La Turquie renforce les opérations antiterroristes contre Daech

Un véhicule de police blindé assure la garde devant le consulat allemand à Istanbul, le 2 février 2023. (AP)
Un véhicule de police blindé assure la garde devant le consulat allemand à Istanbul, le 2 février 2023. (AP)
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Publié le Lundi 06 février 2023

La Turquie renforce les opérations antiterroristes contre Daech

  • Plusieurs pays occidentaux ont fermé leurs consulats à Istanbul la semaine dernière par mesure de précaution
  • La branche de Daech au Khorassan serait la plus préoccupante pour les autorités antiterroristes en raison de son potentiel à lancer des opérations extérieures

ANKARA: Les autorités turques ont annoncé samedi l’arrestation de quinze suspects qui ont des liens avec Daech et les zones de conflit en Syrie alors que les équipes antiterroristes de la police d’Istanbul continuent d’éliminer les cellules. 

À la suite de la manifestation du mois dernier au cours de laquelle un exemplaire du Coran a été brûlé devant l’ambassade de Turquie à Stockholm, des rapports de renseignement ont affirmé que les dirigeants de la branche Khorassan de Daech avaient ordonné à ses membres de mener des actes terroristes contre les consulats suédois et néerlandais à Istanbul, en plus de prendre pour cible des lieux de culte chrétiens et juifs. 

Malgré les arrestations, le département de police déclare n’avoir trouvé «aucune preuve concrète» de plans d’attaque contre des missions étrangères ou des lieux de culte. 

Plusieurs pays occidentaux, dont les États-Unis, la Suède, la Suisse, la Belgique, le Canada, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France, ont fermé leurs consulats à Istanbul la semaine dernière par mesure de précaution contre d’éventuelles attaques terroristes. 

Toutes les missions sont situées dans le quartier de Beyoglu, une zone touristique populaire d’Istanbul. Un lycée français du quartier a également fermé ses portes. 

Le ministère britannique des Affaires étrangères et du Commonwealth a également averti ses citoyens des risques que suppose un voyage en Turquie. 

«Il est possible que des citoyens de pays occidentaux soient pris pour cible, en particulier dans les grandes villes», déclare-t-il. 

Le consulat allemand a conseillé aux expatriés et aux visiteurs d’éviter les zones touristiques à risque d’Istanbul et les «foules internationales» en général. 

Nihat Ali Ozcan, commandant à la retraite et analyste de la sécurité au sein du groupe de réflexion Tepav basé à Ankara, soutient que le rapprochement entre le président syrien Bachar al-Assad et le gouvernement turc devrait être pris en considération lors de l’évaluation de la menace terroriste. 

«Le début des négociations entre la Turquie et la Syrie, avec le soutien de la Russie, a déclenché la colère des groupes radicaux dans certaines régions sous contrôle turc en Syrie, ce qui expose la Turquie aux provocations terroristes», dit-il à Arab News. 

Au mois de novembre, six personnes ont été tuées et des dizaines blessées dans un attentat à la bombe près des consulats à Beyoglu. Il aurait été perpétré par une femme en lien avec les Unités de protection du peuple, les forces kurdes de Syrie. 

Cependant, le ministre turc de l’Intérieur, Suleyman Soylu, a rejeté jeudi les avis internationaux de menace terroriste, affirmant qu’ils faisaient partie d’une guerre psychologique contre son pays. 

«Nous savons tous très bien qu’ils essaient d’éclipser la stabilité et la paix en Turquie», a-t-il soutenu, ajoutant que la fermeture des ambassades a coïncidé avec le jour où la Turquie a annoncé son objectif d’attirer soixante millions de touristes par an. 

Il a accusé l’ambassadeur des États-Unis en Turquie d’essayer de saper la stabilité nationale. 

«Je sais à quels journalistes vous avez fait écrire des articles. Ôtez vos sales pattes de la Turquie», a-t-il renchéri. 

Les États-Unis ont été le premier pays à publier un avis de menace terroriste. Une note du 30 janvier prévient leurs citoyens de possibles «représailles par des terroristes contre des églises, des synagogues et des missions diplomatiques à Istanbul ou dans d’autres endroits fréquentés par les Occidentaux». 

Depuis le début de l’année, la Turquie a mené une soixantaine d’opérations contre Daech et arrêté quatre-vingt-quinze suspects. L’année dernière, elle a mené plus de mille opérations de ce type et arrêté environ deux mille suspects. 

