LONDRES: Une enquête publiée lundi par la chaîne BBC a révélé que Twitter ne dispose pas des ressources nécessaires pour garantir la sécurité de ses utilisateurs.
Lors d'une interview accordée à l'émission BBC Panorama, des membres du personnel de Twitter ont exprimé leur inquiétude quant à la restructuration radicale entreprise au sein de la société depuis qu'Elon Musk en a pris le contrôle.
D’anciens et actuels employés de Twitter affirment que l'entreprise est désormais incapable de protéger ses utilisateurs contre les trolls, la désinformation coordonnée par l’État et l'exploitation sexuelle des enfants. Cette situation fait suite aux nombreux licenciements d'employés et aux changements intervenus sous la direction du nouveau patron.
Le rapport insiste par ailleurs sur la prolifération, depuis le mois d’octobre 2022, des discours de haine, de la misogynie, de la désinformation, des complots et des contenus abusifs sur la plate-forme.
Le groupe de réflexion Institute for Strategic Dialogue indique que les comptes abonnés à d'autres comptes misogynes et abusifs ont augmenté de 69% au cours des cinq derniers mois. Ce chiffre atteste de «l'environnement laxiste» que favorisent les nouvelles politiques d'Elon Musk.
De nombreuses sources ont mis en lumière l'environnement de chaos que les employés endurent, et ce, en raison de la restructuration massive du personnel de Twitter. Les équipes sont donc obligées d’assumer des tâches qui ne font pas partie de leurs compétences.
«Pour ceux qui travaillent pour Twitter, la société ressemble à un immeuble dont toutes les pièces sont en feu», s'exclame l'une des sources.
«Le travail qui était autrefois confié à plus de vingt personnes est aujourd'hui accompli par un employé sans expertise qui vient de rejoindre l'équipe. Les risques sont donc plus grands et il est très probable que les choses prennent une mauvaise tournure.»
L'ancienne responsable de la conception des contenus de Twitter, Lisa Jennings Young, assure qu’avant son rachat, la société faisait des «progrès notables» en matière de lutte contre la prolifération de trolls.
«On ne prétend pas que la situation était irréprochable. Mais nous faisions des efforts, et nous nous améliorions sans cesse», souligne-t-elle.
Ray Serrato travaillait dans le passé pour Twitter dans le département de lutte contre la désinformation coordonnée par l’État. À ses yeux, l'équipe avec laquelle il travaillait a été «décimée». Ses capacités sont désormais réduites à leur niveau le plus bas.
Il déclare: «Les journalistes trouvaient en Twitter un refuge où ils faisaient entendre leur voix et où ils pouvaient critiquer le gouvernement. Mais je doute que ce soit encore le cas. L'équipe a perdu plusieurs experts essentiels qui couvraient des régions particulières ou des menaces, depuis la Russie jusqu'à la Chine.»
Lundi matin, M. Musk a répondu au rapport par un Tweet sarcastique. Il s’est dit navré «d'avoir transformé ce paradis pour enfants qu'était Twitter en un espace où les trolls pullulent».
Il a également répondu à un utilisateur qui indiquait qu'il n'avait jamais été victime d'abus en ligne avant qu’Elon Musk ne prenne le contrôle de la plate-forme.
«C'était une utopie magnifique. Je sens dorénavant que ma vie est en danger», a tweeté l’internaute.
En réponse, M. Musk a écrit : «Roflmao, je me roule par terre de rire, littéralement!»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.