Bruxelles ouvre la voie à un hydrogène «vert» issu du nucléaire

Cette photographie prise le 9 février 2023 montre la centrale nucléaire de Golfech dans le sud-ouest de la France (Photo, AFP).
Cette photographie prise le 9 février 2023 montre la centrale nucléaire de Golfech dans le sud-ouest de la France (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 14 février 2023

Bruxelles ouvre la voie à un hydrogène «vert» issu du nucléaire

  • Le texte doit notamment imposer aux pays européens des niveaux minimaux d'hydrogène renouvelable dans l'industrie ou les transports à horizon 2030 et 2035
  • L'Allemagne et l'Espagne prônent, elles, une définition plus restrictive ne considérant comme «vert» que l'hydrogène issu de sources renouvelables

BRUXELLES: La Commission européenne a proposé lundi que l'hydrogène produit à partir d'un mix éle ctrique comportant du nucléaire puisse, sous conditions, être considéré comme "vert", une victoire de la France qui souhaite recourir à l'atome pour atteindre les objectifs fixés par l'UE.

L'Allemagne et l'Espagne prônent, elles, une définition plus restrictive ne considérant comme "vert" que l'hydrogène issu de sources renouvelables.

Les critères proposés par Bruxelles, qui seront soumis pour approbation aux Etats membres et aux eurodéputés, s'inscrivent dans le cadre d'une législation européenne en cours de négociation qui fixe aux Vingt-Sept des objectifs ambitieux d'hydrogène "renouvelable" pour l'industrie et les transports d'ici 2030.

La Commission définit d'abord comme "vert" l'hydrogène fabriqué avec un électrolyseur directement connecté à une source d'électricité renouvelable "nouvelle", c'est-à-dire une infrastructure supplémentaire par rapport au parc actuel, pour encourager le déploiement de nouvelles énergies renouvelables sans accaparer les infrastructures existantes.

Autre cas de figure: l'hydrogène sera "vert" si l'électrolyseur est alimenté à partir d'un réseau électrique où la part d'énergies renouvelables a atteint au moins 90% l'année précédente.

De même, il sera "vert" si la consommation électrique mobilisée équivaut à une nouvelle infrastructure renouvelable, qui fonctionne précisément dans les mêmes heures et dans la zone où cet hydrogène est fabriqué. Une période de transition est prévue pour les sites de production d'hydrogène établis avant 2028.

Enfin, l'hydrogène sera considéré "vert" si le réseau électrique utilisé est largement décarboné, avec des émissions carbone liées à la production d'électricité ne dépassant pas 18 grammes équivalent CO2/mégajoule (ce critère une fois atteint, il est considéré comme valable pendant cinq ans) --un niveau auquel satisfait actuellement la Suède et dont la France est proche (19,6 g en 2020).

Il faudra cependant remplir d'autres conditions: outre les critères géographiques et horaires, le fabricant d'hydrogène sera tenu de conclure des "contrats d'achats" (à terme) auprès de fournisseurs d'électricité recourant à des énergies renouvelables -- mais sans obliger le pays concerné à ouvrir de nouvelles infrastructures d'éolien, de solaire ou d'hydraulique.

Cette disposition ouvre la voie à de l'hydrogène produit à partir d'un mix basé sur l'électricité nucléaire, ce que réclame avec véhémence la France dans le cadre de la législation sur les renouvelables, jugeant "absurde" de ne pas pouvoir recourir à l'atome "bas carbone" pour atteindre ses objectifs d'hydrogène vert.

Ligne rouge pour Berlin et Madrid

La Commission prend en compte le "mix décarboné" de la France et ses capacités existantes de renouvelables, se félicitait Paris lundi.

In fine, Bruxelles "reconnaît (nos) efforts de décarbonation (...) Il faut maintenant appliquer cette logique" au texte en discussion sur les objectifs européens "d'hydrogène renouvelable", a réagi la ministre française de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher. "Nous n'y sommes pas encore".

