France : inculpation pour assassinat de l'élève ayant poignardé sa professeure

Des personnes déposent des bouquets de fleurs devant le portail d'entrée du collège Saint-Thomas d'Aquin où une enseignante est morte après avoir été poignardée par un élève, à Saint-Jean-de-Luz, dans le sud-ouest de la France, le 23 février 2023. (Photo de Gaizka Iroz / AFP)
Des personnes déposent des bouquets de fleurs devant le portail d'entrée du collège Saint-Thomas d'Aquin où une enseignante est morte après avoir été poignardée par un élève, à Saint-Jean-de-Luz, dans le sud-ouest de la France, le 23 février 2023. (Photo de Gaizka Iroz / AFP)
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Publié le Samedi 25 février 2023

France : inculpation pour assassinat de l'élève ayant poignardé sa professeure

  • Cette affaire a bouleversé la communauté éducative française un peu plus de deux ans après l'assassinat d'un autre professeur, Samuel Paty, décapité par un jeune islamiste radicalisé
  • L'adolescent «est évidemment ravagé par le geste qu'il a commis et qui lui est reproché»

SAINT-JEAN-DE-LUZ : Le lycéen de 16 ans qui a poignardé à mort cette semaine en plein cours une enseignante dans le sud-ouest de la France a été inculpé vendredi pour assassinat et placé en détention.

Cette affaire a bouleversé la communauté éducative française un peu plus de deux ans après l'assassinat d'un autre professeur, Samuel Paty, décapité par un jeune islamiste radicalisé.

L'avocat du lycéen s'est cependant interrogé sur son degré de responsabilité pénale. Inconnu des services judiciaires, ses "motivations personnelles (...) ont besoin d'être sondées, appréciées, testées par des psychiatres", afin de déterminer si son discernement était "entier", ou "au contraire aboli, ou éventuellement altéré", a déclaré à la presse Me Thierry Sagardoytho à la sortie du tribunal judiciaire de Bayonne.

En garde à vue, l'élève de Seconde qui a tué sa professeure d'espagnol Agnès Lassalle, 52 ans, avec un couteau de cuisine caché dans un rouleau de papier essuie-tout à Saint-Jean-de-Luz, station balnéaire de la côte atlantique, "a mis en avant une petite voix qui lui parle", avait déclaré jeudi le procureur de la République à Bayonne, Jérôme Bourrier.

Selon les premières déclarations de l'adolescent, elle l'a incité "à faire le mal et lui aurait suggéré la veille de commettre un assassinat", avait ajouté le magistrat.

M. Bourrier avait également indiqué qu'un premier examen de l'élève avait révélé "une forme d'anxiété réactionnelle pouvant perturber son discernement" et "des éléments de dépression évoluant depuis une année", mais "aucune maladie mentale de type schizophrénie, état maniaque, mélancolie ou retard mental, ni décompensation psychiatrique aiguë".

"L'adolescent apparaît accessible à une responsabilité pénale sous réserve des expertises qui devront être ordonnées et d'une possible altération de son discernement", avait ajouté le procureur.

«Ravagé»

Pour l'avocat, cette expertise "fait totalement l'impasse sur la tentative de suicide" de l'adolescent en octobre 2022, évoquée par le procureur, "et les prescriptions médicales dont il était l'objet".

Cette tentative de suicide "questionne considérablement au regard de ce qui lui est aujourd'hui reproché", a-t-il poursuivi. "La prise en charge était-elle adaptée ? Des signes avant-coureurs ont-ils été décelés ? Visiblement non".

"Lorsqu'il raconte les faits, à mon sens ce n'est pas lui qui agit. Lorsqu'on parle à la troisième personne de soi-même, je m'interroge sur une possible dissociation de personnalité", ajoute Me Sagardoytho.

L'adolescent "est évidemment ravagé par le geste qu'il a commis et qui lui est reproché", a également souligné l'avocat dressant le portrait d'un "garçon brillant dans les disciplines scientifiques, visiblement moins à l'aise dans la langue espagnole".

Selon le procureur, l'adolescent a admis "une forme d'animosité à l'égard de sa professeure" mais aussi évoqué des "faits de harcèlement" subis dans son précédent établissement, un collège public de la même ville de Saint-Jean-de-Luz, et "une dispute" la veille avec un autre élève.

Une de ses ex-camarades de troisième l'a décrit comme "un garçon timide" qui avait "deux ou trois amis mais pas beaucoup plus". "Parfois arrogant" ou "colérique", il n'aimait "pas trop se faire reprendre par les professeurs en classe", selon elle.

Jeudi après-midi dans les collèges et lycées qui n'étaient pas en vacances, une minute de silence a été observée en hommage à l'enseignante, décrite comme "très dévouée" par le ministre de l'Education Pap Ndiaye, "très gentille" et "à l'écoute" par un de ses élèves.

Elle "adorait ses élèves, aimait son boulot", a de son côté témoigné Stéphane, le compagnon de Mme Lassalle au micro de la radio France Inter.

Les agressions contre des professeurs sont fréquentes en France mais l'AFP a recensé moins d'une dizaine de meurtres sur les quatre dernières décennies.

Vendredi, lors de la reprise des cours, certains élèves du collège-lycée Saint-Thomas d'Aquin, établissement catholique privé où s'est déroulé le drame, réputé pour son calme et ses résultats scolaires, avaient une fleur à la main.

"On essaie de reprendre une vie normale et des enseignements dans la mesure du possible avec les élèves", a déclaré à l'AFP Vincent Destais, directeur de l'enseignement catholique de Bayonne, en évoquant une ambiance "très recueillie et un soutien (psychologique) toujours en place".


