Halte au « floutage de gueule »: mobilisations contre la loi « sécurité globale »

Des manifestants se rassemblent à la place du Trocadéro, pour protester contre le projet de loi «sécurité globale» visant à limiter le tournage des policiers en service, à Paris, le 21 novembre 2020.(AFP)
Des manifestants se rassemblent à la place du Trocadéro, pour protester contre le projet de loi «sécurité globale» visant à limiter le tournage des policiers en service, à Paris, le 21 novembre 2020.(AFP)
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Publié le Dimanche 22 novembre 2020

Halte au « floutage de gueule »: mobilisations contre la loi « sécurité globale »

  • La vingtaine de manifestations organisées en France ont réuni quelque 22.000 personnes, dont 7.000 à Paris, 2.000 à Marseille et 1.300 à Montpellier
  • « On nous dit qu'il faut limiter nos libertés pour le bien de tous mais là ça va trop loin »

PARIS : Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées samedi en France à l'appel notamment des organisations de journalistes contre la proposition de loi « sécurité globale », adoptée la veille par l'Assemblée nationale et jugée attentatoire à « la liberté d'expression » et à « l'Etat de droit ».

La vingtaine de manifestations organisées en France ont réuni quelque 22.000 personnes, dont 7.000 à Paris, 2.000 à Marseille et 1.300 à Montpellier, a appris l'AFP auprès de la préfecture de police de Paris (PP) et de source policière.

Dans la capitale, les milliers de manifestants se sont réunis dans le calme place du Trocadéro dans l'après-midi pour dire leurs craintes face à cette proposition de loi qui encadre notamment la diffusion d'images des forces de l'ordre. 

« On nous dit qu'il faut limiter nos libertés pour le bien de tous mais là ça va trop loin », a déclaré Manuel Furtado, manifestant « outré ». « On bascule dans quelque chose qui n'est pas totalement la démocratie », s'inquiète Martine Wattoux, gilet jaune sur le dos.

Sur la place noire de monde, pas mal de +gilets jaunes+ entre les drapeaux du PCF, d'EELV, de FO, du NPA, une banderole d' « Extinction rébellion » ou une autre de Mediapart: « La démocratie meurt dans l'obscurité ».

Parmi les slogans repris en boucle: « Tout le monde veut filmer la police », « a rue elle est à nous ». La foule scande à plusieurs reprises à l'unisson « liberté, liberté, liberté... » 

Aux alentours de 17H, après l'ordre de dispersion diffusé par les forces de l'ordre, la tension est peu à peu montée sur la place parisienne. Des poubelles ont été incendiées et une petite dizaine de manifestants ont jeté des projectiles sur les forces de l'ordre qui ont répliqué en faisant usage de canons à eau et en chargeant, a constaté un journaliste de l'AFP.

Vers 19H30, la place avait été quasiment entièrement évacuée par les forces de l’ordre. 23 personnes ont été interpellées, selon la PP.

« Même pas drone »

Vendredi soir, l'Assemblée nationale avait adopté, après l'avoir amendée, la mesure la plus controversée de la proposition de loi « sécurité globale »: l'article 24 pénalisant la diffusion malveillante d'images des forces de l'ordre, tout en l'assortissant de garanties sur le « droit d'informer ».

Cet article, mais aussi la possible utilisation de drones lors des manifestations et la crainte de la reconnaissance faciale par les caméras de surveillance, ont suscité une intense émotion dans les médias, qui y voient un risque d'entrave à la liberté d'informer.

A Lille, quelque 800 personnes ont protesté plus tôt derrière des pancartes « Même pas drone », « Orwell was right », « floutage de gueule ». Un autre millier à Rennes. Parmi les slogans : « baissez vos armes, nous baisserons nos téléphones ».

« C'est une loi faite par la police » qui « menace la liberté d'informer, de s'exprimer, de manifester », a estimé Maud, étudiante de 27 ans dans le rassemblement lillois.

Une conférence de presse a été organisée dans la matinée au siège de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) à Paris, en présence notamment de représentants des syndicats de journalistes.

« Nous sommes inquiets de la lente déliquescence de l'Etat de droit, qui semble mener à un Etat de police », a déclaré Arié Alimi, avocat et membre du bureau national de la LDH.

Dans le Figaro, Sylvain Maillard, député LREM de Paris, a tenté de désamorcer la colère: le texte « n'est pas bien compris. Evidemment qu'on pourra continuer à filmer n'importe qui et bien sûr les forces de l'ordre. »

Jean-François Cullafroz, de la CFDT, s'est félicité de la mobilisation des directeurs des rédactions des principaux médias, appelant les « patrons de presse à prendre position » lors d'une rencontre prévue mardi au ministère de l'Intérieur. 

Les syndicats de journalistes jugent qu'il n'y a pas besoin d'une nouvelle loi « pour faire peur », alors que le code pénal et la loi sur la liberté de la presse de 1881 punissent déjà l'incitation à la haine. 

