PARIS : L'année 2023 sera celle de la "victoire" des manifestants, ont affirmé lundi des opposants iraniens en exil, appelant de leurs vœux la chute du régime de Téhéran, fragilisé par des manifestations depuis septembre.
"En s'organisant et en étant solidaires, 2023 sera l'année de la victoire pour la nation iranienne. L'année de la liberté et de la justice en Iran", ont déclaré ces opposants, des personnalités de premier plan dans les domaines de la culture, des droits humains ou encore du monde sportif.
"L'année 2022 était une année de glorieuse solidarité pour les Iraniens de toute confession, langue ou orientation" politique, ont-ils dit.
Ce message, publié simultanément sur leurs comptes personnels sur les réseaux sociaux, apparaît comme une volonté d'afficher une unité qui a longtemps fait défaut à la diaspora iranienne, divisée en plusieurs factions politiques après la chute du chah, en 1979.
Parmi les opposants iraniens ayant posté le message, se trouve l'actrice Zar Amir Ebrahimi, sacrée à Cannes en 2022, le fils du chah déchu Reza Pahlavi ou encore l'influent dissident Masih Alinejad, qui vit aux Etats-Unis.
Mais aussi le Prix Nobel de la Paix Shirin Ebadi ou l'ancien footballeur Hamed Ali Karimi.
"Nous sommes unis pour obtenir la liberté, nous (...) ne serons pas silencieux", a déclaré l'actrice Golshifteh Farahani sur Instagram.
Iran: le journaliste dissident Keyvan Samimi toujours incarcéré
Le militant et journaliste iranien Keyvan Samimi, incarcéré depuis décembre 2020, est toujours en détention, a déclaré lundi à l'AFP sa famille, démentant sa libération annoncée la veille par un média local.
Dimanche, le quotidien réformateur Shargh avait fait état de la libération du journaliste âgé de 73 ans, condamné à trois ans de prison pour "complot contre la sécurité nationale".
Sa famille a annoncé lundi à l'AFP que M. Samimi n'avait pas été libéré et qu'il purgeait sa peine dans la prison de Semnan, à plus de 200 km à l'est de Téhéran.
Le journaliste avait été autorisé en février 2022 à rentrer chez lui en raison d'ennuis de santé.
Toutefois, il avait été renvoyé en prison en mai après avoir été accusé d'activités contre la sécurité nationale durant sa libération provisoire, avait alors indiqué l'agence de presse Mehr.
En décembre, il avait publié depuis la prison un message de soutien au mouvement de contestation en Iran, déclenché après la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, décédée après son arrestation par la police des moeurs pour infraction au code vestimentaire strict de la République islamique.
M. Samimi a été emprisonné à plusieurs reprises avant et après la Révolution islamique de 1979.
Dimanche, le quotidien Shargh a annoncé l'arrestation de l'un de ses journalistes, Milad Alavi, après sa convocation le matin par la justice.
Le journal avait publié en décembre une liste de près de 40 journalistes et photojournalistes arrêtés en Iran en lien avec la contestation.
Pour Roham Alvandi, spécialiste de l'Iran et professeur à la London School of Economics, ce message est "un signe porteur d'espoir en cette sombre période".
Les protestations ont éclaté en Iran après la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde de 22 ans décédée à la suite de son arrestation par la police des moeurs pour infraction au code vestimentaire strict de la République islamique imposant notamment le port du voile en public pour les femmes.
Selon un dernier bilan de l'Iran Human Rights (IHR), une ONG basée à Oslo, au moins 476 personnes ont été tuées par les forces de sécurité depuis le 16 septembre. Environ 14 000 personnes ont été arrêtées, d'après l'ONU.
Des responsables iraniens affirment que des centaines de personnes ont été tuées lors des "émeutes", y compris des dizaines de membres des forces de sécurité.
La justice a annoncé avoir condamné 11 personnes à la peine capitale pour leur rôle dans la contestation. Des militants estiment que ce chiffre est deux fois plus élevé.
Deux condamnés à mort, âgés de 23 ans, ont déjà été exécutés, jugés coupables d'avoir tué ou blessé des policiers ou des paramilitaires lors des manifestations.