AL-MUKALLA: Les familles des dirigeants houthis ont amassé de vastes fortunes en détournant des milliards de riyals yéménites (1 riyal yéménite = 0,0037 euro) du pétrole, des impôts et d'autres prélèvements vers leurs propres poches et en profitant également de la création de marchés noirs du pétrole, a déclaré le groupe d'experts de l'ONU.
Ce constat par des experts de l'ONU a confirmé les soupçons de longue date des militants et des autorités yéménites selon lesquels les membres des milices se servaient du conflit pour s'enrichir.
Couvrant la période allant de début décembre 2021 au 30 novembre 2022, les experts de l'ONU ont déclaré dans leur rapport annuel au Conseil de sécurité de l'ONU que depuis le début de la trêve négociée par l'ONU du 2 avril au 30 novembre, 69 navires-citernes ont livré 1 810 498 tonnes de dérivés pétroliers au port de Hodeidah contrôlé par les Houthis, générant 271,935 milliards de rials yéménites pour les Houthis.
Au lieu d'utiliser les revenus pour payer les fonctionnaires dans les régions sous leur contrôle, comme l'exige l'accord de Stockholm négocié par l'ONU, les Houthis ont utilisé l'argent pour se remplir les poches et financer des activités militaires.
«En vertu de l'accord de Stockholm, les Houthis devaient percevoir des droits de douane sur l'importation de pétrole via le port de Hodeidah, à condition qu'ils paient les salaires de la fonction publique. Cependant, le groupe d’experts a été informé qu'aucun salaire n'avait été encore payé au moment de la rédaction de cet article», selon ce groupe.
En plus d'autres sources de revenus telles que les taxes sur les services téléphoniques, le pétrole, les banques, les hôpitaux, les pharmacies et la zakat, qui sont estimées à 45 milliards de riyals yéménites par an, les Houthis ont imposé un nouveau prélèvement appelé khums (un cinquième), taxe sur les industries minières, l'eau et la pêche, ainsi que d'autres activités économiques, tous les bénéfices allant aux familles houthies et à d'autres dirigeants alliés, indique le rapport de 194 pages.
«L'immobilier est un autre secteur qui génère des revenus importants pour les Houthis, qui se sont approprié de force de vastes étendues de terrains de même que des bâtiments au cours de la période concernée. Les Houthis utilisent également diverses sociétés de télécommunications pour envoyer des millions de messages sollicitant un soutien et des contributions financières pour leurs efforts de guerre», selon ce même rapport.
Les experts de l'ONU ont découvert que les Houthis se livraient au trafic et au commerce de drogue afin de financer leurs activités militaires. Les autorités saoudiennes leur ont affirmé qu'elles avaient intercepté plusieurs cargaisons de stupéfiants provenant des Houthis au Yémen.
«Lors de sa visite à Riyad, le groupe d’experts a été informé de plusieurs saisies par les autorités saoudiennes, notamment à Wadi’ah, Khadra’, Ulab, Tuwal et le port de Jazan. Les autorités saoudiennes ont déclaré que le trafic et la contrebande des cargaisons étaient soutenus et encouragés par les Houthis afin de générer des fonds destinés à leurs activités de guerre.»
Les experts de l'ONU ont identifié les Houthis soutenus par l'Iran comme les principaux auteurs de violations des droits humains au Yémen en raison de leurs attaques aveugles contre des rassemblements et des infrastructures civiles, des enlèvements arbitraires, de la torture et des disparitions forcées.
Pour la deuxième année consécutive, des experts de l'ONU ont accusé les Houthis d'avoir rompu leur engagement envers l'ONU de cesser de recruter des enfants dans leur armée, ajoutant que les services communautaires houthis ont contraint des enfants, principalement âgés de 13 à 17 ans, à rejoindre leurs camps d'été, de recrutement et de formation, par le biais d'incitations financières ou d'intimidations.
«Les Houthis ont poursuivi leur campagne d'endoctrinement comme de recrutement et d'utilisation d’enfants dans leurs forces, notamment en tant que combattants, contrairement à leurs obligations légales et au plan d'action signé avec l'ONU en avril 2022, visant à prévenir et mettre fin au recrutement ainsi qu’à d'autres violations graves contre les enfants.»
L'ONU a trouvé des preuves que l'Iran continuait d'expédier des armes, notamment des composants de missiles balistiques aux Houthis, après avoir examiné les cargaisons d'armes saisies sur terre ou en mer au Yémen.
Les experts de l'ONU ont également identifié Mohammed Halas Mohammed Bishara comme le chef de l'organisation de contrebande maritime houthie.
Ils ont eu accès à des composants de missiles balistiques et de drones Quds saisis par la marine britannique dans le golfe d'Oman en janvier 2023 à bord de deux navires sans pavillon déterminé se déplaçant des plages iraniennes vers Oman.
«La saisie de composants de Quds par la Royal Navy britannique confirme l'évaluation du groupe d’experts selon laquelle les missiles continuent d'être introduits en contrebande en pièces détachées depuis l'étranger et que l'assemblage final a lieu dans les zones contrôlées par les Houthis», indique le rapport.
Les autorités yéménites ont également autorisé des experts de l'ONU à inspecter une cargaison de 52 conteneurs transportant des missiles guidés antichars 9M133 Kornet qui avaient été dissimulés à l'intérieur de quatre énormes générateurs électriques et saisis au poste frontière de Shahn avec Oman.
«Le groupe maintient sa position de longue date selon laquelle certaines des armes saisies – comme les missiles antichars guidés saisis à la frontière omanaise – ont des caractéristiques techniques et comportent des marques semblables à celles fabriquées en Iran», a révélé le rapport.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com