ABIDJAN : Le président ghanéen Nana Akufo-Addo a affirmé mercredi que son voisin le Burkina Faso avait «conclu un arrangement» avec le groupe paramilitaire russe Wagner, une déclaration que le gouvernement de Ouagadougou n'a pas souhaité commenter jeudi.
«Le Burkina Faso a désormais conclu un arrangement pour, comme le Mali, employer des forces de Wagner. Je crois qu'une mine dans le sud du Burkina leur a été allouée comme une forme de paiement pour leurs services», a-t-il déclaré lors d'une entrevue aux Etats-Unis avec le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken.
Selon le chef de l'Etat ghanéen, «les mercenaires russes sont à la frontière nord» du Ghana, ce qui est «particulièrement inquiétant».
«Nous n'avons aucune réaction. Je lui laisse la responsabilité de ce qu'il a dit», a répondu à l'AFP le porte-parole du gouvernement burkinabè Jean-Emmanuel Ouedraogo.
Dans plusieurs pays d'Afrique francophone, Moscou mène une campagne d'influence active notamment sur les réseaux sociaux et jouit d'un soutien populaire grandissant quand la France, ex-puissance coloniale, y est de plus en plus vilipendée.
Plusieurs pays accusent la junte au pouvoir au Mali d'avoir recours aux services de Wagner, réputé proche du régime de Moscou, ce que Bamako dément.
La question d'un éventuel rapprochement avec la Russie se pose également au Burkina depuis le coup d'Etat du 30 septembre, le deuxième en huit mois, qui a porté au pouvoir le capitaine Ibrahim Traoré, alors que le pays peine à faire face à des attaques jihadistes meurtrières récurrentes depuis 2015.
Lundi, le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Kyélem de Tembela, a rencontré à Moscou le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhail Bogdanov pour évoquer «les questions prioritaires du renforcement des relations» entre les deux pays, selon un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères.
Interrogé sur ce voyage, le porte-parole du gouvernement burkinabè n'a pas souhaité faire de commentaire.
M. Kyélem de Tembela avait affirmé fin octobre qu'il n'excluait pas de rééxaminer les «rapports» de son pays avec la Russie.
«Nous essaierons, autant que possible, de diversifier nos relations de partenariat jusqu’à trouver la bonne formule pour les intérêts du Burkina Faso. Mais il ne sera pas question de nous laisser dominer par un partenaire, quel qu’il soit», avait-il dit mi-novembre.
Jeudi soir, le chef de la diplomatie américaine a réitéré ses craintes concernant le groupe russe.
lors d'une conférence de presse en clôture du sommet Etats-Unis-Afrique de trois jours à Washington.
«Nos partenaires africains nous disent qu'ils ne veulent pas voir leurs ressources se faire exploiter, ils ne veulent pas que les droits humains soient bafoués, ils ne veulent pas que leur gouvernance soit sapée, donc au bout du compte, ils ne veulent vraiment pas de Wagner», a-t-il ajouté.