Pas de retraite possible pour Olivier Dussopt

Le ministre français du Travail Olivier Dussopt à Paris (Photo, AFP).
Le ministre français du Travail Olivier Dussopt à Paris (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 05 février 2023

Pas de retraite possible pour Olivier Dussopt

  • Olivier Dussopt aura fort à faire pour tenir son rang de rouage clé du gouvernement, recruté à gauche par Emmanuel Macron au grand dam de son ancien camp
  • Pour ses anciens camarades, l'affaire est entendue: passé de la gauche à la droite du PS puis à la macronie Olivier Dussopt personnifie la trahison

PARIS: Ministre discret en pleine lumière, et avocat de la réforme des retraites embarrassé au plan judiciaire, Olivier Dussopt aura fort à faire pour tenir son rang de rouage clé du gouvernement, recruté à gauche par Emmanuel Macron au grand dam de son ancien camp.

Le timing n'a rien d'idéal, trois jours avant la grande explication à l'Assemblée nationale. Mais le ministre du Travail n'a pas vraiment été surpris par l'article de Mediapart vendredi: son avocat avait reçu le 23 janvier la synthèse du Parquet national financier, qui l'accuse de "favoritisme" dans un marché public passé en 2009 avec la Saur, un groupe de traitement de l'eau, quand Olivier Dussopt était maire d'Annonay (Ardèche).

"La seule chose qui m'intéresse aujourd'hui, c'est, comme ministre, d'aller au bout de cette réforme. Et comme citoyen, comme personne privée, de continuer à avancer, à rappeler d'abord (...) qu'il n'y a pas d'accusation de corruption" et "continuer à me défendre et à expliquer que ma position était de bonne foi", a réagi l'intéressé samedi.

Omniprésent dans l'agenda du gouvernement -retraites, assurance-chômage, dossier immigration avec Gérald Darmanin-, Olivier Dussopt conserve "toute la confiance" d’Élisabeth Borne.

"Elle n'a pas vraiment le choix", juge l'opposant PS Jérôme Guedj, alors que la réforme des retraites arrive dans l'hémicycle après des mois de concertation et deux premières journées de fortes manifestations.

Il y avait d'ailleurs du monde à Annonay, ville natale du ministre (44 ans) dont il fut le maire de 2008 à 2017, pour contester cette réforme: 3.500 manifestants lors de la première journée, 7.000 le 31 janvier. Comme un symbole d'une mobilisation particulièrement ancrée dans les villes moyennes.

Ses ex-administrés eurent beau jeu de lui rappeler son opposition au report de l'âge légal en 2010, lorsqu'il ferraillait contre le gouvernement Fillon depuis les bancs socialistes.

Pour ses anciens camarades, l'affaire est entendue: passé de la gauche à la droite du PS puis à la macronie, de Martine Aubry et Benoît Hamon à Manuel Valls puis Emmanuel Macron, Olivier Dussopt personnifie la "trahison".

-"Je suis immunisé"-
Ce fils d'ouvrier n'avait-il pas, en 2014, frôlé l'altercation avec le tout nouveau ministre Macron, qui venait d'évoquer des salariées "illettrées" d'un abattoir de Bretagne ? Réélu député socialiste en 2017, n'a-t-il pas voté contre le premier budget du nouveau président, quelques jours avant de rejoindre son gouvernement ?

"J'ai honte pour vous, de ce que vous défendez aujourd'hui", l'a durement attaqué le patron du PS Olivier Faure à l'Assemblée.

"Les procès en trahison, je suis immunisé. Surtout quand ils viennent de ceux qui ont vendu la social-démocratie à l'extrême gauche", a répliqué ce ministre d'ordinaire si retenu dans son expression, sortant de ses gonds pour l'occasion.

Diplômé de Sciences-Po Grenoble, benjamin de l'Assemblée en 2007, Olivier Dussopt n'a pourtant "jamais été de la deuxième gauche", tendance Rocard contre Mitterrand, rappelle l'ancien député PS ardéchois Pascal Terrasse. Qui n'en couvre pas moins d'éloges ce ministre "qui bosse comme un malade, un véritable moine politique".

"On dit souvent qu'on ne choisit pas sa famille mais il y a une famille que l'on choisit, c'est la famille politique", expliquait M. Dussopt fin août chez Renaissance, le parti du président à qui il a arrimé sa petite formation, Territoires de Progrès.

C'est peu dire que sa nouvelle famille l'a adopté: Édouard Philippe loue la "maîtrise parfaite des dossiers les plus techniques" et le "sens exceptionnel de la négociation" du secrétaire d'Etat, puis ministre des Comptes Publics qui hérite du Travail en 2022. Et pour vendre cet abîme de complexité qu'est la réforme des retraites, un de ses collègues du gouvernement a trouvé la martingale: "laisser faire Dussopt".

"C'est dur, il prend tout, observe un autre ministre. L'opposition à la réforme, le débat parlementaire, plusieurs mois de boulot, de concertations. Et quand la réforme devient un objet politique, c'est la Première ministre qui prend. Il fait le job, mais il a la partie ingrate".

"Après, c'est vrai qu'il ne perce pas. Il fait peu de fautes... Mais il y a peu de points marqués", poursuit ce collègue. Dans l'hémicycle, Olivier Dussopt recevra le soutien de Gabriel Attal.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".