Après un nouveau naufrage dans la Manche, des migrants désabusés mais toujours décidés

Le naufrage de mercredi, qui a fait au moins quatre morts au large de Douvres, est sur toutes les lèvres dans le camp de Grande-Synthe coincé entre la raffinerie et le port de Dunkerque (Photo, AFP).
Le naufrage de mercredi, qui a fait au moins quatre morts au large de Douvres, est sur toutes les lèvres dans le camp de Grande-Synthe coincé entre la raffinerie et le port de Dunkerque (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 16 décembre 2022

Après un nouveau naufrage dans la Manche, des migrants désabusés mais toujours décidés

  • La tragédie est loin de décourager les velléités de départ, pas plus que le froid, qui accentue encore le risque des traversées
  • Plus de 50 000 personnes ont tenté la traversée depuis le 1er janvier, un nouveau record depuis le début du phénomène en 2018

GRANDE-SYNTHE: "Khalass", ça suffit: au lendemain d'un nouveau naufrage mortel dans la Manche, un jeune père de famille irakien, qui campe depuis des mois sur le littoral français, préfère abandonner son rêve anglais. "Trop de gens sont morts" en tentant la traversée, dit-il.

Le trentenaire, originaire de Mossoul, dit s'appeler Sboika. Parti d'Irak en 2019, il gravite depuis six mois sur les côtes françaises face à la Grande-Bretagne.

"Un ami de 14 ans est parti vers l'Angleterre. Et un jour, des gens m'ont appelé pour dire qu'il était mort. Je ne peux pas rester ici, sinon, je risque de mourir aussi", dit-il, en attendant une soupe chaude servie sur un camp de Grande-Synthe, près de Dunkerque.

"Trop de gens sont morts. Je n'en dors plus. Je ne veux pas qu'un jour mon téléphone ne réponde plus et qu'un ami appelle ma femme et mes deux enfants pour leur dire que j'ai disparu en mer. Je préfère rentrer en Irak, finalement c'est mieux que l'Europe," lance-t-il dans un sourire amer.

Le naufrage de mercredi, qui a fait au moins quatre morts au large de Douvres, est sur toutes les lèvres dans ce camp coincé entre la raffinerie et le port de Dunkerque. Des dizaines d'Afghans, Soudanais, Pakistanais et autres y bivouaquent dans la boue.

«Vraiment pas loin»

Mais la tragédie est loin de décourager les velléités de départ, pas plus que le froid, qui accentue encore le risque des traversées: avec une eau en-dessous de 10°C actuellement, les chances de survie sont plus minces que jamais en cas d'avarie.

Le chemin menant aux tentes est encore bordé de glace malgré le soleil de la mi-journée. Et le vent transperce les fins manteaux humides.

"Que veux-tu qu'on y fasse... On veut traverser, alors on attend ici", lance, fataliste, un trentenaire afghan, les yeux vissés sur son téléphone. Il jette des morceaux de palettes, des emballages plastiques et des restes de nourriture pour alimenter une flamme faiblarde.

Ali, un Soudanais de 22 ans, a l'entrain des nouveaux venus: il est arrivé en France il y a deux semaines, via Malte. "Il fait horriblement froid. On a des couvertures, mais hier il a plu alors c'est mouillé, et puis nos affaires sont régulièrement prises par la police", déplore-t-il.

Mais il sourit: il y est presque, pense-t-il, et compte passer "le plus vite possible".

"J'attends le bon moment pour prendre la mer", renchérit Salif Sineba, un Malien de 22 ans, qui rêve de devenir footballeur en Grande-Bretagne.

"En Libye aussi j'aurais pu mourir" en traversant la Méditerranée vers l'Italie, "mais là, l'Angleterre n'est vraiment pas loin".

Les secours français ont «apporté tout leur soutien» aux Britanniques

"Les autorités françaises ont apporté tout leur soutien et leur concours aux autorités britanniques sur l'ensemble de cette opération", coordonnée par Londres, écrit la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Prémar) dans un communiqué.

A 03H02, le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) "reçoit un appel de l'association Utopia 56 transmettant la position d'une embarcation précaire quelques minutes plus tôt, soit à 02H53", rapporte la Prémar.

Le canot "n'était pas détectable par radar, le Cross a alors modélisé une +piste simulée+ (...) pour suivre l'embarcation. Il a également contacté un deuxième pêcheur (...) en zone britannique, en lui demandant d’exercer une veille attentive", relate la Prémar.

"Depuis 03H13, le Maritime Rescue Coordination Centre (MRCC) de Douvres et le CROSS Gris-Nez étaient en contact permanent" et communiquaient en particulier sur cette embarcation, poursuit le communiqué. "Le MRCC a déclaré prévoir un moyen nautique de la RNLI (équivalent de la SNSM française) pour la récupérer".

"A 03H36, la modélisation réalisée a permis d'estimer que l'embarcation était passée en zone britannique" indique la Prémar.

Ensuite, "à 04H21, le CROSS a reçu un message 'Mayday' émis par le MRCC de Douvres pour une embarcation en train de couler avec des naufragés à la mer" et "une opération de sauvetage d'envergure a été lancée, coordonnée" par les Britanniques, mobilisant des moyens britanniques et français.

«Dans la boue»

Selon Claire Millot, responsable de l'association Salam qui nourrit les migrants, ceux-ci partent "dès que la mer est calme", à cause "des conditions de vie déplorables".

"Ils sont dans la boue, sans toilettes, sans points d'eau. Ils n'ont pas tous une tente à cause des démantèlements", poursuit-elle. "Si on veut les empêcher de partir, il faut les accueillir chez nous."

Plus de 50 000 personnes ont tenté la traversée depuis le 1er janvier, un nouveau record depuis le début du phénomène en 2018, en dépit d'un accord signé mi-novembre entre Londres et Paris pour lutter contre les migrations clandestines.

Selon l'association de soutien aux migrants Utopia, environ 800 personnes séjournent à Grande-Synthe et environ autant à Calais.

"Les départs ne diminuent pas l'hiver", souligne Charlotte Kwantes, coordinatrice de l'association. "Dès que les conditions sont réunies, les départs sont plus intenses et les services se retrouvent débordés."

La nuit du naufrage, l'association assure avoir prévenu les services de secours dès 3H00 du matin, mais n'avoir constaté aucune opération de sauvetage avant 4H00 sur les applications de suivi des navires.

Elle espère "une enquête" sur une possible défaillance des secours, déjà mis en cause dans le naufrage qui a fait 27 morts en novembre 2021. L'enquête est toujours en cours.


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.