Kharkiv bombardée quelques heures après la visite d'une ministre allemande, l'Ukraine veut des chars

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba et son homologue allemande Annalena Baerbock donnent une conférence de presse après des entretiens à Kharkiv, le 10 janvier 2023 (Photo, AFP).
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba et son homologue allemande Annalena Baerbock donnent une conférence de presse après des entretiens à Kharkiv, le 10 janvier 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 11 janvier 2023

Kharkiv bombardée quelques heures après la visite d'une ministre allemande, l'Ukraine veut des chars

  • Il était impossible dans l'immédiat de déterminer si ces frappes avaient fait des dégâts et des victimes
  • L'Ukraine réclame la livraison de chars de combat occidentaux, et Berlin n'a toujours pas répondu favorablement à sa demande

KHARKIV: Des bombardements russes ont frappé Kharkiv mardi soir, quelques heures après la visite surprise dans cette ville du nord-est de l'Ukraine de la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, avec son homologue ukrainien qui a pressé l'Allemagne de fournir des blindés lourds.

"Plus une telle décision tarde, plus il y aura de victimes, plus il y aura de morts parmi les civils", a martelé le ministre ukrainien Dmytro Kouleba.

Un journaliste de l'AFP a entendu par la suite plusieurs explosions dans la ville, relativement épargnée ces derniers temps par les frappes russes.

"Restez dans les abris. Les occupants bombardent une nouvelle fois!", a averti sur la messagerie Telegram le gouverneur régional Oleg Synegoubov.

Il était impossible dans l'immédiat de déterminer si ces frappes avaient fait des dégâts et des victimes.

Plus tôt mardi, Annalena Baerbock était venue dans cette ville proche de la frontière russe et très éprouvée par la guerre.

Invitée par son homologue Dmytro Kouleba, elle a assuré que l'Ukraine pouvait compter sur la "solidarité" et le "soutien" de l'Allemagne.

La ministre a dit avoir apporté "un nouveau paquet" d'aides comprenant 20 millions d'euros pour le déminage et autant pour développer le réseau d'accès à internet Starlink. Elle a aussi annoncé de nouvelles livraisons de générateurs pour les infrastructures énergétiques ukrainiennes bombardées systématiquement par la Russie.

Mais l'Ukraine réclame surtout la livraison de chars de combat occidentaux, et Berlin n'a toujours pas répondu favorablement à sa demande de lui livrer des blindés "Leopard 2", du matériel lourd à la technologie reconnue.

Livraisons d'armes

Kharkiv a été la cible de multiples bombardements au début du conflit, mais les forces ukrainiennes ont été en mesure de la défendre. Le front des combats s'est depuis éloigné et se trouve actuellement à environ 130 km de la ville.

"Kharkiv est désormais un symbole de contre-offensives ukrainiennes réussies qui prouvent que l'Ukraine peut gagner avec une aide suffisante de ses partenaires", a pointé M. Kouleba.

Mme Baerbock a assuré que le pays pouvait compter sur la livraison d'armes dont il a besoin "pour libérer ses concitoyens qui souffrent encore de la terreur de l'occupation russe".

Après de longs mois de tergiversations, l'Allemagne a récemment annoncé l'envoi de 40 blindés d'infanterie "Marder" d'ici le printemps.

Mais au sein de la coalition d'Olaf Scholz, les Verts, le parti de Mme Baerbock, et les libéraux réclament la livraison de chars lourds de combat de type "Leopard".

"Je ne doute pas que l'Ukraine va recevoir des chars 'Leopard' allemands, car le gouvernement fédéral sait au plus profond de lui-même que c'est nécessaire", a dit M. Kouleba.

Le Canada va donner un système antiaérien américain à l'Ukraine

Il s'agit du premier système antiaérien NASAMS que le Canada offre à l'Ukraine, a indiqué Ottawa, qui évalue la valeur de ce don à 406 millions de dollars canadiens (282 millions d'euros). L'annonce a été faite après une rencontre bilatérale entre Justin Trudeau et le président américain Joe Biden à Mexico.

Ce système de défense est destiné à contrer les bombardements massifs de la Russie visant les infrastructures critiques ukrainiennes.

"C'est la priorité numéro un. C'est pourquoi le Canada achète un système avancé de missiles sol-air des Etats-Unis pour en faire don à l'Ukraine", a expliqué Anita Anand, la ministre canadienne de la Défense, après avoir échangé avec son homologue ukrainien.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué le geste dans la foulée.

"Merci de nous aider à protéger notre ciel. Le NASAMS que le Canada s'est procuré pour nous sera un bouclier solide pour nos villes et nos citoyens", a-t-il assuré sur Twitter.

Ce système de missiles s'ajoute aux blindés, obusiers, vêtements d'hiver et munitions que le Canada a fournis à l'Ukraine pour l'aider à repousser l'invasion russe.

L'Ukraine en Europe

La cheffe de la diplomatie allemande a indiqué par ailleurs vouloir évoquer le processus d'adhésion à l'Union européenne à laquelle aspire le pays.

L'Ukraine, ainsi que la Moldavie, s'étaient vu attribuer en juin le statut de candidat à l'UE. Mais plusieurs représentants des Etats membres les avaient d'ores et déjà averti de ne pas se "se faire d'illusions" sur une adhésion rapide.

"Il est important pour moi que nous ne perdions pas de vue la place de l'Ukraine dans notre famille européenne, même en cet hiver de guerre", a estimé Mme Baerbock.

C'est la troisième fois qu'Annalena Baerbock se rend en Ukraine depuis le début de l'invasion russe, après des déplacements à Kiev et à Boutcha, bourgade proche de la capitale ukrainienne où les troupes russes sont accusées d'avoir commis des crimes de guerre.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a de son côté annoncé dans la soirée avoir révoqué la citoyenneté ukrainienne du riche homme d'affaires Viktor Medvedtchouk, un proche de Vladimir Poutine, accusé par Kiev de haute trahison en faveur de la Russie.

Cet ancien député de 68 ans, né en Sibérie et considéré comme l'homme du président russe en Ukraine, avait été livré à la Russie dans un échange de prisonniers entre Kiev et Moscou fin septembre 2022 après avoir été emprisonné plus de cinq mois en Ukraine.

"Si les députés du peuple choisissent de servir non pas le peuple ukrainien, mais les meurtriers qui sont venus en Ukraine, alors nos actions seront appropriées", s'est défendu mardi soir M. Zelensky dans son allocution quotidienne.

Il n'a toutefois pas évoqué dans son message la citoyenneté russe présumée des personnes visées.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.