MOSCOU: La ville ukrainienne de Bakhmout, théâtre de combats acharnés depuis des mois, n'est pas prête de tomber en dépit de récentes avancées russes, a estimé mardi le patron de l'organisation paramilitaire Wagner, Evguéni Prigojine, évoquant une boucherie.
"On ne fera pas la fête de sitôt", a déclaré M. Prigojine, selon son service de presse sur Telegram.
"Bakhmout ne sera pas prise demain, parce qu'il y a une forte résistance, un pilonnage, le hachoir à viande est en action", a-t-il ajouté en référence aux lourdes pertes sur le champ de bataille.
Wagner, qui a recruté des milliers de prisonniers pour combattre en Ukraine, mène l'assaut sur Bakhmout depuis l'été et a récemment conquis une série de localités avoisinantes pour tenter d'encercler la ville.
"L'adversaire s'active et envoie tout le temps de nouvelles réserves. Tous les jours, ce sont entre 300 à 500 combattants qui arrivent à Bakhmout de partout, les tirs d'artillerie s'accroissent tous les jours", a encore dit Evguéni Prigojine.
Le chef de l'occupation russe dans la région ukrainienne de Donetsk, où se trouve Bakhmout, Denis Pouchiline, a lui indiqué que l'Ukraine ne donnait aucun signe de vouloir céder la ville, que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a qualifiée de "forteresse".
"Nous comprenons parfaitement qu'il n'y a pour l'instant pas de perspective que l'adversaire abandonne ses positions sans combattre", a-t-il dit selon les médias russes.
Cité de quelque 70 000 habitants avant l'offensive russe il y a un an, Bakhmout a été en grande partie détruite par plus de six mois de combats qui ont provoqué de lourdes pertes dans les deux camps.
"Environ 5 000 habitants" se trouvent encore à Bakhmout en dépit du danger, a indiqué mardi le porte-parole du commandement "Est" de l'armée ukrainienne, Serguiï Tcherevaty.
«Front constamment bombardé»
Plusieurs responsables ukrainiens ont en outre indiqué que face à la dégradation de la situation, l'accès à Bakhmout avait été restreint pour les civils, y compris les membres d'organisations humanitaires et les journalistes.
Seuls "ceux qui ont vraiment besoin d'entrer à Bakhmout y entrent", a déclaré M. Tcherevaty.
"Nous prenons des mesures supplémentaires pour évacuer tous ceux qui restent dans la ville", a ajouté le chef de l'administration militaire ukrainienne de Donetsk, Pavlo Kyrylenko.
Selon lui, "toute la ligne de front est constamment bombardée, à la fois la ligne de contact et les villes à l'arrière." Il a estimé que la situation était "difficile, mais sous contrôle".
Si l'importance stratégique de Bakhmout est contestée, la ville a acquis un statut de symbole de la lutte entre Moscou et Kiev pour le contrôle de la région industrielle de Donetsk.
La présidence ukrainienne a admis lundi une situation "compliquée" dans le village de Paraskoviïvka, à une dizaine de kilomètres du centre de Bakhmout, qui "fait face à des bombardements et à des assauts intenses" russes.
Denis Pouchiline, avait affirmé vendredi que les troupes de Moscou avaient désormais sous leur contrôle trois des quatre voies d'approvisionnement ukrainiennes vers Bakhmout.