L'Etat veut «écrire une nouvelle page» de l'histoire de Corse, 25 ans après l'assassinat du préfet Erignac

Sur cette photo d'archive prise le 7 février 1998, un groupe de policiers cherche des indices sur le site où le préfet corse Claude Erignac a été abattu à Ajaccio, le 6 février 1998. (Photo by TOUSSAINT CANAZZI / AFP)
Sur cette photo d'archive prise le 7 février 1998, un groupe de policiers cherche des indices sur le site où le préfet corse Claude Erignac a été abattu à Ajaccio, le 6 février 1998. (Photo by TOUSSAINT CANAZZI / AFP)
Dans cette photo d'archive prise le 9 février 1998, le président français Jacques Chirac prononce un discours (R) à côté (de L) du Premier ministre français Lionel Jospin, du président de l'Assemblée nationale française Laurent Fabius, de la ministre française de la Justice Elisabeth Guigou, du ministre français de l'Intérieur Jean- Pierre Chevènement, le ministre français de l'Economie Dominique Strauss-Kahn, le ministre français de la Défense Alain Richard et le ministre français de la Fonction publique Emile Zuccarelli devant le monument aux morts d'Ajaccio lors d'un rassemblement en hommage au préfet corse Claude Erignac, tué le 6 février 1998 (Photo GEORGES GOBET / AFP).
Dans cette photo d'archive prise le 9 février 1998, le président français Jacques Chirac prononce un discours (R) à côté (de L) du Premier ministre français Lionel Jospin, du président de l'Assemblée nationale française Laurent Fabius, de la ministre française de la Justice Elisabeth Guigou, du ministre français de l'Intérieur Jean- Pierre Chevènement, le ministre français de l'Economie Dominique Strauss-Kahn, le ministre français de la Défense Alain Richard et le ministre français de la Fonction publique Emile Zuccarelli devant le monument aux morts d'Ajaccio lors d'un rassemblement en hommage au préfet corse Claude Erignac, tué le 6 février 1998 (Photo GEORGES GOBET / AFP).
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Publié le Mardi 07 février 2023

L'Etat veut «écrire une nouvelle page» de l'histoire de Corse, 25 ans après l'assassinat du préfet Erignac

  • Le soir du 6 février 1998, Claude Erignac décédait sous les balles d'un tueur qui lui avait tiré dans le dos, dans une rue d'Ajaccio, alors qu'il se rendait à pied au théâtre
  • Après sa mort, des dizaines de milliers de Corses avaient exprimé leur effroi lors des plus grandes manifestations jamais organisées à Ajaccio et Bastia

AJACCIO: Un quart de siècle après l'assassinat du préfet Claude Erignac, "il est temps d'écrire une nouvelle page de l'histoire de la Corse", a estimé lundi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, proposant aux instances de l'île de reprendre les discussions sur son avenir.

Le soir du 6 février 1998, Claude Erignac décédait sous les balles d'un tueur qui lui avait tiré dans le dos, en pleine rue, alors qu'il se rendait à pied au théâtre.

Lundi, Gérald Darmanin, venu présider les commémorations à Ajaccio, a estimé qu'"il (était) temps d'écrire une nouvelle page de l'histoire de la Corse", de "construire durablement la paix".

L'île méditerranéenne entretient des rapports compliqués avec les gouvernements français et compte depuis des décennies des mouvements nationalistes qui réclament davantage d'autonomie et pour certains l'indépendance, ainsi que des groupes clandestins. Les nationalistes sont depuis 2015 à la tête des instances de l'île.

Le gouvernement "tend la main aux innombrables Corses de bonne volonté, épris de paix et de fraternité" pour "tracer ensemble" une "route institutionnelle, économique, culturelle", a ajouté le ministre.

«Les morts nous regardent»

"Travaillons ensemble", a-t-il également lancé, car "les morts nous regardent".

Claude Erignac a été le seul préfet assassiné en France depuis la Seconde Guerre mondiale. Après sa mort, des dizaines de milliers de Corses avaient exprimé leur effroi lors des plus grandes manifestations jamais organisées à Ajaccio et Bastia.

