Climat: Il faut faire décoller l'élimination du CO2, souligne un rapport inédit

Les auteurs concluent à «un écart entre le niveau d'élimination du carbone prévu par les gouvernements et ce qui est nécessaire pour atteindre les objectifs de l'accord de Paris» (Photo, AFP).
Les auteurs concluent à «un écart entre le niveau d'élimination du carbone prévu par les gouvernements et ce qui est nécessaire pour atteindre les objectifs de l'accord de Paris» (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 19 janvier 2023

Climat: Il faut faire décoller l'élimination du CO2, souligne un rapport inédit

  • Cette étude fait le bilan des moyens de capter le CO2 dans l'atmosphère pour le stocker à long terme
  • Les technologies innovantes – à l'image de l'usine Climeworks qui retire directement du CO2 de l'air en Islande – sont pour l'instant extrêmement marginales

PARIS: Forêts, captage, tourbières, machines... Les projets d'élimination du CO2 sont actuellement largement insuffisants pour atteindre les objectifs climatiques internationaux, qui vont nécessiter le développement massif et rapide de technologies innovantes, concluent des scientifiques dans le premier bilan global réalisé sur le sujet.

Cette étude publiée jeudi ("The state of carbon dioxide removal"), menée par l'université d'Oxford, fait le bilan des moyens de capter le CO2 dans l'atmosphère pour le stocker à long terme, par exemple grâce à la restauration de forêts ou à des techniques plus récentes comme le captage direct du CO2 dans l'air.

Les technologies innovantes - à l'image de l'usine Climeworks qui retire directement du CO2 de l'air en Islande - sont pour l'instant extrêmement marginales. Celle-ci n'élimine ainsi en un an que ce que l'humanité produit en quelques secondes.

Mais ces nouvelles méthodes vont devoir croître "rapidement" pour rester dans les clous de l'accord de Paris, indiquent les chercheurs. Selon les scénarios, leurs capacités devraient être multipliées d'un facteur 1 300 - voire plus - d'ici 2050.

Les auteurs concluent à "un écart entre le niveau d'élimination du carbone prévu par les gouvernements et ce qui est nécessaire pour atteindre les objectifs de l'accord de Paris", qui appelle à limiter le réchauffement bien en-dessous de 2°C et si possible à 1,5°C, alors que le monde en est déjà à 1,2°C.

Ces techniques d'élimination du dioxyde de carbone (EDC) se focalisent sur le CO2 déjà émis dans l'atmosphère, et se distinguent ainsi des systèmes de captage et stockage du carbone (CCS) à la source, aux cheminées des usines par exemple.

L'EDC permet aujourd'hui de retirer 2 milliards de tonnes de CO2 par an de l'atmosphère, presque exclusivement grâce aux forêts (reboisement, gestion de forêts existantes...), soit une fraction des émissions mondiales d'environ 40 milliards de tonnes aujourd'hui.

«Changer d'échelle»

Les chercheurs insistent sur le fait que ces méthodes ne doivent pas être considérées comme une baguette magique, qui dispenserait de faire baisser les émissions. "La réduction des émissions doit toujours être la priorité", a souligné Emily Cox, de l'université d'Oxford, lors d'une présentation à des journalistes.

"En même temps, nous devons développer agressivement et faire changer d'échelle l'EDC, en particulier ces méthodes innovantes. Nous n'en sommes qu'au tout début avec elles et cela prendra du temps", souligne Jan Minx, de l'Institut de recherche Mercator, basé à Berlin.

Longtemps perçues comme marginales ou comme un stratagème de l'industrie pour éviter de réduire ses propres émissions, les EDC sont désormais considérées comme un outil nécessaire par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) de l'ONU.

Leurs modèles réservent par exemple une part importante à la technique de bioénergie avec captage et stockage du dioxyde de carbone: cela consiste à faire pousser des arbres qui absorbent du CO2 pendant leur croissance, puis à les brûler afin de produire de l'énergie et à enterrer le CO2 issu de cette combustion, dans des mines abandonnées par exemple.

Une grande partie des crédits carbone liés à la forêt tropicale «ne valent rien», selon des médias

"Plus de 90%" des crédits carbone liées à des projets de reforestation certifiés par Verra, un des standards de référence de ce marché en forte croissance, "ne valent rien", selon l'analyse des médias The Guardian et Die Zeit mercredi.

Les entreprises peuvent acheter des crédits carbone ou certificats pour compenser leurs émissions de gaz à effet de serre, par exemple en finançant des projets de reforestation ou de protection contre la déforestation, les arbres absorbant naturellement le carbone de l'air. C'est même la méthode principale des grandes entreprises pour clamer qu'elles sont neutres en carbone, alors que leur activité génère bien du CO2.

Mais la quasi-totalité des certificats de Verra sont "probablement" des "crédits fantômes" et "ne représentent pas de réductions réelles des émissions", selon The Guardian.

Verra, plus grand organisme mondial de certification des crédits carbone, a répondu sur son internet que les études sur lesquelles se sont basés les médias comportaient des "erreurs massives de calcul".

L'ONG basée à Washington ajoute que la vente des crédits carbone a redirigé "des milliards de dollars" vers "l'action climatique" et la "protection et restauration d'écosystèmes".

L'analyse du Guardian et de Die Zeit n'a identifié des "preuves d'une réduction de la déforestation" que pour "seulement une poignée" des projets de Verra.

Au total, "94% des crédits" liées à des projets en forêt tropicale "n'ont pas d'effet bénéfique pour le climat", selon The Guardian, qui se base notamment sur une étude de l'université de Cambridge.

«Portefeuille»

Cette technique particulière, mise en avant par le Giec depuis longtemps, peine pour l'instant à se développer et se heurte au manque de terres disponibles. Une installation de ce type de la compagnie Drax au Royaume-Uni, qui importe du bois du Canada, a été pointée du doigt pour son bilan environnemental.

D'autres techniques d'EDC sont à des stades variés d'expérimentation et de développement: amélioration de la capacité des sols à piéger le carbone, conversion de la biomasse en une substance ressemblant à du charbon de bois appelée biochar, restauration des tourbières et des zones humides côtières, ou encore le broyage de roches riches en minéraux qui absorbent le CO2 pour les répandre sur terre ou en mer.

Les scientifiques expérimentent aussi des moyens d'accroître la capacité d'absorption de CO2 des océans, par exemple en renforçant artificiellement l'alcalinité marine ou en "fertilisant" les océans, c'est-à-dire en augmentant la densité du phytoplancton qui séquestre le carbone organique par photosynthèse.

Les auteurs de l'étude suggèrent de ne pas se reposer sur une seule de ces techniques mais de disposer d'un "portefeuille" de solutions, dont la composition changera au cours du temps en fonction des ressources, des technologies et des préférences du moment.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.