La manifestation de soutien à Le Pen "n'est pas un coup de force", dit Bardella

La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
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  • « Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française.
  • « Cela nous semblait nécessaire que nous puissions nous exprimer directement aux Français.

STRASBOURG : La manifestation de soutien à Marine Le Pen prévue dimanche à Paris « n'est pas un coup de force », mais une mobilisation « pour la démocratie », a assuré mercredi Jordan Bardella, président du Rassemblement national, à des journalistes au Parlement européen à Strasbourg.

« Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française. C'est une mobilisation en réalité, non pas contre, mais pour la démocratie française », a déclaré l'eurodéputé au sujet de ce rassemblement annoncé par le RN après la condamnation de la triple candidate à la présidentielle à une peine d'inéligibilité immédiate.

« Cela nous semblait nécessaire (...) que nous puissions nous exprimer directement aux Français par l'intermédiaire de ces discours qui seront prononcés dimanche avec l'ensemble de nos cadres, de nos parlementaires et de nos militants », a-t-il ajouté.

Cette condamnation, que le RN qualifie de « scandale démocratique », compromet grandement ses chances de concourir une quatrième fois à la fonction suprême en 2027.

Pour Jordan Bardella, cela ne change « absolument rien » à sa relation avec Marine Le Pen, « si ce n'est qu'elle est peut-être encore plus forte qu'elle ne l'a été par le passé ».

« Je suis à ses côtés, je vais continuer à l'être (...) Nous allons évidemment mener le combat », a assuré l'eurodéputé qui faisait son retour au Parlement européen après avoir manqué les deux premiers jours de la session.

Il a qualifié de « bonne nouvelle » l'annonce de la justice qu'une décision en appel devrait être rendue « à l'été 2026 », donc bien avant la présidentielle.


Condamnation de Marine Le Pen: Macron rappelle au gouvernement l'indépendance de la justice

Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés
  • Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours ».

PARIS : Mercredi en Conseil des ministres, le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés, après la condamnation de la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen qui a suscité des attaques contre les juges, ont rapporté des participants.

Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours », selon ces sources. La justice a déjà fait savoir qu'un nouveau procès en appel pourrait se tenir dans des délais qui laissent une porte ouverte à une éventuelle candidature présidentielle en 2027 de la leader du Rassemblement national (RN), principale formation d'extrême droite française. 

Devant la presse, à l'issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas a rapporté mercredi les propos du chef de l'État.

« La première chose qu'il a rappelée, a poursuivi Mme Primas, est que la justice est évidemment indépendante et prend ses décisions en toute indépendance, et qu'il faut donc la respecter comme l'un des piliers de notre démocratie. La première, a-t-elle dit, est que la justice est indépendante et qu'elle prend ses décisions en toute indépendance et qu'il faut donc la respecter comme un pilier de notre démocratie.

« La troisième chose, pour rappeler que les menaces qui sont faites à l'encontre des magistrats sont absolument insupportables et intolérables, puisque nous sommes encore une fois dans une démocratie. Et la justice est tout à fait indépendante et doit être respectée », a-t-elle ajouté.

« Et la troisième chose, pour rappeler que chacun a le droit à une justice équivalente et que le droit est le même pour tous. »


Bac: l'épreuve de maths en première se précise pour l'an prochain

La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
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  • Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté
  • L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première,

PARIS : Le projet d'épreuve de mathématiques en classe de première pour l'an prochain, qui vise à mettre en œuvre le « choc des savoirs » annoncé par l'ex-ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal, a été présenté mardi devant une instance consultative de l'Éducation nationale, étape-clé avant sa publication.

Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté instaurant cette « épreuve terminale de culture mathématique aux baccalauréats général et technologique ».

Ils ont recueilli 0 voix pour, 27 contre, 31 abstentions et 4 refus de prendre part au vote (l'administration ne votant pas dans cette instance), un vote indicatif qui n'empêche pas la mise en œuvre de la réforme, selon des sources syndicales.

Cette épreuve écrite d'une durée de deux heures, qui entrera en vigueur au printemps 2026, sera « affectée d'un coefficient 2 » (points pris sur l’épreuve du Grand oral en terminale), selon ces textes, consultés par l'AFP.

L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première, un projet confirmé en novembre 2024 par sa successeure, Anne Genetet.

Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges et lycées), qualifie auprès de l'AFP la mesure de « rafistolage supplémentaire du bac Blanquer », décidé en 2019 par l'ex-ministre Jean-Michel Blanquer.

Pour Jérôme Fournier, secrétaire national du SE Unsa, la nouvelle épreuve « alourdit la fin de l'année pour les élèves et les correcteurs ».

La première partie, qui est commune à tous les élèves, sera sous forme de QCM et pourrait être corrigée automatiquement, ce à quoi « de nombreuses organisations syndicales sont opposées », a-t-il ajouté, tandis que la deuxième partie devrait consister en des résolutions de problèmes.

Des projets de textes ont par ailleurs été votés au CSE relatif à « la mise en place du +parcours renforcé+ en classe de seconde générale et technologique » ou professionnelle à partir de la rentrée 2026, avec trois votes pour, 45 contre et 13 abstentions.

Mis en place par la ministre Élisabeth Borne, ce parcours est destiné aux élèves n’ayant pas obtenu le diplôme du brevet. Son organisation relèvera « de l’autonomie de l’établissement sur la base indicative de deux heures hebdomadaires sur tout ou partie de l’année », selon le projet d'arrêté.

Sophie Vénétitay déplore « une coquille vide » tandis que Tristan Brams (CFDT Éducation) regrette l'absence de « moyens supplémentaires ».