Trois hommes ont été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité pour cet assassinat: Pierre Alessandri, Alain Ferrandi et Yvan Colonna.

Détenu à la prison d'Arles (Bouches-du-Rhône), Yvan Colonna a été agressé par un codétenu le 2 mars 2022 et est décédé le 21 mars, ce qui a provoqué des semaines de manifestations violentes sur l'île.

Selon une source proche du dossier, Gérald Darmanin s'apprête à déclasser partiellement vingt notes de la Direction générale de la sécurité intérieur (DGSI) réclamées par les trois juges qui enquêtent sur cet assassinat.

Un cycle de discussions sur l'avenir de la Corse "à vocation historique" s'est ouvert cet été mais était grippé jusqu'alors autour des refus répétés d'octroi de semi-liberté à Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, libérables depuis 2017.

L'annonce de la venue de M. Darmanin pour ces commémorations est intervenue fin janvier, quelques heures après l'octroi par la justice d'une semi-liberté à Pierre Alessandri.

Alain Ferrandi attend, lui, la décision de la justice le 23 février sur une demande similaire.

Le ministre de l'Intérieur a proposé lundi à Gilles Simeoni et Marie-Antoinette Maupertuis, présidents autonomistes du conseil exécutif et de l'Assemblée de Corse, de reprendre les discussions sur l'avenir de la Corse le 24 février à Paris. Avant cela, M. Darmanin doit se rendre dans l'île "deux jours mi-février", a indiqué son entourage.

«Inflexion forte»

Le discours du ministre de l'Intérieur est "important parce qu'il marque incontestablement une inflexion forte" dans la position "non seulement du gouvernement mais de l'Etat tout entier", a réagi Gilles Simeoni lundi soir sur France 3 Corse Viastella.

C'est un discours "que nous demandions et que nous attendions", a-t-il ajouté, estimant qu'il convenait désormais de "dépasser" une "logique de conflits", comme sous-entendu par les nombreuses références à la paix contenues dans le discours de Gérald Darmanin.

Gilles Simeoni, qui a été l'avocat d'Yvan Colonna, a par ailleurs invité le ministre de l'Intérieur à venir s'exprimer devant l'Assemblée de Corse lors de sa prochaine visite.

Avant lui, Jean-Christophe Angelini, à la tête du parti autonomiste de la nation corse (PNC, opposition), avait salué "une tonalité globale qui nous paraît incontestablement nouvelle et même inédite", espérant que "ce qui a été prononcé sera désormais suivi d'actes".

Sur les lieux du crime, devenus la place Erignac, où se dressent désormais un olivier et l'inscription "1 homme, 1 place", M. Darmanin a rendu hommage à un homme "lumineux, droit et intègre".

Au même moment à Paris, le président Emmanuel Macron recevait la famille Erignac. Pour le 20e anniversaire de l'assassinat du préfet, le chef de l'Etat avait fait son premier déplacement sur l’île depuis son élection, accompagné de Mme Erignac et de ses deux enfants dont c'était le premier retour en Corse depuis les faits.


La famille de Cécile Kohler en appelle à Macron, au 1.000e jour de sa détention en Iran

S'adressant aux présidents français et iranien, Mme Kohler a déclaré: "Messieurs Macron et Pezeshkian, veuillez je vous en prie trouver un accord et libérez nos enfants Cécile, Jacques et Olivier", trois Français actuellement détenus par Téhéran. (AFP)
S'adressant aux présidents français et iranien, Mme Kohler a déclaré: "Messieurs Macron et Pezeshkian, veuillez je vous en prie trouver un accord et libérez nos enfants Cécile, Jacques et Olivier", trois Français actuellement détenus par Téhéran. (AFP)
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  • Cécile Kohler, 40 ans, a été arrêtée le 7 mai 2022, au dernier jour d'un voyage touristique en Iran, où les autorités l'accusent d'espionnage
  • Jacques Paris, le compagnon de Cécile Kohler, a été arrêté en même temps qu'elle, tandis qu'Olivier Grondeau, détenu depuis plus de deux ans, est sorti de l'anonymat début janvier

SOULTZ-HAUT-RHIN: La famille de Cécile Kohler, enseignante détenue en Iran depuis 1.000 jours, a demandé vendredi à Emmanuel Macron d'intervenir pour obtenir sa libération, lors d'un rassemblement dans sa ville de Soultz, dans le sud de l'Alsace.

