Les députés allemands reconnaissent le «génocide» des Yazidis par le groupe EI

Les députés allemands adoptent une motion reconnaissant le «génocide» commis en 2014 contre la minorité kurdophone des Yazidis en Irak (Photo, AFP).
Les députés allemands adoptent une motion reconnaissant le «génocide» commis en 2014 contre la minorité kurdophone des Yazidis en Irak (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 19 janvier 2023

Les députés allemands reconnaissent le «génocide» des Yazidis par le groupe EI

  • L'ensemble des députés présents ont voté en faveur de ce texte, présenté par la coalition au pouvoir et l'opposition conservatrice CDU
  • La Belgique et l'Australie ont déjà effectué une telle reconnaissance, selon une source parlementaire allemande

BERLIN: Les députés allemands ont reconnu jeudi le "génocide" commis en 2014 contre les Yazidis en Irak par le groupe jihadiste Etat islamique et promis une série de mesures d'aide à cette minorité kurdophone.

L'ensemble des députés présents ont voté en faveur de ce texte, présenté par la coalition au pouvoir et l'opposition conservatrice CDU.

"L'EI avait notamment pour objectif l'éradication totale de la communauté yazidie", souligne la motion. "Plus de 5.000 Yazidis ont été torturés et brutalement assassinés par l'EI islamiste, en particulier en 2014".

Les hommes yazidis ont été ainsi, rappellent les groupes parlementaires, "contraints de se convertir et, en cas de refus, ils ont été immédiatement exécutés ou déportés et réduits en esclavage comme travailleurs forcés".

«Dette»
Les filles et les femmes ont été "réduites en esclavage, violées et vendues", dénoncent-ils en outre, estimant que "la violence sexualisée (...) vise à déshumaniser les sociétés, à les humilier et à les faire éclater".

En conséquence, "le Bundestag reconnaît les crimes commis contre la communauté des Yazidis comme un génocide".

La Yazidie Nadia Murad, prix Nobel de la Paix 2018, a dans la foulée salué le fait que l'Allemagne "montre l'exemple" et appelé "tous les gouvernements qui ne l'ont pas encore fait à reconnaître officiellement le génocide".

"Malheureusement, la plupart des pays du monde ne s'engagent toujours pas à reconnaître ce génocide, et encore moins à juger et condamner les criminels d'EI qui l'ont commis", a-t-elle déploré.

"Pourquoi n'avons-nous pas agi?" pour empêcher ces exactions, s'est émue au Bundestag la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, soulignant, devant de nombreux membres d'ONG yazidies présents dans la tribune, "qu'aucune décision parlementaire au monde ne peut réparer les souffrances".

"Nous avons une dette envers les Yazidis parce que nous n'avons pas agi. Notre silence a coûté des vies", a renchéri le député vert Max Lucks.

La Belgique et l'Australie ont déjà effectué une telle reconnaissance, selon une source parlementaire allemande. Même chose pour les Pays-Bas, selon une association défendant les droits des Yazidis.

"Mais l'importance de la reconnaissance allemande réside dans le fait qu'elle comprend des mesures visant à éliminer les conséquences du génocide", a souligné le militant Mirza Dinnayi, ardent défenseur de la cause yazidie.

«Tournant historique»
"Cette reconnaissance est un tournant historique", s'est réjoui Nayef Khalaf Sido, chef du bloc yazidi au Parlement monocaméral irakien, convaincu qu'elle aura des "effets positifs", en particulier sur la "reconstruction des zones yazidies et le retour des déplacés".

Le texte du Bundestag formule en effet une série de demandes au gouvernement allemand, des poursuites judiciaires contre les suspects en Allemagne au soutien financier à la collecte de preuves en Irak en passant par un appui à la reconstruction des implantations yazidies détruites.

L'Allemagne, où vit une des plus importantes communautés yazidies, est l'un des rares pays à s'être saisi judiciairement des exactions commises par le groupe EI contre cette minorité.

"Il ne doit pas y avoir un seul endroit de la planète où ces criminels soient en sécurité", a réclamé à la tribune le député conservateur Michael Brand.

"Nous espérons que d’autres pays lui emboîteront le pas et que les victimes obtiendront ainsi justice", a réagi Nechirvan Barzani, président de la région autonome du Kurdistan d’Irak où vivent des milliers de yazidis, notamment dans des camps de déplacés.

En novembre, la justice allemande avait condamné un jihadiste irakien pour "génocide" de la minorité yazidie, une première judiciaire.

Une Allemande, membre présumée du groupe EI, est actuellement jugée à Coblence, dans l'ouest du pays, pour des persécutions contre une Yazidie réduite en esclavage en Irak et Syrie entre 2016 et 2019.

Une équipe d'enquête spéciale de l'ONU avait annoncé en mai 2021 avoir recueilli la "preuve claire et convaincante" qu'un génocide avait été commis par les jihadistes contre les Yazidis.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.