GAZA: Des analystes palestiniens condamnent un projet israélien de construire 1 257 unités dans une colonie au sud de Jérusalem occupée, assurant que cette décision risque de «tuer la solution à deux États».
Les plans de colonisation surviennent à la veille d'une tournée dans la région du secrétaire d'État américain Mike Pompeo, qui devrait visiter une colonie israélienne construite sur des terres palestiniennes à Ramallah.
L’annonce s’inscrit dans un grand projet de colonisation de l’état Israélien, un plan qu’il s’efforce de mettre en œuvre depuis trois décennies. L’idée est de relier la colonie de Givat Hamatos, construite sur des terres palestiniennes dans les villes de Beit Safafa et Beit Jala avec d'autres colonies de la Cisjordanie. Une partie du terrain appartient à l'Église luthérienne de Jérusalem.
Khalil Tafakji, spécialiste de cartographie et des colonies, a déclaré que les nouveaux plans sont vraiment dangereux car ils forment un «maillon dans la chaîne» des colonies. Israël tente à travers le projet de Jérusalem 2020 de couper Jérusalem de son environnement palestinien.
«Israël cherche à établir ce qu'on peut appeler une «Bethléem juive» à tout prix, en reliant la colonie de Gilo et Jabal Abu Ghneim, et en construisant environ neuf hôtels pour sceller la fermeture complète de Jérusalem du côté sud et des villes de Sur Bahir, Beit Safafa et Al-Sharafa, qui sera complètement isolée des villes de Beit Sahour et Bethléem», a déclaré Tafakji à Arab News.
Israël s'est emparé de ces zones dans les années 1990 et a permis à la communauté juive éthiopienne de s'y installer et d’y construire des colonies. Le pays a depuis fait face à plusieurs obstacles qui ont empêché le lancement de la colonisation, mais il tire également profit du «soutien illimité» qu'il reçoit du président américain Donald Trump pour aller de l'avant avec les plans ambitieux, ont affirmé des experts palestiniens.
«Contrairement à la politique israélienne de démolition des maisons et des établissements palestiniens à Jérusalem, les plans d’Israël comprennent la construction de plus de 58 000 unités de colonies d’ici à 2030», a révélé Tafakji.
Plus de 600 000 résidents dans des colonies israéliennes classées illégales selon le droit international, dont environ 200 000 vivent dans des colonies de Jérusalem-Est occupée, que la Palestine considère comme la capitale potentielle d'un futur État.
L'organisation israélienne anti-colonies «Peace Now»a déclaré que le projet de colonisation à Givat Hamatos «nuirait sans équivoque aux perspectives d'une solution à deux États».
L'organisation a accusé le gouvernement israélien de «mettre à profit les dernières semaines de l'administration Trump pour imposer une politique du fait accompli».
Un avis similaire a été exprimé par le Premier ministre palestinien Mohammad Shtayyeh, qui a déclaré lors d'une réunion de lundi que «ce qui se passe est, bel et bien, un plan d'attaque intensif et intense pour les 10 prochaines semaines, dans une course contre la montre dans le but d’imposer un nouveau statu quo avant que Trump ne quitte la Maison Blanche».
Au cours de ses quatre années au pouvoir, Trump a montré un soutien fort et sans précédent au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en approuvant les projets de colonies israéliennes, y compris le «plan d'annexion» pour contrôler de vastes zones en Cisjordanie.
Peace Now a déclaré que le nombre de colonies dans les territoires palestiniens a doublé d’une fois et demie pendant la présidence de Trump.
La visite de Pompeo dans une colonie de la Cisjordanie au cours de sa prochaine tournée sera la première d'un secrétaire d'État américain, les experts ont déjà averti que cela donnera, à coup sûr, à Israël l'approbation implicite de poursuivre ses efforts d'annexion.
Le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abu Rudeineh, a avoué que la nouvelle décision était une continuation des tentatives d’Israël de «mettre fin à la solution à deux États soutenue par la communauté internationale» et de refuser, sans cesse, d’admettre les décisions internationales qui maintiennent que les colonies sont illégales.
Bien que de nombreux Palestiniens considèrent la perte électorale de Trump comme un «gain», ils doutent qu'un «changement majeur» peut surgir sous le président élu Joe Biden, soulignent les experts.
Le chef de l'Initiative nationale palestinienne, Mustafa Barghouti, a déclaré que la disparition de Trump ne signifie pas la disparition de «l'accord du siècle» et qu'Israël utilisera chaque minute de son mandat pour aller de l'avant avec la mise en œuvre de son projet de colonies.
«Israël fait maintenant la course contre la montre en s’efforçant d’anticiper les changements aux États-Unis à la lumière de la perte de Trump. Il était le président américain qui soutenait le plus sa politique de colonisation offensive», a déclaré Barghouti à Arab News.
La représentante spéciale de l’UE pour le processus de paix au Moyen-Orient, Susanna Terstal, a affirmé que la tentative d’Israël de construire de nouvelles colonies entre Jérusalem et Bethléem était «une évolution très préoccupante».
Dans un communiqué de presse, Terstal a déclaré: «J'ai visité la région le mois dernier et j'ai vu sur le terrain comment toute construction de colonies dans cet emplacement privilégié nuirait en effet aux perspectives d'une solution viable à deux États avec Jérusalem comme future capitale des deux États. Il est fortement urgent qu'Israël revienne sur sa décision».
La question des colonies est certes, l'obstacle le plus important à une solution à deux États, après la suspension des négociations pour un règlement politique permanent entre l'Autorité palestinienne et Israël à la mi-2014.
Le coordinateur spécial de l'ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, Nikolai Mladenov, a déclaré dans un communiqué: «Les projets de colonies israéliennes, s'ils s’achèvent réellement, renforceraient davantage un cercle de colonies entre Jérusalem et Bethléem en Cisjordanie occupée.
«Cela compromettrait considérablement aux perspectives d'un futur État palestinien mitoyen et de parvenir à une solution négociée à deux États basée sur les lignes de 1967, avec Jérusalem comme capitale des deux États.
«La construction de colonies est illégale au regard du droit international», a ajouté Mladenov.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com