Les Palestiniens appellent Pompeo à annuler sa visite aux colonies

Un colon juif au deuxième étage d'un immeuble après être entré illégalement dans les locaux, dans la colonie de Sanur, au nord de la Cisjordanie occupée (Photo, AFP)
Un colon juif au deuxième étage d'un immeuble après être entré illégalement dans les locaux, dans la colonie de Sanur, au nord de la Cisjordanie occupée (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 18 novembre 2020

Les Palestiniens appellent Pompeo à annuler sa visite aux colonies

  • Le gouvernement israélien est accusé de «mettre à profit les dernières semaines de l'administration Trump pour imposer une politique du fait accompli»
  • «Ce qui se passe est, bel et bien, un plan d'attaque intensif et intense

GAZA: Des analystes palestiniens condamnent un projet israélien de construire 1 257 unités dans une colonie au sud de Jérusalem occupée, assurant que cette décision risque de «tuer la solution à deux États».

Les plans de colonisation surviennent à la veille d'une tournée dans la région du secrétaire d'État américain Mike Pompeo, qui devrait visiter une colonie israélienne construite sur des terres palestiniennes à Ramallah.

L’annonce s’inscrit dans un grand projet de colonisation de l’état Israélien, un plan qu’il s’efforce de mettre en œuvre depuis trois décennies. L’idée est de relier la colonie de Givat Hamatos, construite sur des terres palestiniennes dans les villes de Beit Safafa et Beit Jala avec d'autres colonies de la Cisjordanie. Une partie du terrain appartient à l'Église luthérienne de Jérusalem.

Khalil Tafakji, spécialiste de cartographie et des colonies, a déclaré que les nouveaux plans sont vraiment dangereux car ils forment un «maillon dans la chaîne» des colonies. Israël tente à travers le projet de Jérusalem 2020 de couper Jérusalem de son environnement palestinien.

«Israël cherche à établir ce qu'on peut appeler une «Bethléem juive» à tout prix, en reliant la colonie de Gilo et Jabal Abu Ghneim, et en construisant environ neuf hôtels pour sceller la fermeture complète de Jérusalem du côté sud et des villes de Sur Bahir, Beit Safafa et Al-Sharafa, qui sera complètement isolée des villes de Beit Sahour et Bethléem», a déclaré Tafakji à Arab News.

Israël s'est emparé de ces zones dans les années 1990 et a permis à la communauté juive éthiopienne de s'y installer et d’y construire des colonies. Le pays a depuis fait face à plusieurs obstacles qui ont empêché le lancement de la colonisation, mais il tire également profit du «soutien illimité» qu'il reçoit du président américain Donald Trump pour aller de l'avant avec les plans ambitieux, ont affirmé des experts palestiniens.

«Contrairement à la politique israélienne de démolition des maisons et des établissements palestiniens à Jérusalem, les plans d’Israël comprennent la construction de plus de 58 000 unités de colonies d’ici à 2030», a révélé Tafakji.

Plus de 600 000 résidents dans des colonies israéliennes classées illégales selon le droit international, dont environ 200 000 vivent dans des colonies de Jérusalem-Est occupée, que la Palestine considère comme la capitale potentielle d'un futur État.

L'organisation israélienne anti-colonies «Peace Now»a déclaré que le projet de colonisation à Givat Hamatos «nuirait sans équivoque aux perspectives d'une solution à deux États».

L'organisation a accusé le gouvernement israélien de «mettre à profit les dernières semaines de l'administration Trump pour imposer une politique du fait accompli».

Un avis similaire a été exprimé par le Premier ministre palestinien Mohammad Shtayyeh, qui a déclaré lors d'une réunion de lundi que «ce qui se passe est, bel et bien, un plan d'attaque intensif et intense pour les 10 prochaines semaines, dans une course contre la montre dans le but d’imposer un nouveau statu quo avant que Trump ne quitte la Maison Blanche».

Au cours de ses quatre années au pouvoir, Trump a montré un soutien fort et sans précédent au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en approuvant les projets de colonies israéliennes, y compris le «plan d'annexion» pour contrôler de vastes zones en Cisjordanie.

Peace Now a déclaré que le nombre de colonies dans les territoires palestiniens a doublé d’une fois et demie pendant la présidence de Trump.

La visite de Pompeo dans une colonie de la Cisjordanie au cours de sa prochaine tournée sera la première d'un secrétaire d'État américain, les experts ont déjà averti que cela donnera, à coup sûr, à Israël l'approbation implicite de poursuivre ses efforts d'annexion.

