RENNES: Polémiques, menaces, manifestations: le maire d'une petite commune rurale française a annoncé mercredi l'abandon d'un projet d'accueil de réfugiés qui devait permettre de donner un nouveau souffle à cette localité de Bretagne (ouest).
"Personnellement, j'étais pour le projet mais ce n'était plus tenable, le conseil municipal allait tomber (...) J'ai pris la décision de les entendre, de les écouter", a expliqué l'élu de Callac Jean-Yves Rolland à l'AFP.
"C'est dommage qu'on en arrive là (...) C'était un projet humain d'une très grande valeur, sans doute très important pour Callac dans l'avenir", a poursuivi l'édile de gauche.
Ce projet d'accueil qui a défrayé l'actualité, dénommé "Horizon", devait être mené avec un fonds de dotation privé avec qui une convention avait été signée en avril dernier.
Malgré cet abandon, "Callac est, et restera, une terre d'accueil pour toutes nouvelles populations, réfugiées ou pas", promet M. Rolland.
Depuis l'annonce du projet Horizon au printemps dernier, des élus ont été soumis à de multiples pressions, y compris des menaces de mort.
Deux manifestations, s'appuyant sur un petit groupe d'opposants locaux mais portées par l'extrême droite et notamment le parti Reconquête du polémiste et ancien candidat à l'élection présidentielle Eric Zemmour, s'étaient déroulées dans la commune de 2.200 habitants.
Elles avaient suscité à chaque fois des contre-manifestations de soutien au projet et de dénonciation de l'extrême droite.
Callac, en partenariat avec le fonds de dotation, devait accueillir sur plusieurs années quelques dizaines de personnes reconnues comme réfugiées par l'Etat et bénéficiant d'une autorisation de séjour de longue durée sur le territoire français.
Grâce à divers équipements prévus, "Horizon" devait bénéficier autant aux habitants qu'aux étrangers accueillis. Plusieurs dizaines d'emplois à pourvoir avaient été recensés pour ces derniers.
Le projet visait à redynamiser ce bourg rural breton, fort d'une longue tradition d'accueil de réfugiés depuis la guerre d'Espagne et qui a perdu plus de 1.000 habitants depuis les années 60.