Le chef de la défense afghane rassure le pays après l'«ordre» de Trump

Le ministre afghan de la Défense, Asadullah Khalid. (Reuters)
Le ministre afghan de la Défense, Asadullah Khalid. (Reuters)
Publié le Mercredi 18 novembre 2020

Le chef de la défense afghane rassure le pays après l'«ordre» de Trump

  • Asadullah Khalid a déclaré mardi que l'armée nationale afghane serait capable de défendre la nation après le nouveau départ des forces américaines du pays dans les prochains mois
  • De nombreux habitants et des observateurs étrangers craignent que l'Afghanistan ne retombe dans une guerre civile après le départ des troupes, en particulier en l'absence d'un accord de paix entre Kaboul et les talibans

KABOUL: Le ministre de la Défense, Asadullah Khalid, a déclaré mardi dernier que l'armée nationale afghane serait capable de défendre la nation après le nouveau départ des forces américaines du pays dans les prochains mois, alors même que les experts mettaient en garde contre un retrait «irresponsable» des troupes étrangères.

«Les gens ne devraient pas s'inquiéter du retrait des forces étrangères du pays. Les forces afghanes sont pleinement capables de défendre le pays ... [et elles] étaient responsables de 96% des opérations», déclare-t-il.

Ces paroles d’Asadullah Khalid ont été prononcées lors d'une allocution au Parlement afghan mardi, au lendemain d’une information diffusée par les médias selon laquelle le président américain Donald Trump avait émis un «ordre d'avertissement» visant à réduire le nombre de soldats de 4 500 à 2 500 d'ici au 15 janvier, après plus de dix-neuf années de guerre en Afghanistan.

De nombreux habitants et des observateurs étrangers craignent que l'Afghanistan ne retombe dans une guerre civile après le départ des troupes, en particulier en l'absence d'un accord de paix entre Kaboul et les talibans; cela dans un contexte de recrudescence des attaques à travers un pays, attaques qui, selon chaque groupe, sont la responsabilité de l’autre groupe. 

«Il est probable que l'Afghanistan se dirige vers des troubles civils et devienne par procuration le terrain de bataille entre les groupes des pays de la région», affirme mardi dans un tweet l'ancien vice-ministre de la Défense Tamim Asey. «Dans ce cas, l'Afghanistan deviendra une autre Syrie ou une autre Libye.» L’homme politique s'est dit préoccupé par le fait que Kaboul puisse sombrer dans le genre de chaos qui a affligé le pays dans les années 1990 après que les forces soviétiques ont quitté le pays.

Les experts estiment que si le retrait des troupes est une demande de longue date de Kaboul, il ne doit pas être fait «à la hâte».

«Nous ne voulons pas des troupes américaines ici pour toujours, mais, en même temps, nous ne voulons pas non plus d’un retrait irresponsable», déclare à Arab News Javid Faisal, conseiller de l’équipe de sécurité nationale du président afghan, Ashraf Ghani.

Le départ complet de toutes les forces étrangères du pays était un pilier de l’accord historique conclu entre Washington et les talibans en février dernier, après plus de deux ans de pourparlers secrets excluant le gouvernement de Ghani.

L'accord a conduit à une détérioration sans précédent des liens entre les administrations Ghani et Trump.

Le début des pourparlers de paix entre Kaboul et les talibans a été un élément central de l'accord de février.

Le groupe d'insurgés a été renversé par Washington à la fin de l’année 2001 après avoir refusé de remettre le chef d'Al-Qaïda, Oussama ben Laden.

L'accord a également poussé à l'échange de prisonniers entre Kaboul et les talibans. Ghani a libéré plus de 6 000 insurgés ces derniers mois, ce qui a initié des pourparlers intra-afghans à Doha, au Qatar, le 12 septembre, destinés à mettre fin à des décennies de conflit entre Kaboul et les talibans.

Cependant, les deux parties n'ont pas réussi à établir une feuille de route pour les négociations, et encore moins à s'engager dans des discussions sérieuses.

Avec Joe Biden, qui a remporté l’élection présidentielle américaine contre Trump il y a près de deux semaines, un sentiment d'espoir s'est réveillé chez certains dirigeants afghans à Kaboul. Il repose sur le fait que Biden pourrait ne pas ordonner un retrait complet des troupes, certains appelant le président élu à revoir l'accord avec les talibans.

D'autres experts estiment, cependant, que les États-Unis ne devraient pas investir davantage dans le maintien de troupes dans le pays, qui «en enrichit certains et les maintient au pouvoir».

Ahmad Fawad Samim, un ancien conseiller de la Banque mondiale, a déclaré que les Américains «favorisaient massivement» le retrait complet des troupes car ils étaient «fatigués de traiter avec des responsables afghans corrompus et incompétents».

«Si nous pensons que les soldats américains se battront toujours pour nous, nous nous trompons. Si nous pensons que le gouvernement américain parrainera nos modes de vie luxueux, nos comptes bancaires, nos ONG, nos véhicules blindés..., nous rêvons », fait-il remarquer.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.