CASABLANCA: Maigre consolation pour les hôteliers marocains. Après les fêtes de fin d’année et leur habituel effet dynamisant sur l’activité touristique, particulièrement à Marrakech, 2023 démarre sur une mauvaise note.
Les autorités marocaines ont décidé de fermer les frontières aux voyageurs en provenance de Chine. Cette décision est entrée en vigueur le 3 janvier 2023; elle est justifiée par l’explosion des cas de contaminations à la Covid-19 en Chine. La fin de la politique «zéro Covid» décidée par les autorités chinoises a provoqué une augmentation très importante des cas de contamination, poussant plusieurs pays à prendre des mesures restrictives à l’égard des Chinois.
Mesure exceptionnelle
«À la lumière de l’évolution de la situation et des contacts réguliers avec la Chine et afin d’éviter une nouvelle vague de contamination au Maroc, les autorités ont décidé d’interdire l’accès au territoire du Royaume à tous les voyageurs, quelle que soit leur nationalité, en provenance de Chine. Cette mesure exceptionnelle n’entache en rien l’amitié sincère entre les deux peuples et le partenariat stratégique entre les deux pays, auquel le Royaume demeure fortement attaché», indique le communiqué du ministère des Affaires étrangères marocain.
Si cette décision «n’entache en rien» les relations stratégiques entre les deux pays, elle aura sans nul doute un impact sur l’activité de plusieurs opérateurs touristiques marocains. «J’ai dû annuler plusieurs réservations de touristes chinois qui devaient arriver fin janvier; l’une d’elles concernait un groupe de trente voyageurs. Il s’agit d’un énorme manque à gagner, surtout en cette période où nous ne disposons pas de visibilité», témoigne à Arab News en français un opérateur touristique de la ville ocre.
Nous réalisons de bons revenus avec cette clientèle et nous regrettons cette décision qui aura des conséquences sur ce début d’année.
Mohamed Bamansour
Comme lui, nombreux sont ceux qui ont dû s’adapter à cette décision restrictive qui va nécessairement affecter les recettes touristiques du Royaume, les touristes chinois étant l’un des plus dépensiers. Au Maroc, ils sont considérés comme de très bons clients pour les hôteliers, les restaurateurs et les commerçants.
Alors qu’elles s’élevaient tout juste à dix mille en 2015, les arrivées de touristes chinois frôlent aujourd’hui les cent cinquante mille. Un chiffre que le Maroc compte multiplier par cinq à moyen terme. «Les transporteurs touristiques ont mal accueilli cette restriction à l’encontre des touristes chinois. Nous réalisons de bons revenus avec cette clientèle et nous regrettons cette décision qui aura des conséquences sur ce début d’année», confie, non sans amertume, Mohamed Bamansour, secrétaire général de la Fédération nationale des transporteurs touristiques.
Option radicale
Si le Maroc a choisi cette option radicale, c’est également en raison du manque de transparence des autorités chinoises, qui ne communiquent pas assez sur l’évolution de la pandémie. Cette situation aurait changé depuis que plusieurs pays ont adopté des mesures restrictives semblables.
En témoigne cet entretien du 14 janvier dernier entre le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le ministre Ma Xiaowei, directeur de la Commission nationale de la santé en Chine. «L’OMS se félicite de cette réunion et de la communication publique d’informations sur la situation d’ensemble. Elle est en train d’analyser ces informations qui couvrent la période allant de début décembre 2022 au 12 janvier 2023 et qui permettent de mieux comprendre la situation épidémiologique et les répercussions de cette vague en Chine», fait savoir l’organisation onusienne dans un communiqué.