BRUXELLES: Plusieurs accusés au procès des attentats jihadistes de 2016 à Bruxelles ont dénoncé vendredi les fouilles à nu "systématiques" subies pour le transfert vers le palais de justice, Mohamed Abrini menaçant à nouveau de déserter le box si la police n'y met pas fin.
"C'est vraiment de l'hystérie. Il faut arrêter tout ça, dans ces conditions je ne viendrai pas", a lancé le Belgo-marocain connu comme l'"homme au chapeau" qui avait renoncé à se faire exploser le 22 mars 2016 à l'aéroport de Bruxelles.
Ce jour-là, des attentats-suicides revendiqués par le groupe Etat islamique (EI) avaient fait 32 morts et plusieurs centaines de blessés à l'aéroport et dans le métro de la capitale belge.
Les protestations d'Abrini intervenaient non pas dans le cadre du procès d'assises en cours, mais à l'occasion d'une audience devant un juge des référés du tribunal de Bruxelles saisi d'une plainte de sa part --avec cinq autres accusés détenus-- concernant les transfèrements quotidiens.
La plainte vise le ministre belge de la Justice. Ce litige, qui donne lieu à un procès dans le procès, sera tranché "au plus tard le 30 décembre, peut-être avant", a annoncé la magistrate à la fin de l'audience.
Concrètement, six des neuf accusés comparaissant aux assises (un dixième est jugé en son absence) se plaignent de subir un traitement "humiliant", principalement à cause de l'obligation de se mettre nu chaque jour devant trois policiers chargés de vérifier qu'ils ne cachent pas un objet dangereux dans leurs parties intimes.
Parmi ces plaignants figure Salah Abdeslam, absent vendredi matin, tandis qu'Abrini et quatre autres accusés ont saisi l'opportunité de s'exprimer pour rappeler leurs griefs. L'audience civile était organisée au bâtiment Justitia dans la salle sécurisée où siège la cour d'assises.
Lors de ces fouilles à nu, "on nous parle comme à des chiens", a protesté le Tunisien Sofien Ayari, compagnon de cavale d'Abdeslam.
"On les humilie de manière constante, cela rend impossible la tenue d'un débat serein", a résumé devant des journalistes Stanislas Eskenazi, avocat de Mohamed Abrini.
Delphine Paci, qui défend Salah Abdeslam, s'en est prise au caractère "systématique" de ces fouilles.
Selon elle, la mesure ne devrait être pratiquée qu'au terme d'"une décision individuelle" de la direction de la prison motivant sa nécessité "avec des indices précis".
A l'inverse, Me Bernard Renson, pour l'Etat belge, a défendu une pratique "nullement disproportionnée", de nature à limiter toute risque d'agression voire d'évasion lors du transfert.
"Le danger potentiel existe à chaque transfert, ce qui explique ces mesures répétées", a soutenu l'avocat, "tout objet peut servir d'arme même un couvert en plastique ou une brosse à dents".