NEW YORK: Une experte jordanienne des droits de l'homme travaillant pour les Nations Unies a appelé les autorités libyennes à prendre des mesures urgentes afin de protéger les femmes et les filles du pays de ce qu'elle a appelé un «cycle continu de violence et de mauvais traitements endémiques», aggravé par «l'impunité totale» des responsables.
«Le féminicide, ou le meurtre de femmes pour de multiples raisons, est monnaie courante, tout comme les actes de violence physique, économique, politique et domestique dans la sphère privée et publique», a révélé Alsalem dans un communiqué.
Ses commentaires font suite à une visite de huit jours dans le pays d'Afrique du Nord, au cours de laquelle elle a également reçu des rapports détaillant «le traitement profondément discriminatoire et déshumanisant enduré par les femmes et les enfants non libyens, en particulier les filles, ainsi que les niveaux horribles de torture, de violence sexuelle, d'enlèvement contre rançon, de détention, de traite des personnes, de travail forcé et d'assassinats illégaux».
Bien qu'elle ait qualifié d'encourageante l'invitation du gouvernement d'unité nationale à se rendre dans le pays, Alsalem a déploré les nombreux obstacles qu'elle a rencontrés au cours de son voyage, surtout les retards pour entrer dans le pays, l'impossibilité de visiter les prisons et les centres de détention où sont détenues des femmes et des jeunes filles, et le fait d'être empêchée de se rendre dans l'est du pays afin d’effectuer les visites qu'elle avait prévues avant son arrivée.
Les rapporteurs spéciaux sont des experts indépendants qui siègent à titre individuel et volontaire au Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Ils ne sont pas membres du personnel de l'ONU et ne sont pas rémunérés pour leur travail.
Pour Alsalem, l'absence de sanctions juridiques pour les crimes commis contre les femmes et les filles est due à «l'impasse politique, l'insécurité, l'instabilité, les problèmes de gouvernance et d'État de droit et les cadres juridiques problématiques qui ne sont pas conformes aux obligations internationales de la Libye en matière de droits humains».
La prolifération des groupes armés et des armes en Libye alimente des entreprises criminelles transfrontalières complexes, a-t-elle ajouté, et aggrave une situation déjà «épouvantable». Elle s'est également déclarée préoccupée par les «restrictions croissantes» imposées à la société civile et aux organisations internationales qui tentent d'opérer en Libye.
Alsalem a demandé que la protection des femmes et des filles soit une priorité dans «toutes les relations» avec les autorités libyennes. Pour mieux s'attaquer au problème, elle a signalé que les autorités doivent donner la priorité aux réformes législatives, notamment à l'adoption d'un projet de loi de 2021 sur la violence à l'égard des femmes. Elle leur a également recommandé de mettre fin à l'impunité et de renforcer le soutien aux institutions gouvernementales et aux organisations de femmes, ainsi qu'à l'émancipation économique et à la participation politique des femmes.
L'experte de l'ONU a également appelé à mettre fin «au refoulement des migrants et des réfugiés en mer vers la Libye, où leur vie est en danger.»
Alsalem a soutenu : «Il faut multiplier les possibilités d'accès à des procédures d'asile équitables, les possibilités d'extradition et les retours volontaires dans leur pays.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com