Le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abu Rudeineh, a avoué que la nouvelle décision était une continuation des tentatives d’Israël de «mettre fin à la solution à deux États soutenue par la communauté internationale» et de refuser, sans cesse, d’admettre les décisions internationales qui maintiennent que les colonies sont illégales.

Bien que de nombreux Palestiniens considèrent la perte électorale de Trump comme un «gain», ils doutent qu'un «changement majeur» peut surgir sous le président élu Joe Biden, soulignent les experts.

Le chef de l'Initiative nationale palestinienne, Mustafa Barghouti, a déclaré que la disparition de Trump ne signifie pas la disparition de «l'accord du siècle» et qu'Israël utilisera chaque minute de son mandat pour aller de l'avant avec la mise en œuvre de son projet de colonies.

«Israël fait maintenant la course contre la montre en s’efforçant d’anticiper les changements aux États-Unis à la lumière de la perte de Trump. Il était le président américain qui soutenait le plus sa politique de colonisation offensive», a déclaré Barghouti à Arab News.

La représentante spéciale de l’UE pour le processus de paix au Moyen-Orient, Susanna Terstal, a affirmé que la tentative d’Israël de construire de nouvelles colonies entre Jérusalem et Bethléem était «une évolution très préoccupante».

Dans un communiqué de presse, Terstal a déclaré: «J'ai visité la région le mois dernier et j'ai vu sur le terrain comment toute construction de colonies dans cet emplacement privilégié nuirait en effet aux perspectives d'une solution viable à deux États avec Jérusalem comme future capitale des deux États. Il est fortement urgent qu'Israël revienne sur sa décision».

La question des colonies est certes, l'obstacle le plus important à une solution à deux États, après la suspension des négociations pour un règlement politique permanent entre l'Autorité palestinienne et Israël à la mi-2014.

Le coordinateur spécial de l'ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, Nikolai Mladenov, a déclaré dans un communiqué: «Les projets de colonies israéliennes, s'ils s’achèvent réellement, renforceraient davantage un cercle de colonies entre Jérusalem et Bethléem en Cisjordanie occupée.

«Cela compromettrait considérablement aux perspectives d'un futur État palestinien mitoyen et de parvenir à une solution négociée à deux États basée sur les lignes de 1967, avec Jérusalem comme capitale des deux États.

«La construction de colonies est illégale au regard du droit international», a ajouté Mladenov.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier saoudien rassure la nation sur l’état de santé du roi lors d’une réunion du Conseil des ministres

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a présidé la réunion du cabinet mardi (Photo, SPA).
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a présidé la réunion du cabinet mardi (Photo, SPA).
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  • Le roi Salmane suit un traitement pour une inflammation des poumons
  • Le prince héritier a également informé le Conseil des ministres des résultats du sommet de la Ligue arabe

RIYAD: Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, a tenu des propos rassurants sur la santé du roi Salmane lors d’une réunion du Conseil des ministres aujourd’hui, rapporte l’agence de presse saoudienne (SPA).

Dimanche, le roi a subi des examens médicaux dans les cliniques royales du palais Al-Salam après avoir souffert de fortes fièvres et de douleurs articulaires, selon SPA.

On lui a diagnostiqué une inflammation des poumons et on lui a prescrit un traitement antibiotique au palais de Djeddah.

Le prince héritier a également informé le Conseil des ministres des résultats du sommet de la Ligue arabe, soulignant l’engagement du Royaume à l’égard des questions arabes, du développement de l’action commune, du renforcement de la sécurité régionale et de la défense des intérêts arabes.

Le ministre de l’Information, Salmane ben Youssef al-Dosari, a déclaré après la réunion que le Conseil avait discuté des activités récentes de l’État, en particulier des efforts visant à renforcer la coopération régionale et internationale.

Le Conseil a réaffirmé l’engagement du Royaume dans la coopération internationale en matière de lutte contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et la corruption.

Le Cabinet saoudien a également autorisé le ministre de l’Énergie, le prince Abdelaziz ben Salmane, à finaliser un protocole d’accord avec le Pakistan sur la coopération énergétique.

Le Cabinet a par ailleurs approuvé l’adhésion du Royaume à un accord international sur les zones humides d’importance internationale, notamment en tant qu’habitats pour les oiseaux d’eau.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Qui sont les chefs du Hamas visés par les mandats réclamés par le procureur de la CPI?

