WASHINGTON: Alors que le parti républicain se lézarde, Joe Biden soigne son image de bâtisseur, capable de construire des ponts bien réels et de jeter des passerelles politiques, tout en entretenant le suspense sur une nouvelle candidature à la Maison Blanche.
Mercredi, le président américain se rend dans le Kentucky, Etat du centre-est qui vote résolument à droite à la présidentielle depuis 2000, pour vanter un grand chantier financé par une pharaonique loi d'infrastructures qu'il a portée, et qui avait récolté quelques voix républicaines au Congrès.
L'Etat fédéral va engager plus de 1,6 milliard de dollars pour doubler un pont vieillissant et très fréquenté qui relie le Kentucky à l'Etat voisin de l'Ohio.
Une parfaite métaphore pour Joe Biden, qui s'est promis de reconstruire les infrastructures décaties de la première puissance mondiale mais aussi de refonder le dialogue entre camp démocrate et parti conservateur, laissé en ruines ou presque après la présidence du républicain Donald Trump.
Ce projet de pont "montre que nous pouvons faire de grandes choses pour le pays lorsque nous travaillons ensemble", en dépassant les clivages partisans, a dit mardi la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre.
Loin d'infliger à Joe Biden le cuisant désaveu promis lors des récentes élections de mi-mandat, la droite en est sortie profondément divisée, tiraillée entre les partisans très virulents de Donald Trump et les parlementaires plus modérés. Les élus républicains n'ont pas réussi mardi à se mettre d'accord pour élire le nouveau président de la Chambre des représentants, où ils disposent pourtant d'une - fine - majorité.
Trumpistes contre centristes
Ce sont des représentants de l'aile plus centriste qui ont permis à Joe Biden de faire adopter en novembre 2021 une enveloppe de quelque 1.200 milliards de dollars pour les ponts, routes, réseaux d'eau et d'internet des Etats-Unis.
L'exécutif américain a décrit cette loi comme le plus grand investissement dans les infrastructures depuis la mise en chantier des autoroutes américaines dans les années 1950.
Le Kentucky se trouve par ailleurs être le fief du chef de file de l'opposition républicaine au Sénat, Mitch McConnell, qui sera du voyage avec le président mercredi.
Dans un climat politique américain désormais empoisonné, Joe Biden a toujours, depuis son arrivée à la Maison Blanche, vanté sa bonne relation avec ce ténor républicain, née dans les travées du Sénat qu'il a lui-même fréquentées pendant des décennies.
"Mitch, je ne veux pas salir ta réputation, mais nous sommes amis", lui avait lancé le président américain lors d'un discours l'an dernier. "Tu es un homme qui tient parole, tu es un homme d'honneur".
Joe Biden, qui avait fait campagne en 2020 sur un message de réconciliation, avait durci le ton contre les républicains, et notamment les plus extrêmes d'entre eux, avant les élections de mi-mandat de début novembre.
Mais à présent que ce scrutin est derrière lui, et qu'il en sort presque renforcé, le président américain a renoué avec son message d'unité.
Reste à savoir s'il le scandera également pour une nouvelle candidature en 2024: le président américain a promis de dire en ce début d'année 2023 si oui ou non il demanderait aux Américains de le réélire. Et donc de lui confier les clés de la Maison Blanche jusqu'à ses 86 ans.