"Voilà 1.000 jours que tu as été prise en otage. Pourquoi ?", a lancé la mère de Cécile Kohler, Mireille Kohler, en s'adressant à quelque 300 personnes rassemblées devant l'hôtel de ville de Soultz, commune de 7.000 habitants proche de Mulhouse.

Cécile Kohler, 40 ans, a été arrêtée le 7 mai 2022, au dernier jour d'un voyage touristique en Iran, où les autorités l'accusent d'espionnage.

S'adressant aux présidents français et iranien, Mme Kohler a déclaré: "Messieurs Macron et Pezeshkian, veuillez je vous en prie trouver un accord et libérez nos enfants Cécile, Jacques et Olivier", trois Français actuellement détenus par Téhéran.

Jacques Paris, le compagnon de Cécile Kohler, a été arrêté en même temps qu'elle, tandis qu'Olivier Grondeau, détenu depuis plus de deux ans, est sorti de l'anonymat début janvier.

"On aimerait bien être reçus par Emmanuel Macron. On se demande pourquoi il ne nous a pas encore reçus, parce que nous avons été reçus par plusieurs ministres déjà, sans problème, et lui, ça se fait un peu attendre", a déclaré Mme Kohler à l'AFP. "Je pense que c'est lui qui a un peu la clé, qui détient la clé."

Emmanuel Macron sera justement non loin de Soultz dimanche puisqu'il sera à Colmar pour les commémorations du 80e anniversaire de la libération de la préfecture haut-rhinoise, le 2 février 1945. Mais aucune rencontre avec la famille de Cécile Kohler n'a pour l'heure été annoncée.

Mireille Kohler a confié avoir pu parler à sa fille dimanche pendant 13 minutes.

"On sait qu'elle va mal, elle essaye de ne pas le montrer, mais on sait qu'elle va très mal", a-t-elle déclaré, précisant que Cécile Kohler "est plus ou moins au courant" de la mobilisation en sa faveur.

"Mais c'est extrêmement dur comme épreuve (...) Comme nous a dit un jour Cécile: +Je sais que c'est dur pour vous, mais vous, vous n'êtes pas enfermés+".


A Marseille, Notre-Dame de la Garde, symbole de la ville, se refait une beauté

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  • "C'est la chance d'une vie" d'avoir pu étudier "depuis la fin des années 1990 jusqu'à aujourd'hui" cette basilique, raconte l'architecte en charge des travaux de redorure et de restauration, Xavier David
  • Après l'installation pendant plusieurs semaines d'un échafaudage enveloppé d'une bâche thermosoudée, les travaux porteront à la fin de l'été sur la surface de la statue, dont la dorure a été abîmée par le mistral, l'air marin et la pollution industrielle

MARSEILLE: Cent mètres carrés de feuilles d'or à appliquer derrière un échafaudage surplombant la baie de Marseille, dans le sud de la France: un chantier monumental s'apprête à démarrer à Notre-Dame de la Garde pour redonner son éclat à la "Bonne Mère", statue de la vierge à l'enfant emblématique de la ville.

"C'est la chance d'une vie" d'avoir pu étudier "depuis la fin des années 1990 jusqu'à aujourd'hui" cette basilique, raconte l'architecte en charge des travaux de redorure et de restauration, Xavier David.

"On est enfin arrivé au plus haut, au plus précieux, au plus important", ajoute-t-il à propos de la redorure de la statue haute de 11,2 mètres et dont la couronne, à 225 mètres au-dessus de la Méditerranée, est le point culminant de la deuxième ville de France.

Pour évaluer avec précision les travaux, prévus de février à décembre, Xavier David a notamment descendu en rappel les quatre versants de la vierge dorée.

"Il faut voir aussi avec la main, on ne peut pas seulement voir avec l'oeil", explique celui qui arpente depuis plusieurs décennies l'étroit escalier en colimaçon situé dans les entrailles de la "Bonne-Mère", au sommet duquel on peut observer, par une trappe au milieu de la couronne de la statue, toute la ville de Marseille, sa baie et ses collines.