Ismail Haniyeh, chef du bureau politique du mouvement islamiste palestinien Hamas basé à Doha, alors qu'il s'adresse à la presse à Téhéran le 26 mars 2024, et présumé chef militaire palestinien du mouvement radical Hamas, Mohammed Deif (au centre) et chef de Yahya Sinwar, l'aile politique du mouvement palestinien Hamas dans la bande de Gaza (Photo, AFP).
Ismail Haniyeh, chef du bureau politique du mouvement islamiste palestinien Hamas basé à Doha, alors qu'il s'adresse à la presse à Téhéran le 26 mars 2024, et présumé chef militaire palestinien du mouvement radical Hamas, Mohammed Deif (au centre) et chef de Yahya Sinwar, l'aile politique du mouvement palestinien Hamas dans la bande de Gaza (Photo, AFP).
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  • Mechaal, M. Haniyeh, 60 ans, s'était fait connaître aux yeux du monde en 2006 en devenant Premier ministre de l'Autorité palestinienne
  • Chef des Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche militaire du Hamas, c'est lui qui a annoncé dans un enregistrement diffusé par le mouvement, le 7 octobre au matin

JERUSALEM: Trois dirigeants du Hamas sont visés par des mandats d'arrêt réclamés par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) pour des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité présumés commis depuis l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien en territoire israélien le 7 octobre.

Voici leurs portraits:

Ismaïl Haniyeh, le leader politique:

Elu chef du bureau politique du Hamas en 2017 pour succéder à Khaled Mechaal, M. Haniyeh, 60 ans, s'était fait connaître aux yeux du monde en 2006 en devenant Premier ministre de l'Autorité palestinienne après la victoire surprise de son mouvement aux législatives.

Mais la cohabitation avec Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas, fut de courte durée. Le Hamas l'a évincé par la force de la bande de Gaza en 2007, deux ans après le retrait unilatéral d'Israël de ce territoire.

M. Haniyeh, qui vit en exil volontaire entre le Qatar et la Turquie, plaide de longue date pour concilier résistance armée et combat politique au sein du mouvement, considéré comme "terroriste" par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.

Connu pour son calme et son discours posé, M. Haniyeh, le visage rond encadré par une barbe poivre et sel, entretient de bonnes relations avec les chefs des différents mouvements palestiniens, y compris rivaux.

Il a été emprisonné à plusieurs reprises par Israël et expulsé pour six mois vers le sud du Liban.

Sur des images diffusées par les médias du Hamas peu après le déclenchement de l'attaque sanglante contre Israël, on peut voir M. Haniyeh discuter sur un ton jubilatoire avec d'autres chefs du Hamas, dans son bureau à Doha, en train de regarder le reportage d'une télévision arabe montrant des commandos du Hamas s'emparer de jeeps de l'armée israélienne.

Alors que plus de sept mois de guerre ont laissé des pans entiers de Gaza en ruines, M. Haniyeh a insisté à plusieurs reprises sur le fait que le groupe ne libérerait les otages que si les combats cessaient définitivement.

Mohammed Deif, le «chef d'état-major»?

Chef des Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche militaire du Hamas, c'est lui qui a annoncé dans un enregistrement diffusé par le mouvement, le 7 octobre au matin, le début de l'opération "Déluge d'Al-Aqsa".

Sur l'enregistrement, illustré par une photo de Mohammed Deif dans la pénombre comme le fait toujours le Hamas pour qu'il ne soit pas identifié, on l'entend annoncer que "les positions et les fortifications de l'ennemi ont été visées par 5.000 roquettes et obus lors des 20 premières minutes" de l'attaque.

L'attaque a fait plus de 1.170 morts, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Le Hamas a pris en otage 252 personnes.

Celui que le Hamas présente comme "le chef d'état-major de la résistance" est une cible pour Israël depuis de nombreuses années. Il a échappé à au moins six tentatives d'élimination connues.

La plus récente a eu lieu en 2014 lorsqu'un raid aérien israélien le visant dans la bande de Gaza a entraîné la mort de son épouse et de l'un de leurs enfants.

Depuis près de 30 ans, l'homme, né en 1965 dans le camp de réfugiés de Khan Younès (sud de la bande de Gaza), est mêlé aux coups les plus durs portés contre Israël: enlèvements de soldats, attentats suicide, tirs de roquettes...

