Sur l'île de Groix, les Portugais adoptés par le «caillou»

Des eucalyptus s'élèvent entre les pins. Symbole de leur terre natale, ces arbres plantés par les premiers Portugais, arrivés sur l'île de Groix il y a 60 ans, ont grandi, à l'image de cette communauté qui représente 10% de la population de l'île. (AFP)
Des eucalyptus s'élèvent entre les pins. Symbole de leur terre natale, ces arbres plantés par les premiers Portugais, arrivés sur l'île de Groix il y a 60 ans, ont grandi, à l'image de cette communauté qui représente 10% de la population de l'île. (AFP)
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Publié le Dimanche 26 février 2023

Sur l'île de Groix, les Portugais adoptés par le «caillou»

  • Aujourd'hui, plus de 200 Groisillons, sur une population totale de 2 200 habitants, sont originaires du Portugal, faisant du "caillou" leur terre de coeur
  • Le barrage construit, des Portugais restent: entre l'assainissement de l'eau et la construction de nouveaux lotissements, le travail ne manque pas

MORBIHAN: Des eucalyptus s'élèvent entre les pins. Symbole de leur terre natale, ces arbres plantés par les premiers Portugais, arrivés sur l'île de Groix il y a 60 ans, ont grandi, à l'image de cette communauté qui représente 10% de la population de l'île.

Aujourd'hui, plus de 200 Groisillons, sur une population totale de 2 200 habitants, sont originaires du Portugal, faisant du "caillou" leur terre de coeur.

Dans un petit bar, Alice Da Silva jongle avec aisance entre le français et le portugais. Originaire de Vila Nova de Gaia, en face de Porto, elle est arrivée à Groix en 1972 avec ses parents et son frère Victor après un périple à pied jusqu'en Bretagne.

"On est arrivé ici un lundi. Le mardi, on me mettait déjà à l'école et le mercredi, mon père a commencé à travailler. On est resté émerveillés par l'île, c'était le paradis ici", raconte la quinquagénaire.

Construire le barrage 

La famille est venue rejoindre le grand-père, arrivé sur l'île dans les années 1960 pour fuir la misère qui ravage alors le Portugal et les quatre années de service militaire obligatoire imposées par la dictature de Salazar, au moment des guerres coloniales, comme en Angola.

Il faisait partie d'un groupe de 16 Portugais ayant fui illégalement le pays et qui débarquèrent à Groix, une parcelle de terre de 3 km sur 8, pour rejoindre le chantier de construction d'un barrage sur l'île, encore dépourvue d'eau courante.

Pour Victor, "il ne faut jamais oublier que nos grands-parents et nos parents sont des migrants. Ils avaient un courage fou de débarquer en France sans rien du tout".

Les frères et cousins Da Silva, Texeira, Rodrigues... forment la première diaspora portugaise de l'île.

"Quand ils sont arrivés, ils étaient déplumés. On les a logés, on leur a préparé à manger, fait leur lessive... Comme ils étaient très tournés vers la religion, à l'image des insulaires et des Bretons, ils ont tout de suite été acceptés", raconte Jean-Paul Legoff, Groisillon depuis des générations.

Le barrage construit, des Portugais restent: entre l'assainissement de l'eau et la construction de nouveaux lotissements, le travail ne manque pas.

Certains se marient à des Groisillonnes, montent leurs entreprises de BTP et embauchent des membres de leur famille venus du pays.

"Il y a d'abord un ou deux qui sont venus puis ils ont attiré leurs femmes, leurs sœurs, leurs cousins, leurs frères..." résume le maire de l'île, Dominique Yvon.

"Aujourd'hui, un grand nombre sont chefs d'entreprise et participent grandement à l'économie locale. Beaucoup ont pris la nationalité française: ils sont complètement assimilés Groisillons."

«Chez moi, c'est ici»

Entre deux maisons en pierre cernées de volets bleu marine, une pancarte affiche "Da Silva, père et fils", une des deux principales entreprises de BTP de l'île avec "Texeira Construction", qui salarient chacune environ 15 ouvriers.

Paulo Mendonça, ancien routier de Porto, est arrivé en 2005 pour travailler dans le bâtiment.

Il fait partie de cette nouvelle vague d'arrivants portugais qui a monté ensuite sa propre entreprise, "Paulo Mécanique", et est devenu celui "sans qui à Groix, toutes les voitures seraient en panne", selon son ami Jean-Paul Legoff.

Depuis, l'homme à la barbe brune ne se voit plus vivre ailleurs: "C'est la France qui m'a donné le plus et pour ça, je lui en serai toujours reconnaissant."

Son fils, Édouard, est scolarisé au collège de l'île qui rassemble 28 élèves. S'il se sent Portugais, Français ou Groisillon ? "Pendant un match de football, je suis pour le Portugal. Mais chez moi, c'est ici, à Groix."

Impossible de choisir pour Alice Da Silva: "Quand je suis à Groix, j'ai l'impression d'être Portugaise et au Portugal, on me fait sentir Française: je me sens doublement étrangère."

Mais une chose est sûre, à chaque fois qu'elle quitte l'île, une force l'attire tel un aimant au milieu de cette nature sauvage de bruyère et d'ajoncs.

"Le caillou, c'est comme une personne de ma famille". Et pour Alice, la famille, "c'est précieux".


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".