De fait, si les "actes délégués" présentés lundi devraient être adoptés sans difficulté (il faudrait une improbable majorité d'au moins 20 Etats membres ou d'eurodéputés pour s'y opposer), les négociations entre Etats et eurodéputés sur la législation "renouvelables" s'annoncent compliquées, après de premières discussions annulées la semaine dernière.

Ce texte doit notamment imposer aux pays européens des niveaux minimaux d'hydrogène renouvelable dans l'industrie ou les transports à horizon 2030 et 2035.

Dans ce texte, Paris voudrait défendre "l'égalité de traitement entre hydrogène bas carbone (à partir de nucléaire) et hydrogène renouvelable". Une ligne rouge pour Berlin et Madrid qui ont réaffirmé leur opposition lundi.

"Nous partons du principe que les carburants bas carbone ne peuvent être équivalents à ceux issus de sources renouvelables", a insisté le ministère espagnol de la Transition écologique.

Des ONG environnementales s'inquiètent, elles, que la production d'hydrogène vert entame fortement les capacités des énergies renouvelables, incitant à les remplacer par ailleurs par un recours accru au gaz et au charbon.

A l'inverse, la fédération professionnelle Hydrogen Europe a salué lundi "un coup de fouet au marché de l'hydrogène renouvelable" face aux vastes subventions des Etats-Unis dans ce secteur, tout en prévenant que "ces règles strictes rendront inévitablement les projets d'hydrogène vert plus coûteux et limiteront son potentiel d'expansion".


L'Otan en plein doute sur son avenir face à la tempête Trump

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
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  • Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer.
  • les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

BRUXELLES : Les tirs de barrage américains contre les pays européens de l'Otan ébranlent jusqu'aux fondements de l'Alliance atlantique, qui a cependant toutes les peines du monde à imaginer un avenir sans les États-Unis.

Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer. Un diplomate interrogé sous couvert d'anonymat décrit l'agressivité de la nouvelle administration américaine comme un « traumatisme ».

Ce changement se fera-t-il avec ou sans les États-Unis ? La question agite les couloirs du siège de l'Alliance à Bruxelles.

« On connaît la direction : moins d'États-Unis et plus d'Europe », résume un diplomate sous couvert d'anonymat. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens.

En deux mois, Donald Trump s'en est pris au Canada qu'il entend voir devenir le 51ᵉ État américain, et au Danemark, dont il revendique l'un des territoires, le Groenland. 

Plusieurs responsables américains, dont le vice-président J. D. Vance, n'ont pas caché leur mépris à l'égard des Européens, considérés comme des « profiteurs » et des passagers clandestins d'une alliance où, dénoncent-ils, ils ne paient pas leur dû.

Depuis le 20 janvier, date du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, « l'optimisme est de moins en moins de mise », confie un diplomate. « Les États-Unis n'ont pas encore pris de décisions concrètes, mais on dirait que chaque jour est porteur d'un nouveau coup contre les fondations de l'Alliance. »

- Transition « désordonnée » -

Pour Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan et chercheur auprès de l'ECFR, trois scénarios sont possibles.

Celui de la transition ordonnée : les Américains se désengagent, mais en bon ordre, à la suite d'une négociation qui donne aux Européens le temps de se préparer. « Cela permet d'éviter les incertitudes », assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Celui de la transition « désordonnée » : les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

Le retrait se fait « en mode crise », avec des « menaces et des annonces désordonnées ». C'est « le scénario dominant » aujourd'hui, estime l'analyste.

Il y a aussi le scénario cauchemar pour nombre d'Alliés : le retrait « de facto ou de jure ». Les États-Unis se désintéresseront de la défense du continent européen.

Donald Trump exige que les Européens et les Canadiens consacrent au moins 5 % de leur PIB à cette défense, alors qu'ils sont à moins de 2 % pour l'Italie ou l'Espagne. La marche est très haute. Mais tous savent qu'il faudra « annoncer » quelque chose au sommet de l'OTAN en juin, selon un diplomate.

Le Secrétaire général de l'Alliance Mark Rutte a évoqué un chiffre entre 3,5 et 3,7 %. Ce sera difficile, mais c'est une question de priorités dans les dépenses nationales, ajoute-t-il. 

