Le Parlement azerbaïdjanais a appelé jeudi à exclure la France du groupe de Minsk, chargé de la médiation dans le conflit au Nagorny Karabakh, après le vote par le Sénat français d'un texte réclamant «la reconnaissance» de cette région séparatiste.
Dans une résolution, les députés de l'Azerbaïdjan ont recommandé à leur gouvernement de «demander à l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) d'expulser la France de la coprésidence du groupe de Minsk».
Ils exhortent aussi le gouvernement à «réviser les relations politiques (...) et économiques» de Bakou avec la France.
Dans la soirée, l'ambassadeur de France à Bakou, Zacharie Gross, a été convoqué au ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères et s'est vu remettre une note de protestation contre la décision du Sénat français, selon un communiqué de la diplomatie azerbaïdjanaise.
«L'Azerbaïdjan rejette catégoriquement la résolution du Sénat qui va à l'encontre de la Charte des Nations unies», a souligné le communiqué.
Fondé dans les années 1990 après une première guerre entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, le groupe de Minsk de l'OSCE est chargé de la médiation sur le Nagorny Karabakh, une république autoproclamée à majorité arménienne faisant partie de l'Azerbaïdjan.
Le groupe de Minsk est coprésidé par la France, les Etats-Unis et la Russie.
La résolution des députés azerbaïdjanais et la convocation de l'ambassadeur de France interviennent au lendemain du vote par les sénateurs français d'un texte demandant «la reconnaissance de la République du Haut-Karabakh», ou Nagorny Karabakh.
Le Sénat condamne aussi «l'agression militaire de l'Azerbaïdjan, menée avec l'appui des autorités turques et de mercenaires étrangers», et demande «le retrait immédiat» de ces forces armées des territoires pris depuis le 27 septembre.
Ce projet de résolution du Sénat n'a pas de valeur contraignante. Le Nagorny Karabakh a proclamé son indépendance il y a près de 30 ans mais celle-ci n'a été reconnue par aucun pays, pas même l'Arménie, son principal soutien.
Cette région, théâtre d'une guerre meurtrière de 1988 à 1994, a été secouée par six semaines de combats qui ont fait plus de 4.000 morts et permis à l'Azerbaïdjan de reconquérir une partie de la région.
Un accord de cessation des hostilités a finalement été signé le 9 novembre sous l'égide du Kremlin, l'Arménie ayant dû s'engager à rendre plusieurs districts azerbaïdjanais échappant au contrôle de Bakou depuis 30 ans.