BRUXELLES: L'eurodéputé belge Marc Tarabella a été extrait de prison mardi pour comparaître devant la cour d'appel de Bruxelles à laquelle il demande la récusation du juge d'instruction chargé de l'enquête pour corruption dite du "Qatargate".
La décision sera rendue dans les huit jours, vraisemblablement le 14 mars.
Escorté à l'audience par trois policiers, l'élu socialiste de 59 ans s'est installé au premier rang mais n'a pas pris la parole lors des débats.
Marc Tarabella, écroué le 11 février dans ce dossier, clame son innocence depuis qu'il est mis en cause.
Et son avocat Maxim Töller s'est emporté mardi contre la supposée partialité du juge Michel Claise, accusé d'avoir "décrit précisément" les faits de corruption reprochés à l'élu, sans la distance et le doute qu'impose sa fonction.
"Comment avoir confiance dans ce juge d'instruction (...) ? Quand il énumère les indices (de culpabilité) il doit faire attention aux mots qu'il utilise", a lancé Me Töller.
L'enquête du juge Claise, qui vaut aussi à l'eurodéputée grecque Eva Kaili d'être incarcérée, porte sur des soupçons d'ingérence du Qatar et du Maroc dans les prises de position du Parlement européen, moyennant des versements en cash qui transitaient par l'ancien eurodéputé italien Pier Antonio Panzeri, lui aussi inculpé.
Plus précisément, dans son mandat d'arrêt ciblant M. Tarabella (accusé par M. Panzeri d'avoir été destinataire de versements en liquide), le juge Claise écrit que les positions de l'élu belge sur le Qatar, d'abord très critiques, "se sont inversées à partir du moment où les mouvements de fonds suspects ont été détectés".
Or selon Me Töller d'une part aucun mouvement suspect n'a été décelé sur les comptes bancaires de son client. D'autre part les propos de l'eurodéputé belge sur "les progrès du Qatar" en terme de respect des droits des travailleurs sont antérieurs aux découvertes de sacs de cash -le 9 décembre 2022, notamment aux domiciles bruxellois de M. Panzeri et Mme Kaili-.
"Ce n'est pas concomitant!", a protesté Me Töller.
En l'absence du juge Claise – la procédure ne prévoit pas qu'il vienne se défendre lui-même – un magistrat du parquet fédéral a défendu son travail, et considéré "manifestement non fondée" la demande de récusation.
"Il n'y aucune violation de la présomption d'innocence, le juge d'instruction s'est borné à constater les indices sérieux de culpabilité comme il était tenu de le faire", a soutenu ce magistrat.
Outre les déclarations de "deux inculpés en aveux" (M. Panzeri et l'assistant parlementaire Francesco Giorgi, ndlr), "il y a d'autres indices au dossier" ciblant M. Tarabella, a-t-il aussi affirmé.