Le ministère turc de l’Intérieur a déclaré la semaine dernière que les autorités «avaient détenu un certain nombre de suspects après une mise en garde par un pays ami», mais qu’elles «n’avaient pas trouvé d’arme, de munitions, ni même de signe d’acte de violence planifié». 

Des observateurs ont déclaré à Arab News que le «pays ami» sans nom était très probablement Israël, qui avait fourni d’importantes quantités de renseignements à la Turquie ces dernières années, ce qui avait aidé à déjouer plusieurs attaques terroristes majeures contre des personnalités et des touristes. 

La Turquie a réagi à la fermeture des consulats, avertissant ses citoyens d’éviter de se rendre dans les pays européens en raison d’«éventuelles attaques islamophobes, xénophobes et racistes». 

À moins de quatre mois de l’élection présidentielle en Turquie, on craint une escalade des attentats terroristes, comme c’était le cas avant le scrutin de 2015. 

Colin P. Clarke, chercheur principal au Soufan Center de New York, déclare à Arab News que la menace pour la sécurité en Turquie était élevée et susceptible de le rester pour plusieurs raisons. 

«La première raison est la proximité géographique avec la Syrie. Daech a été considérablement affaibli, mais reste une menace puissante. Le groupe terroriste maintient des réseaux logistiques qui s’étendent jusqu’en Turquie et il a toujours la capacité d’y mener des attaques», explique le chercheur. 

«Ces réseaux existent depuis longtemps et plusieurs d’entre eux datent probablement de plusieurs années. Certains d’entre eux pourraient fonctionner à la vue de tous.» 

En outre, comme les autorités turques se concentrent principalement sur la lutte contre les groupes kurdes, certaines activités de Daech se déroulent discrètement, ajoute M. Clarke. 

«Enfin, contrer Daech constituera un défi générationnel pour les forces de sécurité en Turquie. Le démantèlement de ces réseaux nécessitera des opérations de renseignement soutenues, bien financées et persistantes», a-t-il déclaré. 

Toujours selon M. Clarke, la branche de Daech au Khorassan serait la plus préoccupante pour les autorités antiterroristes en raison de son potentiel à lancer des opérations extérieures et des attaques très médiatisées ailleurs dans le monde. 

«La situation sécuritaire en Afghanistan est si instable qu’il y a une grande inquiétude que le groupe recrute de nouveaux membres et se renforce au cours de l’année à venir», a-t-il conclu. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Netanyahu remercie Trump pour sa déclaration "forte" sur les otages à Gaza

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  • « Je veux remercier le président Trump pour sa déclaration forte d'hier sur l'obligation du Hamas de libérer les otages », a déclaré M. Netanyahu dans un bref message vidéo en anglais, diffusé par son bureau.
  • Lundi, Donald Trump avait prévenu que le « prix à payer serait terrible » pour les groupes palestiniens de la bande de Gaza si les otages n'étaient pas libérés avant son entrée en fonction, le 20 janvier.

JERUSALEM : Mardi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a remercié Donald Trump pour sa « déclaration forte » sur les otages à Gaza, après que le président élu américain a exigé lundi leur libération avant son entrée en fonction.

« Je veux remercier le président Trump pour sa déclaration forte d'hier sur l'obligation du Hamas de libérer les otages », a déclaré M. Netanyahu dans un bref message vidéo en anglais, diffusé par son bureau.

Lundi, Donald Trump avait prévenu que le « prix à payer serait terrible » pour les groupes palestiniens de la bande de Gaza si les otages n'étaient pas libérés avant son entrée en fonction, le 20 janvier.

Dans un communiqué en hébreu publié par son bureau, M. Netanyahu a affirmé que cette déclaration « montre clairement qu'il n'y a qu’un seul responsable de cette situation : le Hamas ».

« Le président Trump a mis le doigt sur le cœur du problème : le Hamas, et non le gouvernement israélien comme on l'entend ici régulièrement », a ajouté M. Netanyahu.

Il faisait ainsi allusion aux attaques répétées de l'opposition et de certaines familles d'otages, estimant qu'Israël aurait pu conclure plus tôt un accord pour la libération des otages, mais que le Premier ministre fait tout pour que cela n'arrive pas.

