LONDRES: Sarah Mardini, la sœur de la nageuse olympique Yusra Mardini, fait partie des vingt-quatre travailleurs humanitaires inculpés en Grèce pour leur travail humanitaire sur l’île de Lesbos, selon Human Rights Watch (HRW).
Un rapport du Parlement européen considère ces inculpations comme «le plus grand cas de criminalisation de la solidarité en Europe».
Les vingt-quatre accusés de l’Emergency Response Centre International (ERCI) seront jugés le 10 janvier à Mytilène, sur l’île de Lesbos, pour des délits mineurs liés à leurs efforts de recherche et de sauvetage en mer pour aider les demandeurs d’asile.
L’organisation non gouvernementale enregistrée coopérait régulièrement avec les autorités lors de missions dans les eaux grecques et sur l’île de Lesbos de 2016 à 2018.
Mardini et les autres accusés risquent jusqu’à huit ans de prison s’ils sont reconnus coupables de ces délits, qui comprennent l’espionnage et la falsification.
Jeudi, HRW a annoncé que les procureurs grecs devraient demander l’acquittement des humanitaires jugés pour leurs efforts de recherche et de sauvetage qui sont protégés par le droit international des droits de l’homme.
«Cette affaire accuse en fait surtout les autorités grecques, qui s’en prennent à des personnes qui ont sauvé des vies que ces autorités ne voulaient pas qu’elles sauvent», a déclaré Bill Van Esveld, directeur adjoint de HRW pour les droits de l’enfant.
«Pendant ce temps, le gouvernement grec continue de restreindre l’aide humanitaire tout en repoussant illégalement les réfugiés et les migrants, les forçant à se retrouver dans les situations funestes que les humanitaires ont tenté d’éviter», a ajouté Esveld.
Selon le groupe de défense des droits de l’homme, les accusations sont fondées sur un rapport de la police grecque qui comporte des erreurs factuelles criantes. Plusieurs ont notamment été mis en cause pour avoir participé à des missions de sauvetage à des dates où ils ne se trouvaient pas sur le territoire grec.
Mardini, qui réside en Allemagne, a précédemment été interdite d’entrée en Grèce pour assister à son propre procès, une violation du droit international, européen et grec.
Selon ses avocats, il n’est pas certain qu’elle soit autorisée à entrer dans le pays pour une audience en janvier.
Les nageuses (The Swimmers), un film Netflix basé sur l’histoire de Mardini et de sa sœur, est sorti récemment. En 2015, les deux femmes ont voyagé en bateau depuis la Turquie à destination de la Grèce en tant que demandeuses d’asile syriennes. Lorsque le moteur du navire est tombé en panne, elles ont aidé les autres passagers en nageant et en maintenant le bateau à flot.
Sarah Mardini est plus tard retournée à Lesbos en tant que bénévole, effectuant des missions de recherche et de sauvetage. Elle a été arrêtée le 21 août 2018 et détenue pendant cent-six jours.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com