A Kiev, du yoga dans le noir pour tenir face à la guerre

L'électricité et le chauffage étant coupés par des frappes russes sur les infrastructures énergétiques, les yogis sont vêtus des pulls épais et chaussettes en laine par-dessus leurs débardeurs et leurs leggings habituels. (Photo, AFP)
L'électricité et le chauffage étant coupés par des frappes russes sur les infrastructures énergétiques, les yogis sont vêtus des pulls épais et chaussettes en laine par-dessus leurs débardeurs et leurs leggings habituels. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 21 décembre 2022

A Kiev, du yoga dans le noir pour tenir face à la guerre

L'électricité et le chauffage étant coupés par des frappes russes sur les infrastructures énergétiques, les yogis sont vêtus des pulls épais et chaussettes en laine par-dessus leurs débardeurs et leurs leggings habituels. (Photo, AFP)
  • La monitrice, Galyna Tkatchouk, leur montre des exercices de respiration rapide appelés Kapalabhati et destinés à les réchauffer le plus rapidement possible
  • Le studio où elle travaille –- nommé Ram, du nom de son propriétaire indien -– a ouvert ses portes en 2015 et prospéré jusqu'à l'invasion russe en février.

KIEV: Une après une, des femmes arrivent dans un studio de yoga, au rez-de-chaussée d'un immeuble résidentiel plongé dans le noir à Kiev. Elles se précipitent à une séance du soir adaptée aux privations imposées par l'invasion russe.

L'électricité et le chauffage étant coupés par des frappes russes sur les infrastructures énergétiques, les yogis sont vêtus des pulls épais et chaussettes en laine par-dessus leurs débardeurs et leurs leggings habituels.

La monitrice, Galyna Tkatchouk, leur montre des exercices de respiration rapide appelés Kapalabhati et destinés à les réchauffer le plus rapidement possible.

Avant la dernière pose --  Shavasana ou pose de cadavre -- elle emmaillote ses clientes dans de lourdes couvertures pour qu'elles ne frissonnent pas.

Vers la fin de la session, Mme Tkatchouk espère avoir réussi à fournir une pause brève mais nécessaire pour réduire le stress provoqué par la guerre, dont l'impact s'est aggravé du fait des coupures de courant en plein hiver, à Kiev et ailleurs dans le pays.

A la suite de la dernière série de frappes ayant notamment touché Kiev lundi, la capitale ukrainienne, qui comptait plus de 3 millions d'habitants avant la guerre, s'est de nouveau retrouvée face à de longues coupures d'électricité, de chauffage et d'eau

En faisant du yoga, certaines femmes ont même enlevé leur couches de vêtements supplémentaires, rendant un peu au studio son air d'avant-guerre.

"Tout le monde cherche un moyen de survivre et de rester sain d'esprit dans cette situation, et le yoga est une bonne option", souligne Mme Tkatchouk, debout dans la faible lumière de l'unique lampe du studio.

Explosion de la demande 

"Comment ça aide? Cela détourne l'attention de diverses pensées négatives, vous ne pensez à rien d'autre qu'à la paix intérieure, à la positivité", confirme Viktoria, une employée de banque de 44 ans. "Bien sûr qu'il fait froid, vous voyez que je suis en pull... mais il faut s'adapter aux conditions actuelles".

Pour Mme Tkachuk, 54 ans, le yoga offre un répit face à la succession de crises en Ukraine depuis près d'une décennie.

Elle a commencé sa pratique en 2013, en plein mouvement de protestation pro-européen sur la place centrale de Kiev, le Maïdan. Baptisé "Révolution de dignité" et réprimé dans le sang, il s'est soldé début 2014 par la fuite en Russie du président pro-Moscou Viktor Ianoukovitch suivie de sa destitution.

Ont suivi l'annexion de la Crimée par la Russie puis huit ans de guerre dans l'Est contre des séparatistes parrainés par Moscou.

"J'étais très inquiète de ces problèmes à l'époque", dit la monitrice se rappelant cette "période difficile".

