiles.

Le bureau du procureur de ce tribunal qui siège à La Haye a toutefois signalé qu'il ne ferait "aucun commentaire".

Selon le journal américain, la première affaire concerne l'enlèvement d'enfants ukrainiens qui auraient ensuite été destinés à être adoptés ou été envoyés des camps de rééducation.

La deuxième concerne les accusations selon lesquelles l'armée russe a intentionnellement tiré des missiles sur des installations n'ayant pas de caractère militaire, telles que des centrales électriques.

"Le retour des enfants qui ont été capturés illégalement par les forces russes devrait être une priorité internationale", a pour sa part estimé l'ONG Human Rights Watch qui a dénoncé dans un rapport les conséquences "dévastatrices" de la guerre sur les orphelins en particulier.

Quant au $ministre italien de la Défense Guido Crosetto, il a accusé lundi le groupe Wagner de favoriser les migrations illégales vers l'Europe pour y punir les pays soutenant l'Ukraine.

"L'augmentation exponentielle du phénomène migratoire en provenance des côtes africaines fait aussi partie, dans une mesure non négligeable, d'une stratégie claire de guerre hybride que le groupe Wagner (...) met en œuvre en utilisant son poids significatif dans plusieurs pays africains", a-t-il affirmé.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.