Désigné en 2002 à la tête de la branche armée du Hamas, après la mort de son prédécesseur Salah Chéhadé, tué dans un raid israélien, Mohammed Deif a une longue histoire militante et clandestine entamée dans les années 1980.

En 2000, au début de la Seconde Intifada dans les territoires palestiniens contre l'occupation israélienne, il s'est échappé -- ou a été libéré -- d'une prison de l'Autorité palestinienne de Yasser Arafat. Au grand dam des Israéliens qui l'avaient dans le collimateur.

Juste après son accession au commandement des Brigades al-Qassam, il est la cible d'une tentative d'élimination par Israël dont il sort grièvement blessé, une paraplégie étant évoquée mais non confirmée.

Il gagne chez ses ennemis le surnom de "chat aux neuf vies" et devient aux yeux des Palestiniens une figure légendaire, aussi résolu dans son combat contre Israël que mystérieux.

Il a été inscrit en 2015 sur la liste américaine des "terroristes internationaux".


Syrie: l'épouse du président Bachar al-Assad atteinte de leucémie

Asma Assad, épouse du président syrien Bashar al-Assad (Photo, AFP).
Asma Assad, épouse du président syrien Bashar al-Assad (Photo, AFP).
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  • Elle a précisé que l'épouse du président syrien, âgée de 48 ans, allait subir un traitement spécialisé
  • En août 2019, l'épouse du président syrien, mère de deux garçons et d'une fille, avait annoncé être totalement guérie d'un cancer du sein

BEYROUTH: L'épouse du chef de l'Etat syrien Bachar al-Assad, Asma, qui s'était rétablie d'un cancer du sein, est atteinte de leucémie, a annoncé mardi la présidence du pays ravagé par 13 ans de guerre.

"Après avoir présenté différents symptômes et signes cliniques, et à la suite d'une série d'examens médicaux, la première dame, Asma al-Assad, a été diagnostiquée d'une leucémie myéloïde aiguë", a indiqué la présidence dans un communiqué.

Elle a précisé que l'épouse du président syrien, âgée de 48 ans, allait subir un traitement spécialisé pendant lequel elle allait renoncer à ses engagements publics.

En août 2019, l'épouse du président syrien, mère de deux garçons et d'une fille, avait annoncé être totalement guérie d'un cancer du sein au terme d'un an de traitement.

Elle apparaît souvent, selon les images sur les réseaux sociaux, rendant visite à des blessés de guerre ou menant des activités caritatives, comme elle a accompagné le président syrien au cours de ses récentes visites à l'étranger.

Qualifiée de "Rose du désert" par le magazine américain Vogue avant le déclenchement de la guerre en Syrie en 2011, Asma al-Assad a ensuite été vivement critiquée pour son silence face à la répression sanglante des manifestations prodémocratie puis de la rébellion.

Plus d'un demi-million de personnes ont été tuées depuis le soulèvement pacifique de 2011 qui a dégénéré en guerre civile et a morcelé la Syrie.

Née en 1975 en Grande-Bretagne d'un père cardiologue et d'une mère diplomate, Asma al-Assad travaillait avant son mariage pour JP Morgan à Londres, où elle avait fait la connaissance de Bachar al-Assad.

En 2000, il avait succédé à son père, Hafez al-Assad, à la mort de ce dernier, et Asma avait tenté de moderniser l'image de la première dame syrienne, avant l'éclatement de la guerre.

Elle a fondé l'organisation caritative Syria Trust for Development, basée à Damas et qui est l'une des rares organisations de ce type autorisées à travailler dans les zones contrôlées par le gouvernement.

Au cours des dernières années, elle a également consolidé son influence sur les milieux d'affaires syriens, selon ses détracteurs.

"Le secteur humanitaire en Syrie est devenu de plus en plus rentable, en particulier pour des personnes sanctionnées comme Asma", écrivait en 2023 la revue économique en ligne Syria report.

Elle fait l'objet de sanctions américaines depuis 2020 dans le cadre de la "loi César", aux côtés d'autres personnes et entités parmi lesquelles le président syrien et de nombreux membres de sa famille.

Elle avait alors été présentée par le secrétaire d'Etat américain de l'époque, Mike Pompeo, comme "l'une des plus célèbres profiteuses de la guerre en Syrie".

César est le pseudonyme d'un ex-photographe de la police militaire syrienne qui a fait défection en 2013 en emportant 55.000 images illustrant la brutalité et les abus commis dans les prisons syriennes.