Le studio où elle travaille –- nommé Ram, du nom de son propriétaire indien -– a ouvert ses portes en 2015 et prospéré jusqu'à l'invasion russe en février.

Le chaos des premières semaines de la guerre l'a forcé à clore temporairement, mais Ram a rouvert en avril quand d'autres studios restaient encore fermés découvrant avec surprise une forte hausse de la demande.

"Immédiatement, dès le premier entraînement après notre réouverture, beaucoup de monde est venu. Je ne m'y attendais pas, il y en avait vraiment beaucoup", raconte Mme Tkatchouk.

Parmi les premiers se trouvait Maria Mykhaïlenko, 17 ans, qui vante un régime de "yoga, thé et méditation" pour l'avoir aidée à traverser la guerre.

"L'absence du chauffage ici n'est pas un problème, vous pouvez vous habiller plus chaudement", estime l'adolescente. Elle aime particulièrement quand le studio est éclairé à la bougie, faute de courant.

Les fréquentes coupures d'Internet dans le quartier où se trouve le studio signifient que les clients ne peuvent souvent pas s'inscrire aux cours à l'avance, ce qui rend impossible de prédire combien d'eux viendront tel ou tel jour.

Mais Mme Tkachuk n'y voit qu'un souci mineur préférant se concentrer sur le bien-être de ceux qui viennent.

"D'une manière générale, c'est bon pour la santé mentale et physique... et pas seulement pendant la guerre", ajoute-t-elle. "Maintenant, ce besoin s'est simplement intensifié."


Israël devant la CIJ pour se défendre d'accusations de « génocide »

Dans un arrêt en janvier, la CIJ a ordonné à Israël de faire tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir tout acte de génocide et permettre l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza. (AFP)
Dans un arrêt en janvier, la CIJ a ordonné à Israël de faire tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir tout acte de génocide et permettre l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza. (AFP)
Short Url
  • Pretoria a demandé à la Cour internationale de justice (CIJ), qui siège à La Haye, d'enjoindre à Israël de cesser son incursion à Rafah
  • Israël a précédemment souligné son engagement "inébranlable" envers le droit international et qualifié l'affaire de l'Afrique du Sud de "totalement infondée" et "moralement répugnante"

LA HAYE: Israël va répondre vendredi devant la plus haute juridiction de l'ONU aux allégations de l'Afrique du Sud selon lesquelles il aurait intensifié une campagne "génocidaire" avec son opération militaire à Rafah.

Pretoria a demandé à la Cour internationale de justice (CIJ), qui siège à La Haye, d'enjoindre à Israël de cesser son incursion à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, essentielle selon Israël pour éliminer les militants du mouvement islamiste palestinien Hamas.

Israël a précédemment souligné son engagement "inébranlable" envers le droit international et qualifié l'affaire de l'Afrique du Sud de "totalement infondée" et "moralement répugnante".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a juré d'anéantir le Hamas, est déterminé à lancer une offensive terrestre d'envergure à Rafah, où sont retranchés selon lui les derniers bataillons du mouvement islamiste palestinien.

Israël a annoncé jeudi que son armée allait "intensifier" ses opérations au sol à Rafah, malgré les mises en garde internationales contre une offensive d'envergure dans cette ville surpeuplée du territoire palestinien.

Les avocats de Pretoria ont déclaré jeudi devant la CIJ que "le génocide" commis par Israël "a atteint un niveau horrible", évoquant notamment des fosses communes, des actes de torture et un blocage de l'aide humanitaire.

"L’Afrique du Sud avait espéré, lors de notre dernière comparution devant cette cour, mettre un terme à ce processus génocidaire afin de préserver la Palestine et son peuple", a déclaré Vusimuzi Madonsela, le représentant de Pretoria.

"Au lieu de cela, le génocide d'Israël s’est poursuivi à un rythme soutenu et vient d’atteindre un nouveau et horrible niveau", a-t-il ajouté.

Nouvelles mesures 

Dans un arrêt en janvier, la CIJ a ordonné à Israël de faire tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir tout acte de génocide et permettre l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza.

