PARIS: Les syndicats appellent de nouveau les salariés à se mobiliser samedi contre la réforme des retraites, avant deux nouvelles dates jeudi 16 février et mardi 7 mars, souhaitant installer dans la durée le mouvement de contestation, et pour certains aller vers des grèves reconductibles.
C'est la première fois, depuis le début du mouvement contre le report de l'âge légal de départ à 64 ans, que les syndicats organisent une manifestation le week-end, soucieux de permettre à tous de manifester.
"Samedi j'espère que ce sera très populaire, très familial, des gens de tous horizons", a confié mercredi à l'AFP le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. "Il faut que ce soit très, très fort" en terme de mobilisation, a-t-il espéré.
Les autorités prévoient un peu plus de 200 actions, rassemblant hors Paris 500 à 700.000 personnes.
La troisième journée d'action, mardi, a un peu moins mobilisé que les précédentes, 757.000 personnes selon le ministère de l'Intérieur, "près de deux millions" selon les organisateurs (contre 1,27 million à "plus de 2,5 millions" le 31). Mais deux rendez-vous étaient annoncés cette semaine, et les vacances ont commencé dans la zone A, ont souligné les syndicats pour expliquer ce recul.
L'intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) a d'ores et déjà annoncé une nouvelle journée de mobilisation le jeudi 16 février.
Elle présentera samedi lors d'une conférence de presse à la Bourse du travail à Paris son plan de bataille pour la suite, avec notamment une journée de mobilisation le 7 mars, au sortir des vacances scolaires, et une "initiative particulière le 8, en lien avec la journée internationale des droits des femmes", selon Yvan Ricordeau, secrétaire national CFDT.
«Monter d'un cran»
La question de la grève reconductible commence aussi à se poser de manière plus pressante pour certains syndicats, alors que le gouvernement ne bouge pas d'un iota sur la mesure cardinale de la réforme, le recul de l'âge légal, malgré des manifestations d'une ampleur depuis longtemps inédite.
"Si le gouvernement persiste à ne pas écouter, forcément il faudra monter d'un cran", avec des "grèves plus dures, plus nombreuses, plus massives, et reconductibles", a affirmé mardi le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.
Solidaires joue les mouches du coche, envisageant de "porter la grève reconductible à partir du 8 mars", dans une note interne transmise à l'AFP. "Il sera peu probable de gagner seulement par de grandes manifestations, aussi massives soient-elles (voir 2010)", explique le syndicat, en référence à la bataille perdue contre le recul de l'âge de la retraite de 60 à 62 ans.
Le 8 mars, "c'est une date qui prend encore plus d'importance cette année" car "tout le monde sait que cette réforme touche plus particulièrement les femmes", relève M. Martinez.
Mais il n'y aura pas d'appel de l'intersyndicale à la grève reconductible à partir du 8, selon M. Ricordeau, ce mot d'ordre correspondant à "deux trois champs professionnels" alors que l'enjeu est d'être "plus forts et plus puissants dans tous les champs professionnels".
Sous couvert d'anonymat, un responsable syndical réformiste note que "Philippe Martinez gère ses troupes": obligé de composer avec des fédérations qui montrent leurs muscles à l'approche du 53e Congrès de la CGT (27 au 31 mars), il se doit d'afficher une certaine radicalité.
Et cette source n'est pas non plus convaincue qu'un appel à la grève reconductible serait massivement suivi, notamment dans les transports. "Dans ces secteurs là, les militants sont convaincus; les salariés, est-ce qu'ils sont prêts à faire la grève par procuration, à être l'avant-garde éclairée de la classe ouvrière ? C’est moins certain", analyse-t-elle.
Eric Sellini, coordinateur national CGT chez TotalEnergies, se montre prudent pour les raffineurs: "On ne veut pas se louper, on sait qu'on n'aura pas deux essais", affirme-t-il à l'AFP.
Après une pause à l'Assemblée jeudi, liée à la niche parlementaire PS, les travaux des députés sur la réforme reprendront vendredi. En déplacement dans le Nord, la Première ministre Elisabeth Borne a de nouveau défendu une mesure destinée à "assurer l'avenir du système de retraites par répartition".