Après l'installation pendant plusieurs semaines d'un échafaudage enveloppé d'une bâche thermosoudée, les travaux porteront à la fin de l'été sur la surface de la statue, dont la dorure a été abîmée par le mistral, l'air marin et la pollution industrielle.

"La redorure de la statue a lieu à peu près tous les 30 ans", explique à l'AFP le père Olivier Spinosa, recteur du sanctuaire.

"Peu de personnel" 

Et de rappeler que la "Bonne Mère" est "véritablement une statue qui rassemble parce que, quand on arrive à Marseille, on la voit de loin, parce que, un jour ou l'autre, beaucoup de Marseillais se sont tournés vers elle, pour retrouver un peu de souffle, un peu d'espérance, de la joie".

"La vierge, c'est la mère, c'est l'enfant, c'est très méditerranéen, c'est l'amour, donc voilà, je crois que rien que pour ça, il faut la redorer", s'enthousiasme Nicole Leonetti, une retraitée marseillaise en visite à la basilique.

En amont de ce chantier de près de 2,5 millions d'euros, le diocèse de Marseille, propriétaire de l'édifice, a lancé une campagne de dons, proposant aux particuliers de financer une des 30.000 feuilles d'or nécessaires.

Le diocèse a également reçu le soutien de mécènes, comme l'armateur CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé, basé à Marseille, ou encore le club de foot Olympique de Marseille et le groupe de spiritueux Pernod Ricard.

Lors du lancement de la campagne en mai, le cardinal de la ville, Jean-Marc Aveline, avait insisté sur "l'importance symbolique de Notre-Dame de la Garde", assurant que la "Bonne Mère" évoquait aux Marseillais des valeurs d'accueil et de dignité.

Marseille est "une ville où la population, pour la plupart, est arrivée d'ailleurs (...) à cause de divers problèmes de guerre, de famine, de misère, de corruption", avait détaillé le cardinal.

Le chantier ne concernera pas seulement la surface de la statue, mais aussi sa structure métallique ou encore les anges du clocher.

"Il y aura peu de personnel, seulement des compagnons très pointus, très compétents qui vont travailler sur la pierre, d'autres sur le fer, avant l'arrivée des doreurs" au mois d'août, explique Xavier David.

Une douzaine de doreurs travailleront "dans une sorte d'atmosphère stérile" à l'intérieur de l'échafaudage recouvert de la bâche.

La statue a été réalisée au XIXe siècle en "galvanoplastie", qui consiste à plonger un moule en plâtre dans un bain de cuivre.

Elle est la plus grande au monde réalisée avec cette technique, "qui donne en sculpture le travail le plus fin et le plus pérenne, puisque 140 ans plus tard, cette statue est encore parfaitement intacte", explique l'architecte. "A la condition qu'on lui apporte un soin particulier tous les 25-30 ans."


Paris appelle les forces rwandaises à «quitter instamment la RDC»

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  • "La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa
  • Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame

PARIS: Paris appelle les forces rwandaises à "quitter instamment" la République démocratique du Congo et le groupe armé M23 qu'elles soutiennent à "se retirer immédiatement des territoires dont il a pris le contrôle", a affirmé jeudi le ministère des Affaires étrangères.

"La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa.

Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame.

Comme l'avait fait Emmanuel Macron lors d'un échange téléphonique avec son homologue rwandais il y a quelque jours, le chef de la diplomatie française, "redira cette position: le retrait des troupes rwandaises" du territoire de la RDC, selon Christophe Lemoine.

La démarche diplomatique française s'inscrit "en soutien aux processus" de Luanda et de Nairobi", des médiations conduites par l'Angola et le Kenya, respectivement au nom de l'Union africaine et de la Communauté des États d'Afrique de l'Est, a-t-il précisé.

Le groupe armé antigouvernemental M23 a pris le contrôle de Goma, grande ville de plus d'un million d'habitants, à l'issue d'une offensive éclair de quelques semaines au côté de troupes rwandaises. Il a indiqué jeudi qu'il continuerait sa "marche de libération jusqu'à Kinshasa".