TRIPOLI: Le chef du gouvernement libyen basé à Tripoli, Abdelhamid Dbeibah, est sorti de son silence jeudi pour confirmer et défendre la livraison aux autorités américaines par son gouvernement d'un suspect dans l'attentat survenu en 1988 au-dessus de Lockerbie en Ecosse, un drame qui a fait 270 morts.
Abou Agila Mohammad Massoud Kheir al-Marimi, un Libyen, accusé d'avoir préparé la bombe ayant servi dans cet attentat, a été transféré aux Etats-Unis et présenté lundi à une juge fédérale, près de 34 ans après ce drame.
S'exprimant pour la première fois sur cette affaire, M. Dbeibah qui a essuyé de vives critiques de la part ses opposants politiques et de défenseurs de droits de l'homme, a affirmé avoir "agi dans le respect de la souveraineté de la Libye", comme c'est le cas pour tout autre pays "coopérant pénalement lorsqu'il s'agit de crimes commis hors de son territoire".
Cet homme (Abou Agila Mohammad Massoud Kheir al-Marimi, ndlr) était "responsable de la cellule de fabrication des bombes" pour l'ancien régime. "Il est responsable de la mort de plus de 200 innocents", a ajouté le Premier ministre libyen dans un discours diffusé à la télévision et sur les réseaux sociaux.
M. Dbeibah a souligné qu'il était important de "faire la différence entre le dossier (de l'attentat de Lockerbie) du point de vue de la responsabilité de l'Etat libyen et celui de la procédure pénale individuelle dans cette affaire".
Pour ce qui est de la responsabilité de l'Etat libyen, "l'affaire est définitivement close" depuis 2003. "Je ne permettrai pas qu'elle soit de nouveau ouverte", a-t-il martelé.
En 2003, le régime de Mouammar Kadhafi avait reconnu officiellement sa responsabilité dans l'attentat et payé 2,7 milliards de dollars de dédommagements aux familles des victimes.
Deux Libyens avaient été extradés alors mais un seul a été condamné.
Depuis le transfert du suspect aux autorités américaines, M. Dbeibah et son gouvernement ont essuyé des critiques virulentes de la part de rivaux politiques mais également de défenseurs des droits de l'homme.
Mercredi, le procureur général libyen a décidé d'ouvrir une enquête sur les circonstances de l'extradition d'Abou Agila al-Marimi, à la demande de sa famille.
"Je ne tolère plus que la Libye et son peuple payent pour les conséquences de plus de 30 ans d'opérations terroristes et que les Libyens soient classés comme terroristes parce que des personnes accusées se trouvent en Libye", a lancé M. Dbeibah, en allusion aux actes terroristes dont était accusé le régime de Kadhafi.