Mais la cour n'est pas allée jusqu'à ordonner un cessez-le-feu. Or pour Pretoria, l'évolution de la situation sur le terrain – notamment l'opération à Rafah – nécessite une nouvelle ordonnance de la CIJ.

L'opération israélienne à Rafah "est la dernière étape de la destruction de Gaza et de son peuple palestinien", a déclaré Vaughan Lowe, un avocat de l'Afrique du Sud.

"C'est Rafah qui a amené l'Afrique du Sud devant la cour. Mais ce sont tous les Palestiniens en tant que groupe national, ethnique et racial qui ont besoin de la protection contre le génocide que la cour peut ordonner", a-t-il ajouté.

Les ordonnances de la CIJ, qui tranche les différends entre Etats, sont juridiquement contraignantes mais elle n'a aucun moyen de les faire respecter.

Pretoria demande à la CIJ trois nouvelles mesures d'urgence en attendant qu'elle se prononce sur le fond de l'affaire, l'accusation selon laquelle Israël viole la Convention des Nations unies sur le génocide de 1948.

L'Afrique du Sud souhaite que la cour ordonne à Israël de cesser "immédiatement" toutes les opérations militaires à Gaza, y compris à Rafah, de permettre l'accès humanitaire et de rendre compte des mesures prises dans l'exécution de ces ordonnances.


Plus d'un tiers des zones humides de Méditerranée menacées par la montée des eaux

Plus d'un tiers des zones humides du bassin méditerranéen sont menacées par les risques de submersion marine causés par le réchauffement climatique, qui risque de détruire un habitat précieux pour les oiseaux côtiers, alerte vendredi une étude scientifique. (AFP).
Plus d'un tiers des zones humides du bassin méditerranéen sont menacées par les risques de submersion marine causés par le réchauffement climatique, qui risque de détruire un habitat précieux pour les oiseaux côtiers, alerte vendredi une étude scientifique. (AFP).
Short Url
  • Les zones humides côtières figurent parmi les zones les plus menacées par le réchauffement climatique: en raison de la montée des eaux,
  • Le parc naturel régional de Camargue, plus grande zone humide française, "pourrait par exemple subir la submersion d'une surface de terre équivalente à quatre fois la superficie de Paris"

PARIS: Plus d'un tiers des zones humides du bassin méditerranéen sont menacées par les risques de submersion marine causés par le réchauffement climatique, qui risque de détruire un habitat précieux pour les oiseaux côtiers, alerte vendredi une étude scientifique.

Les zones humides côtières figurent parmi les zones les plus menacées par le réchauffement climatique: en raison de la montée des eaux, plus de la moitié d'entre elles dans le monde pourraient disparaître sous les eaux d'ici 2100, ont déjà montré de précédentes études.

Cette nouvelle étude, parue dans la revue Conservation Biology, a modélisé les futurs risques de submersion en fonction des différents scénarios du Giec (le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU) sur 938 sites côtiers du pourtour méditerranéen.

Elle révèle que 34,4% de ces sites, soit 320 zones humides côtières, sont menacées de disparition d'ici à 2100 par la hausse du niveau de la mer, même dans les scénarios climatiques les plus optimistes (avec un réchauffement de +1,8 degré).

Dans les scénarios pessimistes (jusqu'à +4,4 degrés), ce chiffre pourrait monter à 495, soit plus de la moitié.

Le parc naturel régional de Camargue, plus grande zone humide française, "pourrait par exemple subir la submersion d'une surface de terre équivalente à quatre fois la superficie de Paris", indique un communiqué du Museum national d'histoire naturelle, qui a participé à l'étude avec l'Institut de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes de la Tour du Valat.

Parmi ces zones menacées, figurent entre 54,1% et 60,7% de sites d'importance internationale pour les oiseaux d'eau, comme les flamants roses, les avocettes élégantes ou le canard chipeau, notamment lors de la période d'hivernage ou de nidification. Ces oiseaux ne disposant pas d'habitat alternatif, ces menaces pourraient "affecter négativement" leur nombre et les écosystèmes qui y sont associés.

