WASHINGTON: L'Ukraine espère recevoir au plus tôt les chars lourds promis par l'Allemagne et les Etats-Unis, la rapidité de leur livraison étant cruciale face à l'offensive russe, selon Kiev.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué la décision des Occidentaux et mis la barre encore plus haut en leur réclamant des missiles de longue portée et des avions de combat.
Dans l'immédiat, "la clé est maintenant la vitesse et le volume" des livraisons des chars, a-t-il souligné. La livraison de ces blindés est "une étape importante pour la victoire finale", a ajouté Volodymyr Zelensky mercredi soir dans son allocution quotidienne.
"Aujourd'hui, le monde libre est uni comme jamais auparavant avec un objectif commun: la libération de l'Ukraine", a-t-il insisté.
Après des semaines d'hésitations, les Etats-Unis et l'Allemagne ont annoncé mercredi la livraison de chars lourds à l'Ukraine, traduisant un soutien occidental encore accru à Kiev dans la perspective d'une possible contre-offensive à l'invasion russe.
Washington a annoncé l'envoi de 31 Abrams tandis que le chancelier allemand Olaf Scholz a promis des Leopard 2, des blindés que réclamait Kiev depuis longtemps pour faire face au rouleau compresseur russe.
"Il ne s'agit pas d'une menace offensive contre la Russie", a tenu à assurer le président américain Joe Biden.
Berlin doit fournir à Kiev 14 Leopard 2 de type 2A6 issus des stocks de son armée, la Bundeswehr, et a décidé d'autoriser ses alliés occidentaux disposant de ces blindés de fabrication allemande à faire de même.
"Nous faisons ce qui est nécessaire et possible pour soutenir l'Ukraine, mais nous empêchons en même temps une escalade de la guerre, vers une guerre entre la Russie et l'Otan", a souligné M. Scholz devant le Bundestag, la chambre basse du parlement allemand.
Colère russe
"C'est une décision extrêmement dangereuse qui va amener le conflit vers un nouveau niveau de confrontation", a réagi l'ambassadeur de Russie à Berlin, Sergueï Netchaev.
"Cela nous persuade une fois encore que l'Allemagne, à l'instar de ses alliés les plus proches, ne veut pas d'une solution diplomatique à la crise ukrainienne et qu'elle veut une escalade permanente", a-t-il dit.
Selon des experts, la crainte d'une escalade militaire avec Moscou était pour beaucoup dans les hésitations du camp occidental à fournir des chars lourds à Kiev.
Le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a estimé que les premiers chars en provenance d'Allemagne pourraient être en Ukraine dans les trois mois.
La Norvège a aussi promis à l'Ukraine des Léopard 2. Selon plusieurs médias, la coalition de pays prêts à fournir de tels blindés comprend aussi le Danemark et les Pays-Bas, en plus de la Pologne et de la Finlande. L'Espagne a confirmé être "disposée" à livrer aussi des chars.
Les Leopard vont "renforcer la capacité défensive" de l'Ukraine, a estimé le Royaume-Uni qui s'est engagé à livrer 14 chars lourds Challenger 2.
Pour le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, "à un moment critique de la guerre livrée par la Russie", les chars lourds envoyés à Kiev "peuvent aider l'Ukraine à se défendre, à vaincre et à l'emporter en tant que nation indépendante".
Bombes à sous-munitions
Un responsable européen, qui n'a voulu être identifié ni par son nom ni par son pays d'origine, a par ailleurs affirmé que son gouvernement cherchait à envoyer à l'Ukraine des bombes à sous-munitions.
Ce type de bombes est interdit par une convention signée en 2008 par la majeure partie des pays occidentaux, mais pas par la Russie qui a été accusée de les utiliser en Ukraine.
"Les Ukrainiens les demandent. Il s'agit d'armes légitimes. Les dommages collatéraux ne sont plus aussi importants. Ils étaient extrêmement importants dans les années 40 et 50; aujourd'hui ils sont plutôt maîtrisables", a déclaré le responsable européen lors d'une visite à Washington.
"Les Russes ont utilisé toute sorte d'armes qui sont 100 fois pires que les bombes à sous-munitions", a-t-il jugé, assurant que l'Ukraine "doit gagner la guerre". Il a indiqué que son gouvernement avait approuvé la livraison et cherchait à obtenir l'accord de l'Allemagne, impliquée dans la production.
L'armée ukrainienne a par ailleurs admis mercredi avoir cédé Soledar, une cité voisine de Bakhmout, deux semaines après l'annonce de sa prise par Moscou.
Dans un autre registre, l'Ukraine a parlé de "victoire diplomatique" après que le centre historique d'Odessa, ville portuaire ukrainienne des bords de la Mer Noire, a été inscrit mercredi sur la liste du patrimoine mondial en péril de l'Unesco en raison des "menaces de destruction" planant sur ce site depuis le début de l'invasion russe.
C'est une décision "politique" prise "à la va-vite", a critiqué de son côté le ministère russe des Affaires étrangères.
En liaison avec le conflit en Ukraine, décision a par ailleurs été prise de ne pas inviter de représentants de la Russie aux célébrations du 78e anniversaire de la libération, par l'Armée Rouge, du camp de la mort nazi d'Auschwitz-Birkenau, a annoncé le musée du site.