BEYROUTH: Le Groupe international de soutien au Liban (GIS) a exprimé sa consternation face aux retards dans la formation d'un gouvernement dans le pays en crise, et a exhorté les autorités libanaises à mettre en œuvre les réformes urgentes.
Dans une déclaration adressée mercredi aux leaders libanais, le groupe prévient qu’à mesure que l’impasse politique dans le pays se prolonge, «la crise sociale et économique s’aggrave».
Le GIS a exhorté le gouvernement intérimaire de Hassan Diab à «pleinement assumer ses responsabilités les plus pressantes», ajoutant que «la priorité absolue en ce moment est que les leaders politiques libanais acceptent de former un gouvernement qui ait la capacité et la volonté de mettre en œuvre les réformes nécessaires, et ce sans délai». Des mesures législatives concrètes sont nécessaires pour atténuer les «problèmes financiers auxquels sont confrontées les familles et les entreprises libanaises», a-t-il déclaré.
Le GIS a été lancé en 2013 et comprend l'ONU, la Chine, la France, l'Allemagne, l'Italie, la Russie, la Grande-Bretagne, les États-Unis, l'UE ainsi que la Ligue arabe.
Dans sa déclaration, le groupe a salué le projet de la France de tenir une conférence internationale de soutien au peuple libanais d’ici le début du mois de décembre. Le forum sera coprésidé par l'ONU.
Mais le sommet «ne devrait pas détourner notre attention du besoin criant de former un gouvernement et d’entamer des réformes judicieuses», a-t-il déclaré.
Mercredi, Reuters a cité «une source officielle» qui a affirmé que la banque centrale du Liban envisage de réduire le niveau des réserves obligatoires de change afin de continuer à subventionner les importations de base l’année prochaine. Ces réserves sont déjà faibles, et l’économie est en chute libre.
Selon la même source, Riad Salameh, le gouverneur de la banque centrale, a rencontré mardi les ministres du gouvernement intérimaire pour discuter de la réduction du taux de réserve obligatoire de 15% à 12%, voire même de 10%. Les réserves de change s'élèvent actuellement à environ 17,9 milliards de dollars, ce qui ne laisse que 800 millions de dollars pour soutenir les importations de carburant, de blé et de médicaments jusqu'à la fin de l'année en cours.
Parallèlement, les leaders politiques libanais cherchent, comme d’habitude, à se rejeter mutuellement la responsabilité de l’impasse parlementaire, dans un conflit illustré par l’échange de lettres d’accusation entre le bloc parlementaire de Nabih Berri et le président Michel Aoun.
Walid Joumblatt, chef du Parti socialiste progressiste, a tweeté mercredi: « Nous sommes dans un cercle vicieux de conditions, de contre-conditions, de noms et de contre-noms, d’offres électorales et présidentielles, et de paris régionaux fragiles. Manifestement la région subit un changement radical».
Lors d'une réunion des commissions parlementaires mixtes mercredi pour discuter d'un projet de loi pour les élections législatives, des représentants du Mouvement patriotique libre et du parti des Forces libanaises ont exprimé leurs objections. Ils affirment que le projet présenté par le bloc parlementaire de Berri «accroît les écarts politiques, sectaires et idéologiques parce qu'elle se base sur l'idée que le Liban est une seule et unique circonscription électorale».
Le député des Forces libanaises, George Adwan, a déclaré que «On ne parle plus de loi électorale, mais bien d’un changement dans le système politique».
Le Parlement libanais doit tenir une session plénière vendredi pour discuter d’une lettre envoyée par Aoun «afin de permettre à l’État de procéder à une vérification juricomptable des comptes de la Banque du Liban».
La firme comptable Alvarez & Marsal, qui effectuait une vérification juricomptable des comptes de la banque centrale, a déclaré la semaine dernière qu’elle a interrompu l’enquête car elle n’a pas reçu les informations nécessaires pour compléter la tâche. La décision de la firme est intervenue après que la banque centrale ait invoqué la loi sur le secret bancaire pour empêcher la divulgation d'informations.
Aoun avait insisté sur la tenue de l’enquête «pour que le Liban ne soit pas perçu comme un État voyou ou un État en faillite aux yeux de la communauté internationale».
Lors d'un sit-in près du parlement le 4 août, les familles des victimes de l'explosion du port de Beyrouth ont exigé «un décret qui mette nos martyrs à pied d’égalité avec ceux de l'armée».
Des mères endeuillées, certaines arborant les photos de leurs enfants tués dans l'explosion, ont accusé les anciens et actuels chefs d'État d'être responsables de l'explosion.
Mohammed Choucair, chef des organisations économiques libanaises, a souligné que les autorités libanaises «traitent cet événement dévastateur comme un accident banal».
Il a aussi affirmé que «la seule façon de sauver le Liban et de reconstruire Beyrouth à nouveau est de former un gouvernement capable et productif qui répond aux aspirations de tous les citoyens sans exception».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com