"Ces chiffres sont sans doute sous-estimés", notent les auteurs de l'étude, soulignant que de nombreuses zones côtières, notamment en Espagne, n'ont pas été incluses et que d'autres menaces (érosion côtière, salinisation, surtourisme...) n'ont pas été prises en compte.

Pour toutes ces raisons, ils recommandent "la mise en place urgente de mesures d'adaptation" dans ces sites, comme la construction de digues mais surtout, plus efficaces à long terme, la mise en place de solutions fondées sur la nature (fixation de dunes avec de la végétation) ou encore une extension des aires protégées pour lutter notamment contre une urbanisation non maitrisée.


Inde: l'opposition fustige Modi et ses propos anti-musulmans

Le Premier ministre indien et chef du parti au pouvoir Bharatiya Janata (BJP), Narendra Modi (Photo, AFP).
Le Premier ministre indien et chef du parti au pouvoir Bharatiya Janata (BJP), Narendra Modi (Photo, AFP).
Short Url
  • M. Modi a offert au parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP) deux victoires écrasantes en 2014 et 2019
  • Les analystes politiques l'ont donné vainqueur avant même les élections générales qui ont débuté le 19 avril

NEW DELHI: L'opposition indienne a accusé jeudi le Premier ministre Narendra Modi de tenir des propos stigmatisant les musulmans et alimentant, en plein processus électoral, les tensions sectaires dans la plus grande démocratie du monde, constitutionnellement laïque.

M. Modi déploie "son jeu habituel consistant à diviser les hindous et les musulmans", a déclaré jeudi P. Chidambaram, ancien ministre des Finances et membre influent du Congrès, principal parti d'opposition,

"Le monde observe et analyse les déclarations du Premier ministre indien, qui ne sont pas à la gloire de l'Inde", a-t-il ajouté.

M. Modi a offert au parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP) deux victoires écrasantes en 2014 et 2019 en jouant sur la fibre religieuse de l'électorat hindou.

Agé de 73 ans et encore très populaire dans l'ensemble du pays, le Premier ministre brigue un troisième mandat à la tête du pays.

Les analystes politiques l'ont donné vainqueur avant même les élections générales qui ont débuté le 19 avril et se déroulent en sept phases jusqu'au 1er juin.

M. Modi a présenté mardi sa candidature au siège de député de Varanasi (Bénarès), cité sacrée de l'hindouisme, dans l'Etat de l'Uttar Pradesh (nord), qu'il occupe depuis une décennie.

L'opposition et les défenseurs des droits accusent M. Modi de favoriser les hindous, majoritaires dans le pays, au détriment d'importantes minorités, dont 210 millions d'Indiens musulmans, inquiètes pour leur avenir.

M. Modi a récemment suscité l'indignation dans les rangs de l'opposition en accusant le Congrès de vouloir distribuer la "richesse nationale" aux "infiltrés", "à ceux qui ont le plus d'enfants", désignant ainsi la communauté musulmane.

L'opposition a saisi les autorités électorales qui n'ont pas sanctionné le Premier ministre. L'Inde est constitutionnellement laïque et son code électoral interdit toute campagne fondée sur des "sentiments communautaires".

Dans un entretien mardi sur la chaîne d'information continue News18, le chef du gouvernement s'est défendu d'alimenter et d'exploiter tout clivage entre hindous et musulmans.

Discrimination 

"Le jour où je commencerai à parler des hindous-musulmans sera celui où je perdrai ma capacité à mener une vie publique", a-t-il affirmé en hindi.

Le lendemain, en plein rassemblement électoral, Narendra Modi accusait le Congrès d'orchestrer un "jihad par le vote" pour que les musulmans se prononcent contre lui.

Au début de la semaine, Madhavi Latha, actrice et candidate du BJP à Hyderabad (sud), s'est autorisée, dans un bureau de vote, à vérifier que la carte électorale de musulmanes correspondait à leur identité, exigeant qu'elles ôtent leur voile.

La police de la ville a ouvert une enquête sur l'incident.

Au total, 968 millions d'Indiens sont appelés à élire les 543 membres de la chambre basse, soit plus que la population totale des Etats-Unis, de l'Union européenne et de la Russie réunis.