PARIS: Plusieurs ONG internationales engagées dans les secours pour les migrants en Méditerranée ont dénoncé, jeudi, la volonté du gouvernement italien d'extrême droite "d'entraver l'assistance aux personnes en détresse" par un décret sur les sauvetages en mer qui va conduire, selon elles, à de nouveaux naufrages.
Ce décret, entré en vigueur en début de semaine, "vise de toute évidence les ONG de recherche et de sauvetage, mais ce sont les personnes en situation de détresse lors de la traversée de la Méditerranée centrale qui en subiront les conséquences", ont déploré Médecins sans frontières (MSF) et une vingtaine d'autres organisations dans un communiqué commun.
Elles ont exprimé leur "vive inquiétude concernant l'énième tentative d'un gouvernement européen d'entraver l'assistance aux personnes en détresse en mer".
Aux termes du texte italien, les navires doivent se rendre "sans délai" vers un port italien après chaque opération, ce qui "réduira les capacité de sauvetage" de bateaux qui enchaînent généralement plusieurs sauvetages d'affilée et rendra ainsi "encore plus dangereuse" cette route migratoire, l'une des plus meurtrières au monde.
Cette injonction vise, selon les ONG, à "maintenir les navires (...) hors de la zone de sauvetage pendant des périodes prolongées".
Le décret "est en contradiction avec le droit maritime international, les droits de l'homme et le droit européen", ont-elles encore dénoncé, appelant les parlementaires italiens, qui ont deux mois pour transformer ce décret en loi, à s'y opposer.
Le texte appelle "une réaction forte" de l'Europe, ont réclamé ces organisations.
Interrogée sur ce décret, une porte-parole de la Commission européenne, Anitta Hipper, a exhorté jeudi l'Italie à "respecter la législation internationale et le droit de la mer".
Le gouvernement de Giorgia Meloni est arrivé au pouvoir en octobre en promettant de faire cesser les arrivées de migrants en Italie, qui en a connu plus de 105 000 en 2022 par voie maritime, selon le ministère italien de l'Intérieur.
La plupart ont été secourus et ramenés à terre par la marine ou les garde-côtes italiens et non des navires humanitaires.
Plus de 20 000 personnes ont péri ou disparu depuis 2014 en tentant la traversée au départ de l'Afrique du Nord, selon l'Organisation internationale des migrations (OIM).