L'article litigieux pénalise d'un an de prison et 45.000 euros d'amende la diffusion de « l'image du visage ou tout autre élément d'identification » des forces de l'ordre en intervention quand elle porte manifestement « atteinte » à leur « intégrité physique ou psychique ». Un amendement gouvernemental a spécifié que cette mesure ne peut porter « préjudice au droit d'informer ».

 


Nucléaire iranien : Paris dit être «en contact étroit» avec Washington

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  • "Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique
  • Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir

PARIS: La France est "en contact étroit" avec les Etats-Unis sur le dossier du nucléaire iranien et soutient les efforts diplomatiques américains, a déclaré jeudi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, après une conversation entre les chefs de la diplomatie des deux pays.

"Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique visant à parvenir à un accord solide et durable", a dit Christophe Lemoine.

Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir.

Aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, partisan d'une ligne très dure, le président américain Donald Trump avait créé la surprise en annonçant lundi que les Etats-Unis étaient engagés dans des discussions "directes" avec l'Iran, alors que ces deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 45 ans.

Mercredi, il avait ensuite souligné qu'une action militaire n'était pas exclue. "S'il faut recourir à la force, nous recourrons à la force", avait-il lancé. "Israël y sera bien évidemment très impliqué, il en sera le chef de file".

Cette menace survient à quelques jours de discussions qui doivent avoir lieu samedi dans le sultanat d'Oman et auxquelles participeront l'émissaire américain pour le Moyen-Orient Steve Witkoff ainsi que le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.

Interrogé sur le niveau de coordination entre les Américains et les Européens qui ont, quant à eux, des discussions en format E3 (Allemagne, France, Royaume Uni) avec l'Iran, le porte-parole du Quai d'Orsay est resté évasif.

"Nous sommes en lien étroit avec nos partenaires américains. Nous continuerons à discuter avec eux", a-t-il affirmé, se refusant à dire si les Européens avaient été informés en amont des négociations menées par Washington.

Christophe Lemoine a par ailleurs répété que l'objectif était que l'Iran ne se dote pas de l'arme nucléaire, réaffirmant que "la seule voie est diplomatique".

"Toute initiative visant à amener l'Iran à l'abandon de son programme nucléaire est bienvenue", a-t-il dit, même si la fenêtre est "étroite" pour y parvenir.

Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. L'Iran rejette ces allégations et affirme que ses activités dans le nucléaire se limitent à des fins civiles.


France: le blocage de Sciences Po Strasbourg levé par la police

Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.  Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP. Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
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  • C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université
  • Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage"

STRASBOURG: Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.

Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt.

C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université.

Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage".

La décision de maintenir le partenariat entre Sciences Po Strasbourg et la Lauder School of Government de l'Université Reichman en Israël - que les étudiants accusent de soutenir la politique du gouvernement israélien à Gaza - "est prise" et "il me semble, a été la plus démocratique possible", avait-elle observé.

Mardi soir, le conseil d'administration de l'établissement d'enseignement supérieur a approuvé le maintien du partenariat par 16 voix pour, 14 contre et trois abstentions. Il a ainsi décidé de ne pas suivre les conclusions d'un "comité d'examen du partenariat" composé de 10 membres (cinq étudiants et cinq enseignants) mis en place en mars pour tenter de dégager une solution consensuelle et ainsi mettre fin aux blocages qui s'étaient tenus depuis janvier.

Ce comité a préconisé de mettre un terme aux échanges entre l'IEP Strasbourg et la Lauder School of Government, et de rechercher un "partenariat alternatif" avec une autre université israélienne.


Wauquiez et Saint-Pierre-et-Miquelon: «pas de polémique» sur une proposition «déroutante», dit Retailleau

 Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
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  • Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence
  • "Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues"

PARIS: Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon.

"Je ne veux pas en rajouter. Je me suis engagé, quand j'ai déclaré ma candidature, à ne pas polémiquer avec un compétiteur de ma famille politique", a souligné le ministre de l'Intérieur, lors d'une conférence de presse, place Beauvau, sur le bilan de ses six mois en poste.

"Donc je ne polémique pas, pas plus maintenant que demain sur cette cette question, cette proposition qui est à première vue déroutante", a-t-il ajouté. "Mais chacun a le droit en démocratie de s'exprimer et de proposer", a-t-il conclu.

Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence des Républicains.

"Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues", a-t-il écrit sur le réseau social, proposant au ministre de l'Intérieur de "travailler ensemble" pour trouver des solutions.

Interrogé lors de sa conférence de presse sur l'hypothèse d'un départ de Beauvau s'il était désigné en mai président des LR, Bruno Retailleau l'a écartée: "Non, j'assume d'être candidat et ministre. Je pourrai assumer demain d'être président d'un parti et d'être ministre de l'Intérieur", a-t-il répondu. "Ce n'est pas ça qui constitue pour moi une butée. Ce qui constituerait une butée, c'est l'impossibilité d'agir ou d'autres éléments, mais nous n'en sommes pas là", a-t-il ajouté.