Personne ne sait si ce chiffre sera suffisant pour Donald Trump.

- "Cinq ans" -

En attendant, beaucoup à Bruxelles et dans les autres capitales européennes s'interrogent sur un "après" Etats-Unis.

"Nous avons toujours su que le moment viendrait où l'Amérique se retirerait en quelque sorte et où l'Europe devrait faire davantage", rappelle ainsi Jamie Shea, ancien porte-parole de l'Otan et expert auprès du think tank londonien Chatam House.

Et le calendrier est très serré. Les Européens ont "cinq ans" pour recréer une dissuasion face à la menace russe, juge ainsi Camille Grand. Un calcul basé sur le temps jugé nécessaire, selon plusieurs services de renseignement, pour que la Russie reconstitue son armée et soit en mesure de menacer un pays de l'Otan, explique-t-il. 

Selon cet expert français, les Européens en sont capables, même si un investissement substantiel sera nécessaire pour combler l'apport américain en termes de renseignement, de satellites ou de logistique. « Il n'y a pas de raison que 500 millions d'Européens ne puissent pas dissuader 140 millions de Russes », assure-t-il.

Plusieurs pays en doutent. « Les États-Unis restent indispensables pour une dissuasion crédible », estime ainsi un diplomate européen auprès de l'Otan.


Le Wisconsin, théâtre d'une première défaite électorale pour Trump et Musk

 Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin,
  • En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d'ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d'Elon Musk.

Selon les projections de plusieurs médias américains, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté un siège pour dix ans à la Cour suprême de cet État de la région des Grands Lacs.

Elle faisait face à Brad Schimel, soutenu par Donald Trump et par le multimilliardaire Elon Musk, et dont la victoire aurait fait basculer la haute instance du Wisconsin du côté conservateur.

En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias.

Mardi soir, le président a mis à profit sa plateforme Truth Social pour se féliciter des deux « larges » victoires de son camp en Floride, mettant en avant son « soutien » aux candidats.

Il n'a en revanche pas commenté le résultat pour la Cour suprême du Wisconsin, préférant y retenir l'adoption, par un référendum organisé le même jour, d'une mesure obligeant les électeurs à présenter une pièce d'identité avec photo afin de pouvoir voter.

« C'est une grande victoire pour les républicains, peut-être la plus grande de la soirée », a-t-il écrit.

« Le plus important » 

Elon Musk n'a pas non plus réagi à la défaite de Brad Schimel, et a plutôt salué l'issue du référendum local. « C'était le plus important », a-t-il affirmé sur son réseau social X.

Le patron de Tesla et Space X s'inquiétait d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. État pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« C'est l'une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale », avait lancé Elon Musk mardi.

Le président républicain avait, lui, publié lundi sur Truth Social un message de soutien à Brad Schimel. Il s'en était surtout pris à Susan Crawford, qui serait, selon lui, « un désastre pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique ».

Un peu plus de deux mois après le début de son mandat, les enquêtes d'opinion indiquent une baisse relative de la popularité de Donald Trump. Ces élections dans le Wisconsin et en Floride étaient les premières véritables épreuves auxquelles il faisait face dans les urnes depuis novembre.

Campagne onéreuse 

Mardi, le trumpiste Randy Fine a bien remporté le siège en jeu à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus mince qu'il y a quelques mois.

Ces résultats ont « de quoi donner des sueurs froides à mes collègues républicains », a déclaré sur la chaîne MSNBC Hakeem Jeffries, responsable de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela fait écho à la difficulté de l'opposition à se faire entendre depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans le Wisconsin, les deux camps avaient sorti l'artillerie lourde pour une élection qui, d'ordinaire, passe inaperçue dans le reste du pays.

Selon le Centre Brennan de l'université de New York, c'est « le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine », avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.

Elon Musk n'est pas étranger à cela.

« Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m'empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin », a lancé dimanche Susan Crawford lors d'un rassemblement.

Son équipe de campagne avait récemment accusé Elon Musk de vouloir « acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable » dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.