ISTANBUL: Plusieurs centaines de personnes participent vendredi à la première prière musulmane dans l'ex-basilique Sainte-Sophie depuis sa reconversion en mosquée.
Voici cinq choses à savoir sur ce monument classé au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco, et dont l'utilisation fait régulièrement l'objet de controverses.
Quel statut?
Le majestueux ouvrage a été construit au VIe siècle sous l'empereur byzantin Justinien. Sainte-Sophie est aujourd'hui considérée comme l'un des héritages les plus importants de l'époque byzantine.
Après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453, la basilique a été convertie en mosquée.
Mais après l'effondrement de l'Empire au sortir de la Première Guerre mondiale, le président de la jeune République turque Mustafa Kemal décide, en 1934, d'en faire un musée.
Le 10 juillet dernier, la justice turque a abrogé cette dernière décision. Peu après, le président Recep Tayyip Erdogan a publié un décret transformant de nouveau l'édifice en mosquée.
Pourquoi cette reconversion?
Cette décision est l'aboutissement d'un long processus judiciaire.
En 2018, la Cour constitutionnelle a rejeté la requête d'une association turque qui demandait la réouverture de Sainte-Sophie au culte musulman.
Mais la décision du 10 juillet est intervenue dans un contexte où M. Erdogan cherche à rallier sa base conservatrice, dont une partie l'a boudé lors d'élections municipales remportées l'an dernier par l'opposition à Istanbul et Ankara.
Le principal parti d'opposition, le CHP (social-démocrate), accuse le président turc d'instrumentaliser Sainte-Sophie pour faire oublier la mauvaise situation économique actuelle.
"Sainte-Sophie est probablement le symbole le plus visible du passé ottoman de la Turquie et Erdogan l'instrumentalise pour galvaniser sa base", explique Anthony Skinner, du cabinet de consultants Verisk Maplecroft.
Quelles réactions?
Les Etats-Unis, ainsi que la Grèce et la Russie qui suivent de près le sort de l'héritage byzantin en Turquie, ont exprimé leur préoccupation.
Le pape François s'est aussi dit "très affligé" par la reconversion de l'ex-basilique en mosquée.
Mais c'est à Athènes que les réactions ont été les plus vives, dans un contexte plus large de tensions géopolitiques entre la Grèce et la Turquie. Le gouvernement grec a qualifié la décision de M. Erdogan de "provocation envers le monde civilisé".
L'Unesco a de son côté appelé la Turquie au dialogue avant toute décision susceptible de "porter atteinte" à la "valeur universelle" de ce monument.
Ankara a rejeté en bloc les critiques au nom de la "souveraineté".
Quid du patrimoine byzantin?
Après l'annonce de la reconversion de Sainte-Sophie, les experts ont exprimé des inquiétudes concernant l'avenir de ses mosaïques byzantines.
Le gouvernement turc a assuré que tout serait mis en oeuvre pour les protéger.
Selon l'Autorité turque des affaires religieuses, ces mosaïques seront dissimulées pendant les prières par des rideaux, l'islam interdisant toute représentation figurative.
En dehors des heures de culte, elles seront visibles par les visiteurs.
Et les visiteurs?
Avant sa reconversion en mosquée, Sainte-Sophie était le musée le plus visité de Turquie.
L'an dernier, le monument a attiré 3,8 millions de personnes attirées par sa riche histoire et son architecture unique mêlant plan basilical et minarets, sans oublier sa majestueuse coupole.
Après sa reconversion, les touristes de toutes confessions pourront toujours pénétrer dans l'enceinte de Sainte-Sophie. La Mosquée bleue voisine reçoit ainsi de nombreux visiteurs chaque jour.
Les touristes pourront même désormais visiter l'édifice gratuitement, alors qu'ils devaient payer lorsqu'il avait le statut de musée.
Cinq faits à savoir sur l'ex-basilique Sainte-Sophie
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Cinq faits à savoir sur l'ex-basilique Sainte-Sophie
- Après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453, la basilique a été convertie en mosquée
- Avant sa reconversion en mosquée, Sainte-Sophie était le musée le plus visité de Turquie
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