LONDRES: C'est l'une des affaires "les plus choquantes" impliquant un policier, selon le parquet britannique. Un agent a reconnu lundi au total 24 viols et de nombreuses agressions sexuelles sur une période de 17 ans, déclenchant de vives critiques à l'encontre de la police londonienne.
"Au nom de la Metropolitan police, je veux présenter des excuses aux femmes qui ont souffert entre les mains de David Carrick", a déclaré la commissaire adjointe Barbara Gray.
"Nous aurions dû repérer son comportement et parce que nous ne l'avons pas fait, nous avons manqué les occasions de le retirer" de la police.
Lundi matin, David Carrick, un policier de 48 ans, a plaidé coupable devant un tribunal londonien de quatre viols.
Le 13 décembre, il avait déjà reconnu 43 infractions, dont 20 viols, ainsi que des agressions sexuelles. Des faits commis entre 2003 et 2020.
Cette affaire ravive le souvenir, qui avait choqué le pays, de la mort d'une Londonienne de 33 ans, Sarah Everard, violée et tuée par un policier en mars 2021.
David Carrick faisait partie de l'unité de la police de la capitale chargée de la protection du Parlement et des représentations diplomatiques, au sein de la Metropolitan Police (Met), la police londonienne.
Il a été arrêté en octobre 2021 pour une première affaire de viol.
"L'intérêt de la presse ayant suivi, d'autres victimes se sont manifestées. (...) Le poids de leur témoignage a été extrêmement puissant", a déclaré l'inspecteur en chef Iain Moor à l'extérieur du tribunal. Il s'attend à ce que d'autres victimes se manifestent.
David Carrick a rencontré certaines femmes sur des sites de rencontres en ligne ou lors de sorties, en utilisant sa position d'officier de police pour gagner leur confiance.
Il a reconnu avoir violé neuf femmes, certaines à plusieurs reprises, pendant des mois voire des années.
Le policier enfermait des victimes dans un petit placard sous les escaliers chez lui pendant des heures, sans nourriture. Il appelait certaines de ses victimes ses "esclaves" ; il les contrôlait financièrement ; il les isolait de leurs proches.
"Il aimait humilier ses victimes et se servait habilement de sa position professionnelle pour leur faire comprendre qu'il était inutile de chercher de l'aide, car elles ne seraient jamais crues", a détaillé Iain Moor.
Réexamen d'affaires passées
L'enquête a montré que David Carrick avait fait l'objet de plusieurs accusations de violences depuis le début des années 2000, sans que cela ne suscite d'enquête approfondie de ses supérieurs.
Pour la responsable du parquet, Jaswant Narwal, il s'agit de "l'une des affaires les plus choquantes que le parquet ait eu à traiter, impliquant un officier de police en service".
Le chef de la Met, Mark Rowley, a présenté ses excuses et reconnu que Carrick avait pu agir à cause "de défaillances systémiques".
"Nous avons échoué et j'en suis désolé. Il n'aurait pas dû être officier de police", a-t-il insisté.
La Met a indiqué que 1 633 affaires d'agressions sexuelles ou de violences domestiques présumées impliquant plus de 1 000 officiers et agents ces dix dernières années seront réexaminées pour s'assurer que les décisions appropriées ont bien été prises.
Une autre affaire avait semé l'effroi au Royaume-Uni en mars 2021. Le policier Wayne Couzens avait violé et tué une Londonienne, Sarah Everard, qu'il avait menottée au cours d'une fausse arrestation, avant de l'enlever.
Cet agent a été condamné à la prison à vie. La police s'était vu reprocher d'avoir ignoré des signaux alarmants sur le comportement du meurtrier.
«Absolument dégoûté»
"Les forces de police doivent éradiquer ces agents pour restaurer la confiance du public, qui a été brisée par des affaires comme celle" de David Carrick, a déclaré un porte-parole du Premier ministre Rishi Sunak.
Le maire de Londres Sadiq Khan s'est dit "absolument dégoûté par les infractions véritablement odieuses que David Carrick a commises". Il a appelé à "répondre à de sérieuses questions sur la façon dont il a pu abuser de sa position" de policier.
En novembre, un rapport avait mis en lumière des failles dans le recrutement et le contrôle des officiers de police, révélant l'étendue des comportement misogynes, sexistes voire prédateurs.
Le chef des services d'inspection de la police, Matt Parr, avait jugé "trop facile pour les mauvaises personnes à la fois de rejoindre et de rester dans la police".
David Carrick ayant plaidé coupable, il n'y aura pas de procès. Une audience se tiendra à partir du 6 février pour le prononcé de sa peine.