Mardi, Bassem Naïm, membre du bureau politique du Hamas, a répondu à M. Trump que « Netanyahu a saboté toutes les tentatives d'un cessez-le-feu à Gaza », et que son message « s'adresse avant tout à Netanyahu et à son gouvernement ».

Il conclut son communiqué en appelant les dirigeants américain et israélien à mettre fin à leur « jeu diabolique » qui consiste à utiliser les négociations comme couverture pour leurs intérêts personnels et politiques.

La guerre a été déclenchée par l'attaque surprise lancée le 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Cette attaque a fait 1 206 morts du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels et incluant les otages morts ou tués en captivité dans la bande de Gaza.

Sur les 251 personnes enlevées en territoire israélien, 97 sont toujours otages à Gaza, dont 35 ont été déclarées mortes par l'armée.

La campagne militaire israélienne lancée en représailles a fait plus de 44 500 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.


L'Ukraine met la pression pour être invitée à rejoindre l'OTAN, avec Trump en toile de fond

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  • La « seule véritable » garantie de sécurité pour l'Ukraine est la « pleine » adhésion à l'OTAN, a rappelé mardi le ministère ukrainien des Affaires étrangères.
  • L'Ukraine souhaite aborder une éventuelle négociation de paix avec la Russie en position de force et avec des garanties de sécurité suffisantes.

BRUXELLES :À moins de deux mois du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, l'Ukraine a mis mardi la pression sur les pays de l'OTAN pour qu'ils l'invitent à les rejoindre, mais les ministres des Affaires étrangères de l'Alliance, qui se retrouvent à Bruxelles, devraient temporiser.

La « seule véritable » garantie de sécurité pour l'Ukraine est la « pleine » adhésion à l'OTAN, a rappelé mardi le ministère ukrainien des Affaires étrangères. Cette adhésion constituerait une menace « inacceptable » pour la Russie, a rétorqué le Kremlin.

Très prudent, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, s'est contenté de réitérer la position de principe de l'Alliance. Le processus devant conduire à l'adhésion de l'Ukraine est « irréversible », a-t-il ainsi rappelé devant la presse, sans toutefois évoquer de calendrier.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriï Sybiga, entend toutefois rappeler ce message lors d'un dîner de travail à Bruxelles avec ses 32 homologues de l'Otan, sans illusion sur les chances d'être entendu cette semaine.

L'Ukraine souhaite aborder une éventuelle négociation de paix avec la Russie en position de force et avec des garanties de sécurité suffisantes. « La seule garantie de sécurité efficace est l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN », a assuré à ce sujet le ministre estonien des Affaires étrangères, Margus Tsahkna.

Plusieurs pays de l'Alliance, les États-Unis en tête, sont toutefois réticents à prendre cette « monumentale décision », comme l'a qualifiée un diplomate à Bruxelles.

« Un tel geste avant l'arrivée de la nouvelle administration rendrait Trump furieux et il prendrait immédiatement position », reconnaît un diplomate européen de l'OTAN.

« Je pense qu'une adhésion à l'OTAN renforcerait à nouveau la tension et la possibilité de nouveaux conflits demain », a jugé de son côté le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Xavier Bettel.

Mais, souligne un diplomate de l'Otan, cela ne doit pas empêcher de réfléchir aux garanties que l'Alliance atlantique, ou au moins certains de ses membres, pourraient donner à l'Ukraine, particulièrement au moment où la perspective de négociations de paix semble plus proche.

Donald Trump a promis de faire la paix en Ukraine « en 24 heures », sans toutefois préciser comment il comptait s'y prendre.

Les pays européens de l'OTAN redoutent d'être mis à l'écart d'une éventuelle négociation et plusieurs d'entre eux cherchent les moyens de s'assurer une place à la table des discussions, ont expliqué des diplomates de l'OTAN.

« Le front se déplace d'est en ouest. »

Et certains de ces pays n'excluent pas l'envoi de troupes sur le sol ukrainien pour surveiller la mise en place d'un éventuel cessez-le-feu, ont indiqué ces diplomates. Cependant, précisent-ils aussitôt, cette discussion n'a pas lieu au sein de l'OTAN, mais entre alliés européens. Le sujet ne sera donc pas à l'ordre du jour mardi, ni mercredi, deuxième jour de cette réunion ministérielle au siège de l'OTAN.

« La réunion se concentrera sur la manière de s'assurer que l'Ukraine, lorsqu'elle décidera d'entamer des négociations, le fasse avec une position de force », a assuré mardi M. Rutte.

