LONDRES: L'Iran a condamné à mort pour apostasie un homme mentalement malade, pour avoir prétendument «brûlé» un Coran lors d'une manifestation antirégime. Les groupes de défense des droits ont averti que l'homme, âgé de 35 ans, avait été cruellement torturé en détention et avait fait l'objet d'un procès inéquitable, a rapporté jeudi The Guardian.
Javad Rouhi, originaire d'un village du nord de l'Iran, a été condamné à mort pour trois chefs d'accusation: guerre contre Dieu, corruption et apostasie.
Après son arrestation, il a été transféré dans un centre de détention sous la supervision du Corps des gardiens de la révolution islamique d'Iran (CGRI). Il était incapable de parler et de marcher après avoir souffert de cruelles tortures pendant sa détention.
Sa famille n'a été autorisée qu'à une seule visite avant son audience. Son père a affirmé: «Ils n'ont plus autorisé de visites ni d'appels téléphoniques après.»
Javad Rouhi, qui souffre d'une grave maladie mentale, a été accusé d'être entré au quartier général de la police de la circulation en septembre dernier, avec deux autres personnes, et d'avoir mis le feu au bâtiment, et notamment à des copies du Coran.
Les médias officiels iraniens ont rapporté qu'il avait «avoué avoir détruit le quartier général et y avoir mis le feu». Rouhi a été empêché d'engager un avocat de son choix, les autorités judiciaires exigeant qu'il soit représenté par un défenseur de l'État, Habibullah Qazvini.
Qazvini a déclaré lors du procès que «l’examen des images de vidéosurveillance et les déclarations de Javad Rouhi ne montrent que sa présence sur le lieu de rassemblement». «Il n'y a aucune preuve qu'il ait participé à l'incendie et à la destruction de biens publics», a-t-il ajouté.
«Javad s'était séparé de sa femme en raison d'une maladie mentale et de son chômage. En septembre, il s'était rendu à Nowshahr pour y rencontrer son ex-femme et tenter de la faire revenir. Il n'avait pas d'argent, et avait dormi dans la rue pendant ces quelques jours à Nowshahr avant son arrestation.»
Autre preuve d'un procès inéquitable, les accusations contre Rouhi étaient également liées à la mort de cinq manifestants qui, selon des groupes de défense des droits, ont été tués par des agents de sécurité iraniens.
Iran Human Rights, basée en Norvège, a déclaré «qu’au moins 109 manifestants risquent actuellement d'être exécutés, condamnés à des peines de mort ou des condamnations. C'est un décompte au minimum, car la plupart des familles sont sous pression pour garder le silence, et on estime que le nombre réel est beaucoup plus élevé».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com