BRUXELLES: Il se disait depuis deux mois disposé à répondre à la justice: l'eurodéputé belge Marc Tarabella a été placé en garde en vue vendredi dans l'enquête sur des soupçons de corruption au sein du Parlement européen impliquant le Qatar et le Maroc.
Et l'eurodéputé italien Andrea Cozzolino, également visé par la justice belge, a été arrêté vendredi à Naples, ont annoncé les médias italiens.
Ils sont tous deux privés de leur immunité parlementaire depuis par un vote en plénière de la seule institution élue de l'UE le 2 février.
L'Italien Andrea Cozzolino, qui se trouvait dans une clinique de Naples, dans le sud de l'Italie, pour des examens médicaux, a été arrêté à sa sortie de la clinique en vertu d'un mandat d'arrêt européen, selon l'agence Ansa.
Dans la matinée, la police belge avait perquisitionné le domicile bruxellois de M. Cozzolino mais ce dernier était absent, selon le parquet fédéral belge.
Le socialiste belge Marc Tarabella a quant à lui été interpellé tôt vendredi à son domicile, dans la région de Liège, dans l'est de la Belgique. Il a été amené à Bruxelles pour y être entendu dans les locaux de la police judiciaire fédérale.
Une décision sur un éventuel placement en détention provisoire doit être prise dans les 48 heures maximum après l'interpellation.
Parallèlement à celle-ci, plusieurs bureaux de la mairie d'Anthisnes (est) --où M. Tarabella est bourgmestre-- ont été perquisitionnés, a ajouté le parquet. Une autre perquisition a ciblé "un coffre bancaire situé à Liège" lui appartenant.
Le nom de Marc Tarabella, élu passionné de football qui s'est beaucoup exprimé au Parlement européen sur le sujet de l'organisation de la Coupe du monde 2022 par le Qatar, était apparu très tôt quand ce scandale a éclaté le 9 décembre.
Dès le lendemain, le 10 décembre, son domicile à Anthisnes avait été perquisitionné, en présence de la présidente du Parlement européen Roberta Metsola, comme l'exige la loi pour un eurodéputé belge.
Mais aucun argent liquide n'avait été découvert, et il n'avait pas été interpellé, contrairement à l'eurodéputée grecque Eva Kaili, prise en "flagrant délit" la veille à Bruxelles, et donc privée du bénéfice de l'immunité.
Mme Kaili, déchue en décembre de sa fonction de vice-présidente du Parlement, compte parmi les trois personnes actuellement écrouées dans ce dossier, avec son compagnon l'assistant parlementaire Francesco Giorgi, et l'ancien eurodéputé Pier Antonio Panzeri, lui aussi italien.
Les «progrès» du Qatar
M. Panzeri, suspect clef du dossier, désormais "repenti" puisqu'il a reconnu avoir orchestré cette ingérence de plusieurs puissances étrangères dans la politique européenne, a mis en cause Marc Tarabella devant les enquêteurs.
Selon la presse belge, l'Italien a affirmé en décembre avoir versé "entre 120 000 et 140 000 euros" en plusieurs fois à l'élu belge, pour son aide dans les dossiers liés au Qatar.
En novembre, devant le Parlement, l'eurodéputé belge avait salué des changements positifs dans l'émirat sur la question des droits des travailleurs.
"Il y a eu des progrès, il faut le reconnaître (...) le discours unilatéralement négatif m'apparaît préjudiciable à l'évolution des droits dans l'avenir au Qatar", avait affirmé M. Tarabella.
Le ton a changé. Sept ans plus tôt, en 2015, Marc Tarabella avait qualifié d'"erreur de casting" l'attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar, a rappelé la presse belge. L'élu belge fustigeait alors le manque de transparence de la Fifa dans cette attribution.
A Bruxelles, lors de la vague d'interpellations du 9 décembre, les enquêteurs ont mis la main sur 1,5 million d'euros en argent liquide, notamment aux domiciles de M. Panzeri et de Mme Kaili.
M. Tarabella a nié avoir reçu "argent ou cadeaux en échange de (ses) opinions politiques". Les autorités du Qatar et du Maroc ont également vivement démenti ces soupçons de corruption.