En effet, a-t-il souligné, « le front se déplace d'est en ouest, et non d'ouest en est ». L'armée russe a encore revendiqué mardi la conquête de deux villages dans les régions ukrainiennes de Donetsk (est) et de Zaporijjia (sud), où ses troupes, plus nombreuses que celles de Kiev, sont à l'offensive et gagnent du terrain sur l'ensemble du front à une vitesse inédite depuis mars 2022.

Kiev réclame avec insistance des armes, et en particulier au moins 20 nouveaux systèmes de défense anti-aérienne, pour contrer les missiles russes qui détruisent ses infrastructures énergétiques, a rappelé le ministre ukrainien à Bruxelles mardi.

Washington a annoncé lundi une aide militaire supplémentaire pour l'Ukraine, d'un montant de 725 millions de dollars, comprenant notamment des missiles et des mines antipersonnel, selon le secrétaire d'État américain Antony Blinken.

Mais, « il faut faire plus », a martelé M. Rutte mardi.


La présidente de la CPI dénonce des attaques qui menacent son existence

La juge Tomoko Akane, présidente de la Cour pénale internationale, a qualifié d'« épouvantables » les menaces et les attaques contre la Cour. (Photo d'archives AFP)
La juge Tomoko Akane, présidente de la Cour pénale internationale, a qualifié d'« épouvantables » les menaces et les attaques contre la Cour. (Photo d'archives AFP)
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  • S'exprimant devant les membres de la CPI à La Haye, la présidente de la cour, Tomoko Akane, a déclaré que la juridiction était confrontée à « des mesures coercitives, des menaces, des pressions et des actes de sabotage ».
  • M. Netanyahu a qualifié la décision d'antisémite, tandis que le président américain Joe Biden a qualifié les mandats d'arrêt contre les Israéliens de « scandaleux ».

LA HAYE : Lundi, la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) a dénoncé des attaques contre la juridiction, qui se retrouve la cible de « menaces, pressions, actes de sabotage » et est traitée comme une organisation terroriste, après ses mandats d'arrêt pour les guerres à Gaza et en Ukraine.

S'exprimant devant les membres de la CPI à La Haye, la présidente de la cour, Tomoko Akane, a déclaré que la juridiction était confrontée à « des mesures coercitives, des menaces, des pressions et des actes de sabotage », sans donner de détails.

« Nous sommes à un tournant de l'histoire (...) Le droit international et la justice internationale sont menacés. Tout comme l'avenir de l'humanité », a-t-elle ajouté.

« La cour est menacée de sanctions économiques draconiennes par les institutions d'un membre permanent du Conseil de sécurité comme s'il s'agissait d'une organisation terroriste », a-t-elle ajouté, dans une allusion aux États-Unis sans les nommer.

« Si la Cour disparaît, cela impliquera inévitablement l'effondrement de toutes les affaires en cours. Le danger qui pèse sur la Cour est existentiel », a-t-elle poursuivi.

« La Cour pénale internationale continuera de remplir son mandat légal de manière indépendante et impartiale, sans céder à aucune ingérence extérieure », a-t-elle affirmé.

La CPI a suscité des critiques après les mandats d'arrêt émis le mois dernier à l'encontre du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, de son ancien ministre de la Défense et d'un haut responsable du Hamas.

Les juges de la CPI ont déclaré qu'il existait des « motifs raisonnables » de soupçonner les trois hommes de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité pour l'attaque du Hamas du 7 octobre et la guerre israélienne qui a suivi à Gaza.

M. Netanyahu a qualifié la décision d'antisémite, tandis que le président américain Joe Biden a qualifié les mandats d'arrêt contre les Israéliens de « scandaleux ».

Certains républicains américains ont appelé le Sénat à sanctionner la CPI, qui compte 124 membres, mais ni les États-Unis, ni Israël, ni la Russie ne l'ont fait.

La CPI a également émis un mandat d'arrêt contre le président russe Vladimir Poutine. Moscou a réagi en émettant à son tour des mandats d'arrêt contre de hauts responsables de la CPI.

« Plusieurs élus sont gravement menacés et font l'objet de mandats d'arrêt émis par un membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU », a-t-elle observé.

Il est « épouvantable » que des pays semblent « scandalisés » lorsque la CPI émet des mandats d'arrêt fondés sur le droit international, a-t-elle poursuivi.